dimanche 23 août 2009

Espérer face... au sectarisme, au fanatisme.



Dans l'article précédent, nous avions abordé une plaie évoquée par plusieurs, un lieu de désespérance: l'individualisme. Et déjà on pouvait percevoir, en prolongement de l'individualisme, le sectarisme. N'est-il pas la forme que prend l'individualisme quand il se vit à l'intérieur d'un groupe?
En effet, un risque existe lorsque se crée un groupe : celui de le vouloir comme lieu rassurant, et d'ériger entre le groupe et le reste des hommes, un mur, une barrière protectrice, sécurisante. La peur de la confrontation, du conflit, ne mène-t-elle pas à la pensée unique, à l'abandon de toute responsabilité aux mains du gourou?

Regardons notre vie monastique: le cercle de la communauté ne peut être fermé sur lui-même. Il ne peut être qu'un point d'ancrage pour une ouverture à l'universel. Un universel composé d'une infinité d'individus bien particuliers, mais qu'une commune humanité relie profondément. Si la communauté se replie sur elle-même, elle ne peut que s'enfermer dans une pratique, dans une religion, dans une vie sectaires, qui vite sentiront le renfermé, qui vite manieront l'exclusion et le rejet, le dogmatisme et l'arrogance de la connaissance.

Saint Benoît nous demande, dans l'organisation même de la communauté, de prévoir l'ouverture. Qu'un frère se tienne là, toujours prêt à accueillir qui frapperait à la porte. Les hôtes ne doivent jamais manquer. Il ne faudrait pas limiter cet accueil à la simple offre d'un lieu de retraite, de réflexion, de halte offert à qui passe. La communauté accueillante est nécessairement marquée par le passage de ses hôtes, elle est interpellée, invitée à une conversion.

Une remarque intéressante de Benoît à ce propos: si un moine étranger de passage en la communauté, avec l'humilité de la charité, attire l'attention sur un point et en fait une critique raisonnable, l'abbé se demandera avec lucidité si le Seigneur ne l'a pas envoyé précisément pour cela. J'aime ce propos. Invitation à se laisser remettre en cause par l'étranger, l'autre.

Ne devons-nous pas cultiver tout ce qui vient faire brèche en notre "auto-suffisance", en notre "individualisme", en nos tentations sectaires?  En ce sens tout ce qui est chemin de dialogue doit nous être bonne nouvelle !

Dans cette ligne nous pouvons accueillir avec grande joie le travail du dialogue inter-religieux monastique et les rencontres d'Assise à l'initiative de Jean-Paul II (la première a eu lieu le 27 octobre 1986).

Une autre forme d'ouverture peut être reconnue au travers même de la célébration des heures, ainsi que de la célébration eucharistique. Peut-on un instant célébrer le Dieu de l'Univers, Père de tous les hommes, dans le repli? La célébration nous écartèle le coeur aux dimensions du monde. Sa dimension communautaire est capitale. Merveille que ce dialogue entre le prêtre et le peuple assemblé :
- Prions ensemble, au moment d'offrir le sacrifice de toute l'Eglise
- Pour la gloire de Dieu et le salut du monde !
Tant que nous pourrons ainsi de tout coeur porter ce souhait, nous pouvons continuer à espérer que la communion universelle l'emportera sur l'individualisme outrancier. Nous pouvons oeuvrer à cette espérance et bouter dehors le sectarisme et ses tentations multiformes.

Autre dialogue qui me réjouit, celui des cultures. Je n'en retiendrai qu'un exemple, fabuleux! Tandis que suite à l'attentat du 11 septembre 2001, certains ont essayé de répandre la haine entre les peuples, entre les religions, entre les cultures... un message d'espérance se levait par le biais de la musique. Deux orchestres, l'un d'Orient, l'autre d'Occident jettent des ponts entre Mozart et le monde de la musique égyptienne. Ecoutez "Mozart l'Egyptien" tout spécialement dans le morceau: "Le pardon" ou "Al maghfera", il fait monter ensemble le « Qui tollis » d'une messe de Mozart, une incantation soufie, une prière copte et une grecque. Cet ensemble est merveilleuse source d'espérance.

Et toi, partages-tu ce regard? Où vois-tu des germes d'espérance face à ces dérives du sectarisme, du fanatisme?
Sr Thérèse-Marie

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