mardi 8 septembre 2009

Espérer face... à l'indifférence.



"Je vous souhaite de résister à l'indifférence...", tel était le message d'adieu d'une jeune de 17 ans qui a mis fin à ses jours cet été.
Oui, hélas, l'indifférence figure en bonne place au rang de nos modernes plaies d'Egypte. Indifférence qui trahit souvent une perte de goût, une perte de sens. Quand tout devient égal... que peu m'importe...  n'y a-t-il pas un grand danger?
Il fut un temps où la foi chrétienne était la cible de beaucoup. Certains la percevaient comme un danger à combattre... "religion, opium du peuple" disaient certains, "religion asservissante", "religion d'un peuple d'invertébrés"... "religion, vaste mensonge, tromperie monumentale"...
Et aujourd'hui, n'est-ce pas plutôt l'indifférence qui fait fi de tout... "La religion? à quoi bon? Je me porte très bien sans cela... "
Et l'indifférence l'emporte...
Et ce constat nous pouvons le faire pour bien d'autres réalités de notre société, à coté de la vague de solidarité qui peut mobiliser, combien de désenchantements peuplent les coeurs ! Le "A quoi bon" revient comme lame de fond, qui menace et sape toute énergie vitale de l'être.

Dieu? que m'importe... Le prochain? que m'importe... Faute de pouvoir affronter la souffrance, la fragilité, l'être se confectionne une carapace d'indifférence... "que voulez-vous, on ne peut porter toute la misère du monde", vous dira-t-on d'un air résigné, défaitiste... et quelque peu soulagé de pouvoir dormir tranquille...

Face à cette indifférence, qu'est-ce qui nourrit, ravive l'espérance?
Un regard nouveau, qui découvre en chacun un frère, une soeur...
Un coeur nouveau, qui compatit en vérité... qui partage la souffrance, qui partage la joie...
Un coeur qui s'émerveille et s'enchante devant la beauté de la nature, devant la beauté des êtres, devant la beauté de la vie donnée,...

Quand il ouvre sa règle, Benoît nous montre Dieu, cherchant dans la foule son ouvrier. Et étonnant cet appel du Seigneur: non point "venez travailler pour moi", ou "venez me servir", etc... non! Mais bien : "Qui désire la vie, et veut voir des jours heureux?"  Ne nous donne-t-il pas là, la clé contre l'indifférence? Cette invitation à rejoindre notre désir profond, à se mettre en route au départ de ce désir, n'est-ce pas là, puissant levier contre l'indifférence.
Devenir des êtres de désir.

Assez typique de cette démarche, le carême est offert comme temps pour revenir à la vraie vie, pour se convertir... et lorsque Benoît nous parle de cette démarche de carême, il nous trace une ligne nette: tout le labeur du carême doit s'unifier en un seul axe: attendre la sainte Pâque dans la joie du désir spirituel. Le jeûne, la veille, la privation quelle qu'elle soit, sont creusement du désir... désensablement du désir.

Offrir un chemin d'ascèse en vue de faire renaître le désir? n'est-ce pas là, paradoxal chemin d'espérance?

Notre vie « ascétique » peut-elle offrir à notre « monde sans limite »[1], indifférent, acédieux, un témoignage de bonheur ? Redonnez sens à l’existence ?
Sr Thérèse-Marie

[1] titre du livre de Jean-Pierre LEBRUN, psychosociologue qui caractérise ainsi notre société moderne.