dimanche 10 janvier 2010

Tu es mon Fils

Fête du Baptême du Seigneur (année C)


Les textes que nous offre cette liturgie sont denses ! Impossible de tout commenter.
Arrêtons-nous donc seulement sur quelques paroles, essayons d’y découvrir le visage de notre Dieu, s’il est bien vrai que toute page de l’Écriture nous dit d’abord et avant tout qui est notre Dieu, celui que les prophètes ont annoncé, celui que Jésus a manifesté, celui dont les apôtres témoignent.
Les prophètes, nous présentent Dieu sous divers visages, aucun ne suffisant à lui seul, pour tracer le portrait juste, parfait. Aujourd’hui Isaïe, nous le montre en un grand élan de tendresse : Consolez, consolez mon peuple, dit le Seigneur ! « Con-solez » : être avec celui qui est seul, enfermé dans la prison de son mal, de sa détresse. Oui, voilà la grande attente de notre Dieu, la consolation de ses enfants ! Pas de ses enfants innocents, opprimés uniquement, mais de tous ses enfants. Consolez en annonçant que le crime est pardonné. Cela dit bien, combien qui que nous soyons aujourd’hui, quel que soit notre palmarès à son égard, Dieu veut pour nous un chemin de bonheur. Et il espère qu’il se trouvera un prophète pour nous porter cette consolation ! Mieux, il espère qu’il se trouvera un prophète pour préparer sa venue. Car, Lui, le Très-Haut, le Tout-Puissant, espère venir à notre rencontre, espère venir lui-même rejoindre chacun, le consoler, et pour cela il espère que nous lui préparions un chemin !
Il veut venir, non comme un juge terrible, mais comme un berger de tendresse, qui rassemble les agneaux, les porte sur son cœur !
Les apôtres, aujourd’hui saint Paul dans sa lettre à Tite, nous annoncent la grâce de Dieu, manifestée pour notre salut. Paul est témoin du Christ, il est témoin de sa victoire sur la mort, sur le mal. Il sait que tout nous est déjà donné, et que dans l’espérance de l’accomplissement des promesses, nous pouvons travailler avec ardeur à faire le bien. Non pour obtenir, acheter le salut. Le salut est don gracieux de Dieu. Mais par notre ardeur à faire le bien, nous pouvons hâter le jour de la pleine manifestation de ce salut. Par notre ardeur à faire le bien, nous pouvons faire la joie de notre Dieu, lui dire notre reconnaissance. Lui dire en actes que nous cherchons tant bien que mal à devenir à son image, comme sa ressemblance.
Paul témoigne : Dieu notre sauveur, a manifesté sa bonté et sa tendresse pour les hommes. Il nous a sauvés, il l’a fait dans sa miséricorde !
Notre Dieu n’a d’autre mobile, n’a d’autre but, que celui d’aimer. Il a tout fait par amour, il est en lui-même amour, Trinité : Père, Fils et Esprit. Et il ne veut que se donner à nous, nous faire entrer en cette danse de l’amour. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit le Père l’a répandu sur nous avec abondance, par Jésus.
L’évangéliste Luc confirme cette révélation de notre Dieu.
Le peuple était en attente... Qu’attendait-il sinon la consolation annoncée ? Sinon le pardon, la communion rétablie avec Dieu, le bonheur de se laisser porter sur son cœur.
Le peuple était en attente... il attendait le messie qui allait réaliser une telle promesse. Le peuple voit Jean-Baptiste, et se dit : c’est peut-être lui... Mais Jean les détrompe... non, je ne le suis pas ! Moi je baptise dans l’eau, lui vous baptisera dans l’Esprit et le feu ! Le feu de l’amour !
Et révélation merveilleuse... dans cette foule du peuple, Luc nous découvre Dieu lui-même. Jésus est là, homme parmi les hommes, dans la foule du peuple qui dit son attente et son désir en recevant le baptême de Jean. Jésus est là, solidaire de cette foule en attente. Sa mission commence au cœur même de l’attente du peuple. Sa mission commence au cœur même de notre attente à nous tous aujourd’hui, comme au cœur de l’attente de Dieu ! Il vient, se fait proche du seul, il est la consolation attendue !
Et baptisé, dans la solidarité avec cette foule, Jésus prie. Luc est le seul à nous rapporter ce trait lors du baptême de Jésus. Cela vaut la peine de s’y arrêter. Le peuple attendait la consolation, le moment de grâce qui verrait le pardon de Dieu ruisseler, la communion restaurée. Et voici Jésus, baptisé, au milieu du peuple, prie ! Et c’est alors que le ciel s’ouvre. Jésus entré dans le temps humain prie, et en sa prière l’éternité de Dieu s’ouvre ! Le ciel s’ouvre. Ah, si tu déchirais les cieux, avait soupiré le prophète ! Mais la clé de ce déchirement n’était nulle part ailleurs, que dans la prière de Jésus, Dieu fait homme, solidaire du peuple. Jésus en sa prière voit se réaliser la communion du ciel et de la terre. Moment d’intimité, moment de grâce où se manifestent la bonté et la tendresse du Père pour les hommes.
A la prière de Jésus, le ciel s’ouvre, l’Esprit vient reposer sur lui, cet Esprit dont Paul nous dit qu’il vient prier en nos cœurs, qu’il vient dire en nous, le véritable nom de Dieu : Abba, papa ! Et du ciel une voix répond à la prière de Jésus : « C’est toi mon Fils, moi aujourd’hui je t’ai engendré ». La seule et unique réponse du Père. Le seul vrai visage de Dieu, nous est ainsi révélé... Au sein de la prière de Jésus, en cette parole du Père. Parole de reconnaissance, parole d’engendrement ! Dieu pour être avec nous, en la solitude de nos détresses, nous adopte, se fait Père de tendresse. « C’est toi mon Fils, moi aujourd’hui je t’ai engendré ».
Cette parole, c’est à chacun et chacune de nous de l’entendre à notre tour, de la recevoir dans le silence de notre cœur en attente, de notre cœur en prière, pourvu que nous nous glissions à notre tour dans la solidarité du Fils. 
Sr Thérèse-Marie

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