mardi 31 août 2010

Espérer face... au refus du temps




Un aspect de notre « monde sans limite » qu’il faut peut-être relever, c’est le problème du rapport au temps. « Je veux tout, tout de suite ! » Notre société semble avoir fait profession de ce slogan infantile. La difficulté de prendre un engagement, de le tenir appartient aussi à ce problème de relation au temps.
Comment notre vie remet-elle l’espérance au cœur même de cette situation ? N’est-ce pas en mettant notre vie en tension entre un déjà là et un pas encore ?
Silence, persévérance, patience, stabilité, voilà un vocabulaire bénédictin qui marche à rebours...
Il est bon d’espérer en silence le salut de Dieu[1]. Je vois dans l’humble persévérance de nos aînées, dans leur manière de poursuivre la route, dans un tranquille silence, une merveilleuse hymne à l’espérance.
Si vous connaissez le film « L’homme qui plantait des arbres »[2]... pour moi, il est parabole de nos vies. Ce pourrait être un beau partage que de nous dire quel arbre nous plantons par la persévérance de nos existences !
 
Mais nos vies courent aussi un terrible risque, dans sa manière d’habiter le temps de ses rythmes et horaire bien balancés de prière et travail : « l’habitude nous joue des tours »[3]. Dans nos vies, où 5 fois par jour nous célébrons l’office dans une stalle... le risque est grand de s’installer dans un train-train qui n’a plus rien de la marche du pèlerin !!! Et pourtant n’est-ce pas lui qui nous entraîne... étranger, pèlerin sur cette terre. Et la chanson de poursuivre : « La rouille aurait un charme fou si elle ne s’attaquait qu’aux grilles ». Et c’est une moniale qui ose reprendre ces mots !!! J’avoue prier que la rouille s’attaque non seulement à toutes nos grilles, mais aussi à nos habitudes, nos traditionalismes, nos ritualismes... tout ce qui affadit, dénature le sel de l’Evangile. Benoît veut nous conduire par l’Evangile ! Et Jésus n’a trouvé où reposer la tête si ce n’est sur la Croix. Pouvons-nous vivre « désinstallées » à sa suite ?
Sr Thérèse-Marie

[1] Lamentations 3,26 traduction TOB
[2] Film d'animation de Frédéric Back d'après L'homme qui plantait des arbres, de J. Giono. Narration de Philippe Noiret, 1987 (30 mn).
[3]cf. la chanson : LA ROUILLE; paroles: Jean-Pierre Kernoa; musique: Maxime LeForestier