jeudi 25 novembre 2010

Ne pas se tromper de salut...

Méditation pour le jeudi de la 34ème semaine du Temps Ordinaire (année paire)

Parfois, la liturgie nous offre des textes un peu ardus... et pourtant la littérature apocalyptique se veut porteuse d'espérance. Aujourd'hui, l'Eglise nous proposait de lire l'Evangile selon saint Luc au chapitre 21, versets  20 à 28.
Quelle espérance s'en dégage?  
Bonne nouvelle de Jésus-Christ selon saint Luc
saint Luc que nous avons entendu tout au long de cette année liturgique, et en semaine depuis près de 3 mois. Saint Luc dont on nous dit qu'il est l'évangéliste de la miséricorde, du salut pour tous, de la grâce....
Jérusalem sera encerclée, il y a aura une grande misère, une grande colère.... ils tomberont sous l'épée, ils seront emmenés en captivité, les hommes mourront de peur...  Bonne nouvelle de Jésus-Christ selon saint Luc!
 
Je médite le texte et me demande en quoi il est une bonne nouvelle,
Pas le temps et pas l'envie d'aller bouquiner dans la bibliothèque... Alors j'ai lu, j'ai dormi, j'ai prié et heureusement pour moi, il y avait une manne de linge à repasser... Alors voilà, je vous partage simplement ce qui est monté en moi au rythme du va et vient du fer à repasser. 
On m'a appris que pour sauter, il fallait prendre son élan et pour cela reculer un peu pour affronter l'obstacle.
Revenons donc au début du chapitre de Luc dont est tiré ce texte. C'était l'Évangile de lundi,
Nous y voyons Jésus qui lève les yeux et regarde les uns et les autres déposer leur offrande dans le trésor du temple... et son regard s'arrête sur les 2 piécettes de la pauvre veuve...
Mardi, c'était au tour des disciples à lever les yeux et  leur regard s'arrête sur la beauté des pierres du temple...
Et Jésus leur dit: « Attention, ne vous trompez pas de beauté! Ce que vous contemplez, ce que vous admirez, tout sera détruit, il n'en restera rien! » Et dans quelques siècles, quand on voudra savoir à quoi ressemblait ce temple, on fera des fouilles, à la petite cuiller comme sur la place de la basilique... on pourra alors peut-être deviner un peu de sa beauté. Mais les 2 piécettes de la veuve, tout comme la cruche d'huile et le vase de farine de la veuve de Sarepta, elles ne seront pas oubliées et on pourra dire de ces pauvres veuves ce que Jésus a affirmé de la pécheresse qui lui versait le parfum sur les pieds: « partout où on proclamera cet Evangile, dans le monde entier on redira à sa mémoire ce qu'elle vient de faire ». Et pour retrouver cette beauté il nous suffira à notre tour de tendre la main dans un geste de partage et un don radical de nous-même, dans notre pauvreté.
Ne vous trompez pas de beauté.
Et Jésus continue: « Mais maintenant, prenez garde, ne vous effrayez pas, n'allez pas aussi vous tromper de catastrophe! Vous allez voir des choses effrayantes mais ce ne sera pas tout de suite la fin! »Isaïe n'a-t-il pas dit: « si tu traverses les eaux, je serai avec toi, et les rivières elles ne te submergeront pas. Si tu passes par le feu, tu ne souffriras pas et la flamme ne te brûlera pas? »(Is 43,2)
Les catastrophes n'ont-elles pas jalonné l'histoire du peuple d'Israël? Et nous pouvons penser que les oreilles des auditeurs  de Jésus, en bons connaisseurs de la Bible, étaient plus sensibles que nous à ce vocabulaire
Le feu, le vent, le tonnerre, la foudre... Le buisson qui se met à flamber tout seul, sans se consumer.... La mer qui se sépare et tout à coup reprend sa place... Rappelons-nous le psaume: « quand Israël sortit d'Egypte et Jacob de chez un peuple étranger... La mer voit et s'enfuit, le Jourdain retourne en arrière, les montagnes sautent comme des béliers... »(ps 113)
Et sur le mont Sinaï: « il y eut des coups de tonnerre, des éclairs et une épaisse nuée sur la montagne, ainsi qu'un très puissant son de trompe... tout le peuple trembla. Moïse parlait et Dieu répondait dans le tonnerre. »
Ces catastrophes, ces signes dont nous parle Jésus dans l'Evangile ne sont-ils pas annonciateurs d'une parole que Dieu va prononcer?
« Quand Dieu regarde la terre, elle tremble, il touche les montagnes elles fument »(ps 104) Nous chantons cela si souvent dans les psaumes, alors pourquoi nous effrayer? Tout cela n'est-il pas le signe que Dieu se fait proche? Qu'un événement va se produire?
Quand une femme enceinte commence à ressentir les contractions, quand elle sent quelque chose se déchirer en elle et son corps s'ouvrir... ne se dit-elle pas: le moment est venu? Quand le bébé dans le ventre de sa mère voit son univers s'ébranler, les eaux dans lesquelles il baignait tout à coup s'enfuir et lui-même être propulsé dans un espace inconnu et que pour comble on lui coupe le cordon qui lui assurait sa subsistance... c'est un véritable cataclysme et pourtant, ne dit-on pas que c'est un heureux événement?
N'est-ce pas une expérience de ce type que nous serons appelé à vivre au jour de notre mort? Expérience de rupture, d'éclatement, de déracinement pour nous ouvrir à un monde nouveau, à une vie nouvelle... N'est-ce pas déjà aussi une expérience de ce type que nous vivons dans les épreuves qui nous touchent personnellement ou qui touchent notre monde?
Ne vous trompez pas de catastrophe. La vraie catastrophe pour le nouveau-né n'est pas dans l'ébranlement qu'il subit tout à coup, la vraie catastrophe serait qu'il refuse ce monde nouveau dans lequel il est projeté, qu'il n'ouvre pas ses poumons pour les remplir d'air, qu'il ne reconnaisse pas les bras de sa mère et ne puisse pas se nourrir de son lait.
Et nous? Saurons-nous entrer dans le monde nouveau qui nous est promis et qui pointe déjà? Saurons-nous ouvrir nos oreilles et nos coeurs à la parole que Dieu est sur le point de proférer? Le Fils de l'homme quand il viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre?
Ne vous trompez pas de beauté, nous dit Jésus; ne vous trompez pas de catastrophe; ne vous trompez pas de salut. Ne rentrez pas dans vos maisons, ne retournez pas à la ville, les murs ne vous protégeront pas, vos richesses ne vous serviront de rien. Ne vous appuyez pas non plus sur la faculté que vous avez reçue de transmettre la vie; vous n'avez pas de pouvoir sur elle,
Votre salut, Isaïe vous l'a dit, il est dans la confiance et la sérénité(Is 30,15). Dans la confiance paisible que ce que Dieu a promis il est capable de le réaliser. Dans la confiance du psalmiste qui au plus fort de sa détresse crie sa foi: « les eaux montent jusqu'à ma gorge... j'enfonce dans la vase du gouffre,... le flot m'engloutit....  mais je te prie Seigneur, c'est l'heure de ta grâce... » ps 68
« Alors on verra le Fils de l'homme venir dans la nuée... redressez-vous, relevez la tête, car votre rédemption est proche»
Oui c'est l'heure de la grâce, l'heure où Dieu va déchirer les cieux et descendre,  C'est l'heure des cieux nouveaux et de la terre nouvelle, c'est l'heure de la Jérusalem nouvelle... où il n'y aura plus de temple et où nous adorerons en esprit et en vérité, où nous adorerons à ciel ouvert, où nous adorerons à coeur ouvert.
Sr Elisabeth 

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