vendredi 31 décembre 2010

Que Dieu te bénisse


Le Seigneur parla à Moïse et dit: parle à Aaron et à ses fils et dis-leur:
« Voici comment vous bénirez les fils d'Israël: vous leur direz:
Que le Seigneur te bénisse et te garde!
Que le Seigneur fasse pour toi rayonner son visage et te fasse grâce!
Que le Seigneur te découvre sa face et t'apporte la paix! »
Qu'ils mettent ainsi mon NOM sur les Israélites et je les bénirai. Nombres 6,22,27
 
La première lecture que nous offre la liturgie de la fête de Marie, Mère de Dieu, semble plus proche des voeux que nous échangeons en ce 1er janvier que du thème de la fête mais elle est cependant tout à fait à sa place en ce jour octave de la Nativité du Seigneur.
Il est vrai que cette bénédiction de Dieu, l'appel de sa protection, de sa grâce et de la paix sont les dons les meilleurs que nous puissions souhaiter à quelqu'un.
Dans ce passage du livre des Nombres, Dieu met lui-même sur les lèvres des prêtres, des fils d'Aaron, les souhaits qu'il formule pour son peuple. Dieu lui-même nous apprend à l'invoquer comme plus tard, Jésus apprendra à ses disciples à le prier « Père ».
Bénir, c'est donc pour les prêtres une mission: « vous bénirez... ». Bénir, c'est appeler la bénédiction de Dieu: Que Dieu te bénisse!. Bénir, c'est mettre le nom de Dieu sur le peuple: vous mettrez mon nom... et JE bénirai.
Ce n'est pas par hasard que le Nom du Seigneur est invoqué trois fois. Cela assure à Israël, la présence de Dieu. Aujourd’hui encore, lorsque le prêtre bénit l'assemblée à la fin de l'Eucharistie, il invoque sur le peuple le Père, le Fils et l'Esprit-Saint.
Toute l'histoire du peuple d'Israël est finalement l'histoire de la bénédiction de Dieu promise à Abraham -« je ferai de toi un grand peuple, je te bénirai, je magnifierai ton nom; sois une bénédiction » Gn 12,2- et qui sera donnée au monde en Jésus le « fruit béni du sein de Marie » (Luc 1,42). Marie qui nous rappelle dans son Magnificat que la miséricorde de Dieu est bien l'objet de la promesse à Abraham et à sa race (Luc 1,55) de même que d'ailleurs Zacharie dans le Benedictus (Luc 1,73). Nous ne sommes ainsi pas très loin du mystère de la maternité de Marie puisque c'est par elle que la bénédiction par excellence, le Fils bien-aimé du Père, nous est parvenue.
Notons ici que « bénir » est le dernier geste visible de Jésus sur la terre (Luc 24,50) et que l'Apocalypse, dernier livre de la Bible, se termine par une bénédiction: « Que la grâce du Seigneur Jésus soit avec vous tous (Ap 22,21)
 
Que le Seigneur te bénisse et garde
Méditons quelques textes qui font écho à ce souhait et qui nous aideront à en pénétrer la signification.
  • -Le Seigneur te garde de tout mal, il garde ton âme. Le Seigneur te garde au départ et au retour, dès lors et à jamais (Psaume 120,7-8)
  • -Garde mon âme, délivre-moi; point de honte pour moi, tu es mon abri (psaume 25,20)
  • -Le Seigneur le garde, il lui rend vie et bonheur sur terre (psaume 41,3)
  • -Le Seigneur notre Dieu est celui qui nous a fait monter, nous et nos pères, du pays d'Egypte, de la maison de servitude, qui devant nos yeux, a opéré ces grands signes et nous a gardé tout le long du chemin que nous avons parcouru et parmi toutes les populations à travers lesquelles nous avons passé. (Josué 24,17)
  • -Il garde les pas de ses fidèles ( Samuel 2,9)
Ces textes, choisis parmi bien d'autres, n'évoquent-ils pas la sollicitude d'un père, d'une mère pour ses enfants?
 
Que le Seigneur fasse pour toi rayonner son visage et te fasse grâce
Voilà bien le cri de tant de psaumes. Relevons-en quelques-uns.
  • -Fais lever sur nous la lumière de ta face 4,7
  • -Fais luire ta face sur ton serviteur et sauve-moi 30,17
  • -Fais luire ta face et nous serons sauvés 79,4
  • -Pour ton serviteur, illumine ta face, apprends-moi tes volontés 118,135
Que le Seigneur te découvre son visage et t'apporte la paix
Les théophanies de l'Ancien Testament, les manifestations de la présence de Dieu (lire Exode 24,16; 33,18-23; 1 Rois 19,11-13) peuvent disparaître car désormais en Jésus, Dieu a pris visage d'homme et il est permis de le voir.
Et la contemplation de Dieu en Jésus est sans nul doute source d'une paix profonde... Paix dont le Christ ressuscité ponctue chacune de ses apparitions. Paix sur laquelle débouche chacune de nos Eucharisties et que nous avons à nous donner les uns aux autres.
Car la bénédiction de Dieu est aussi mission...
« Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, faisant luire nous nous sa face! (et) sur la terre on connaîtra tes voies, parmi toutes les nations, ton salut » (psaume 66,2-3).
La bénédiction de Dieu fait de nous des missionnaires de la bonne nouvelle du salut!
Oui, nous avons mission de nous garder les uns les autres dans le nom du Christ, « ce beau nom » de chrétien que nous avons reçu, avec la lumière, lors de notre baptême, mission de manifester la grâce de Dieu dans la miséricorde mutuelle, mission de porter au monde la paix.
 
Que Dieu vous bénisse, le Père, le Fils et l'Esprit-Saint
Allez dans la paix du Christ! Allez pour la Paix, allez faire la Paix.
 
Sr Elisabeth

samedi 25 décembre 2010

Un Sauveur vous est né...


Evangile de la nuit de Noël Luc 2,1-21
 
Saint Luc commence son récit de la nativité en nous dessinant brièvement le paysage historique: l'empereur décide d'organiser un recensement qui oblige Joseph à aller se faire inscrire dans la ville de Bethléem. Mais au-delà de l'histoire, l'évangéliste a soin de relever des détails qui aideront le lecteur à entrer plus avant dans la compréhension de l'enjeu de l'événement.
Jusqu'ici, il n'était question que du peuple d'Israël, de la Judée, de Nazareth et voici que tout à coup, toute la terre habitée est concernée. César Auguste, pour assurer son pouvoir, décide de faire le compte des hommes susceptibles d'être enrôlés dans l'armée et de payer l'impôt. C'est si important que le mot « recenser-recensement » apparaît quatre fois en cinq versets
Pour renforcer cette idée, saint Luc, pour la première fois, nomme Joseph avant Marie. C'est lui qui monte à la ville de David, car c'est lui qui est de sa lignée. Marie ne fait que l'accompagner. Et c'est là justement, à Bethléem, qu'elle va enfanter son fils premier-né. Ne serait-ce pas un signe qui vient confirmer la parole de l'ange « Le Seigneur lui donnera le trône de David, son père. Il règnera sur la maison de Jacob »? (1,32-33).
Face à César Auguste apparaît donc le roi d'Israël. Vont-ils se faire concurrence?
Marie dépose l'enfant dans une mangeoire...
Et l'ange du Seigneur apparaît aux bergers, ces gens simples, qui n'ont nul souci de l'empereur, de son armée ou de ses impôts. Ce sont eux, les premiers qui reçoivent la bonne nouvelle qui résume tout l'évangile: « Aujourd'hui, vous est né un Sauveur (c'est ce que signifie le nom de 'Jésus'), dans la ville de David. Il est le Christ (l'oint du Seigneur, comme roi d'Israël) Seigneur (titre donné au Ressuscité) »
Eux aussi, comme Marie, reçoivent un signe: ce Sauveur, ce roi, ils le trouveront dans un mangeoire, entouré de Marie et de Joseph. Ils ne peuvent pas se tromper, ce n'est pas un tableau habituel. Ainsi, la mangeoire qui exprimait une forme d'exclusion -il n'y avait pas de place pour eux- devient le signe donné aux bergers de la royauté de Jésus. Oui, Jésus est roi mais d'une tout autre manière que César Auguste. Le signe de son pouvoir n'est pas une armée ou la faculté de percevoir des impôts sur ses sujets, mais une mangeoire. Et si armée il y a, c'est une armée céleste qui ne vient pas pour combattre mais pour annoncer la paix.
Ce récit de la nativité contient déjà l'essentiel de ce que l'évangile va nous révéler de Jésus. Il est né de Marie, il est venu dans la chair. Il est le roi promis. Sauveur non seulement du peuple d'Israël mais de toute l'humanité... toute la terre habitée. Le titre de Seigneur nous renvoie déjà à la Résurrection. La vraie royauté du Christ, sera puissance de paix et d'amour. Et le premier effet de Noël: les bergers se parlent et "se disent entre eux : 'Allons jusqu'à Bethléem et voyons ce qui est arrivé et que le Seigneur nous a fait connaître'." A Noël, les hommes sont mis en relation les uns avec les autres. « Gloire à Dieu et Paix aux hommes. »...
d'après les notes prises au cours d'une conférence du Père Philippe Bacq
Sr Elisabeth 

mercredi 22 décembre 2010

Magnificat

Mon âme exalte le Seigneur et mon esprit tressaille de joie en Dieu mon Sauveur parce qu'il s'est penché sur l'humilité de sa servante.
Oui, désormais, toutes les générations me diront bienheureuse car le Tout-Puissant a fait pour moi de grandes choses, Saint est son nom.
Sa miséricorde s'étend d'âge en âge sur ceux qui le craignent.
Il déployé la force de son bras, il a dispersé les hommes au coeur superbe, il a renversé les potentats de leurs trônes et élevé les humbles. Il a comblé de biens les affamés et renvoyé les riches les mains vides. Il est venu en aide à Israël, son serviteur, se souvenant de sa miséricorde -selon qu'il l'avait annoncé à nos pères- en faveur d'Abraham et de sa postérité à jamais! (Luc 1,46-56)
 
Elisabeth vient de proclamer Marie « bienheureuse » parce qu'elle a cru...
Marie prend la balle au vol et la relance aussitôt vers son Dieu: « non pas à nous, Seigneur, mais à ton nom rapporte la gloire.. » ps 113b, 1
Elle proclame la grandeur de Dieu, source de sa joie et de son salut.
Ses titres de gloire à elle: son humilité et sa disponibilité à la parole et sa réalisation.
Oui, elle est bienheureuse non par ce qu'elle a fait ou ce qu'elle est mais par ce que le Seigneur a réalisé en elle. Mais que personne ne se sente délaissé car cette miséricorde n'est pas pour elle seule... Depuis toujours, Dieu l'accorde à ceux qui le craignent. Marie est de ceux là, tout simplement: à l'écoute de sa parole, consciente de sa pauvreté (elle ne connaît pas d'homme, comment pourrait-elle donner naissance à l'enfant annoncé par l'ange?), prompte à s'offrir dans le service de son obéissance.
Oui, elle est de ceux que depuis toujours le Seigneur élève, comble, remet debout.
Bien plus, la miséricorde de Dieu désire rejoindre tous ceux qui sont enfermés dans l'orgueil, dans la puissance, dans les richesses. Depuis toujours, Dieu cherche l'homme au creux de son péché: « Adam où es-tu? » Gn 3,9 . C'est dans sa bonté que Dieu donne à tous et à chacun de faire un jour ou l'autre l'expérience de leur besoin radical de salut. Expérience parfois douloureuse d'un dépouillement, seul capable de creuser en nous la capacité de recevoir l'immense don de Dieu... les grandes choses qu'il nous réserve.
Saint Paul lui-même dira: « c'est lorsque je suis faible que je suis fort » 2 Co 12,10.
Chant de louange et d'action de grâces pour le Seigneur... chant d'espérance pour notre monde car « des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des fils à Abraham »Mt 3,9 
Sr Elisabeth

samedi 18 décembre 2010

Ne crains pas, Joseph


Evangile du 4ème dimanche d'Avent A: Matthieu 1,18-24
L'évangéliste Matthieu commence son récit par deux « Genèse de Jésus-Christ », la première précisant qu'il s'agit du « fils d'Abraham, fils de David ». Cela pourrait nous intriguer mais regardons-y de plus près.
Le verset 16 qui termine la « première » genèse marque une rupture:
Jacob engendra Joseph, l'époux de Marie de laquelle fut engendré Jésus, que l'on appelle Christ. D’Abraham à Joseph, d'engendrement en engendrement, l'arbre généalogique se dessine sous nos yeux. Brusquement le refrain s'arrête laissant surgir une interrogation: « que se passe-t-il? » Jésus, le premier maillon annoncé au verset 1 attire l'attention sur la particularité de sa naissance: il fut engendré. La formulation est au passif et l'auteur de l'engendrement n'est pas cité. Matthieu, dans la « deuxième » genèse y revient et tente de l'expliciter. Le même titre donné aux deux récits nous montre d'emblée que si Jésus s'enracine dans le peuple d'Israël et dans la descendance royale, s'il a tous les titres requis pour être reconnu comme le Christ, l'oint du Seigneur, il s'en détache en même temps. Il est le Messie attendu et cependant il ne colle pas à l'image que l'on se faisait de lui.
Nous passons d'un langage juridique au langage de la foi, de ce qui peut se vérifier historiquement à ce qui se révèle dans l'intime du coeur.
Matthieu contrairement à Luc, ne retient qu'une seule annonciation: l'annonce à Joseph. Sans doute que la communauté à laquelle il s'adresse connaissait cette tradition et avait admis la conception virginale de Marie et reconnu en elle la promesse de Dieu annoncée par Isaïe? Inutile alors de la reprendre. Mais peut-être aussi que subsistait la question de la filiation davidique de Jésus?
Toujours est-il que Matthieu décrit brièvement la situation: Marie, la mère de Jésus, avait été accordée en mariage à Joseph; or, avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l'action de l'Esprit Saint. La suite de l'histoire est entre les mains de Joseph.
Chez les Juifs, les fiançailles étaient un engagement fort, dont on ne se libérait que par un acte de répudiation. Pouvons-nous imaginer le déchirement que cette situation inflige au coeur de Joseph?
D'une part, sa justice, épinglée par l'évangéliste, le retient de se faire passer indûment pour le père de l'enfant et de l'introduire dans la lignée de David alors qu'il n'a sur lui aucun droit. D'autre part, son amour pour Marie, sa confiance, ne peuvent imaginer qu'elle ait pu le tromper. Il ne comprend pas et décide de se séparer de Marie, mais dans le secret... pour ne pas l'humilier?
La délicatesse de son amour va l'ouvrir à une expérience forte qui sera déterminante pour la réalisation du projet de Dieu. Expérience d'une rencontre avec Dieu, tellement inconcevable dans l'Ancien Testament, que l'on parle d'un ange du Seigneur, d'un messager céleste.... Cette rencontre avec Dieu dans l'intime de son coeur, va transformer le jugement même de Joseph et susciter en lui une conviction profonde: il est au coeur d'un mystère et invité à y consentir, à y adhérer. Et le nom de l'enfant lui est confié. Et ce don de Dieu lui confère la paternité.
C'est par Joseph, par son renoncement et son consentement que la promesse de Dieu à David se réalise: « c'est un homme issu de toi que je placerai sur ton trône » (ps 131,11).
Certains exégètes ont vu dans la parole de l'ange à Joseph une opposition en relevant la particule « dè » du texte grec et traduisent ainsi: ce qui a été engendré en elle vient de l'Esprit Saint MAIS (dè) elle enfantera un fils et c'est toi qui lui donneras le nom de Jésus.
Saint Paul nous dit de Dieu qu'il est le “Père de qui toute paternité, au ciel et sur la terre, tire son nom.” (Eph 3,15). Et si “Dieu peut, des pierres que voici, faire surgir des enfants à Abraham”, (Mat 3,9) comment ne le ferait-il d'un homme ouvert à son oeuvre?
Le fait de la conception virginale de Marie, n'est donc pas un obstacle à la descendance davidique de Jésus et n’ôte pas à Joseph son droit de paternité légale que l'ange l'invite à exercer en dépassant sa réserve, sa franchise et sa délicatesse pour les mettre au service du dessein de Dieu.
Ce texte nous invite d'abord à la contemplation de l'oeuvre de Dieu en notre monde qu'il veut sauver de la dérive du péché. Contemplation de sa présence dans l'histoire des hommes et de sa promesse dont rien n'arrête la réalisation, même pas le péché.
Nous pouvons aussi, dans ce texte, trouver un enseignement sur la transmission de la foi parfois si difficile.
Remarquons d'abord que les révélations, les annonciations qui préparent la naissance de Jésus se font sans témoin: Zacharie, Marie, Joseph sont seuls face à l'ange qui leur annonce un événement inédit, inouï, le plus bouleversant qui soit. Comment l'évangile peut-il dès lors nous relater ces événements? Sans doute à partir de confidences? Marie, Joseph tout comme Elisabeth et Zacharie ont du un jour ou l'autre lever le voile sur leur expérience, sur leur perception de la présence de Dieu au creux de leur vie, au fond de leur coeur. C'est ce que l'ange Raphaël recommandait à Tobie: Alors Raphaël les prit tous les deux à l'écart, et il leur dit : "Bénissez Dieu, célébrez-le devant tous les vivants, pour le bien qu'il vous a fait. Bénissez et chantez son Nom. Faites connaître à tous les hommes les actions de Dieu comme elles le méritent, et ne vous lassez pas de le remercier. Il convient de garder le secret du roi tandis qu'il convient de révéler et de publier les oeuvres de Dieu.” (12,6) La transmission de la foi, aujourd'hui encore ne passerait-elle pas par l'humble ouverture de notre coeur visité par le Seigneur. Les psaumes sont-ils autre chose que l'expression de foi de quelqu'un qui a fait l'expérience de l'action de Dieu en lui et autour de lui et ne nous invitent-ils pas à rendre grâces, à chanter les louanges du Seigneur?
Oui rendons grâces pour la foi qui nous a été transmise par tant d'hommes et de femmes, pétris de la Parole, ouverts à l'Esprit et qui ont su trouver des mots pour laisser transparaître les convictions forgées dans la prière et la contemplation. 
Sr Elisabeth

samedi 4 décembre 2010

Dans le désert...

2ème dimanche de l’Avent, année A : Matthieu 3,1-12
Suite à un partage de lectio, sr Elisabeth a rassemblé nos échanges.
Lecture
Jean-Baptiste paraît dans le désert. Depuis sa naissance, on n'a plus entendu parler de lui ni de sa relation avec Jésus. Matthieu le présente comme celui qui accomplit la prophétie d'Isaïe; son vêtement rappelle celui d'Elie. Son message d'ouverture le rapproche des prophètes de l'Ancien Testament.
Il prêche dans le désert; cette précision n'est pas innocente. Pour les gens de la Bible ce terme est porteur de sens. Le désert, c'est le long cheminement du peuple hébreu à sa sortie d'Egypte avant d'entrer dans la terre promise (livre de l'Exode), c'est aussi le lieu où Dieu parle au coeur de son épouse infidèle qui symbolise le peuple (Osée). Si le désert évoque l'aridité, la parole de Jean-Baptiste ne l'est pas moins. Très vite elle présente une certaine violence qui semble en contradiction avec le désir de la venue du Royaume.
Les Pharisiens et le Sadducéens sont d'emblée présentés sous des traits peu sympathiques laissant pressentir non seulement que le Royaume annoncé ne fait pas l'unanimité mais bien plus que le baptême n'est pas un rite automatique, un passe-partout qui assure du salut. Le baptême de Jean est ouverture sur un chemin de repentir. Son authenticité sera évaluée au bon fruit produit.
Jean ne cite pas Jésus, il parle de celui qui vient derrière lui et il le présente comme un cultivateur intransigeant qui va nettoyer son aire et faire le tri dans sa production.
Méditation.
Plusieurs idées surgissent de notre échange. L'idée de l'imprévu de Dieu, rien ne va de soi. Jean-Baptiste apparaît tout à coup, on ne sait pas d'où il vient; on ne s'attendrait pas à voir quelqu'un se mettre à prêcher dans un désert et pourtant les foules viennent à lui et se font baptiser; le Royaume attendu et désiré est présenté avec violence.
Les versets 2 et 3 rendent les auditeurs de Jean-Baptiste participants de ce qui va arriver. La venue du Seigneur demande une préparation.
Deux types d'hommes sont présentés: ceux qui se font baptiser, motivés par le poids du péché ou par la peur de la colère et les prophètes, Isaïe, Elie, Jean-Baptiste, vus comme des veilleurs, des éveilleurs pour leurs frères. Il s'agit d'un même contexte d'infidélité, de pratiques religieuses qui manquent d'authenticité.
Le rite ne suffit pas pour échapper à la colère, il faut la disposition du coeur qui lui correspond; avoir Abraham pour père ne suffit pas. « On reconnaît l'arbre à ses fruits! »
On a l'impression d'une foule, entraînée par l'émulation, contrairement à Nicodème qui vient seul, de nuit, trouver Jésus.
Deux types de baptême sont aussi présentés: le baptême de Jean, baptême de repentir en vue de la production d'un bon fruit, c'est un baptême d'eau; eau qui lave, qui arrose, qui irrigue pour assurer la germination et le développement du fruit. Le baptême de Jésus, baptême d'Esprit Saint, qui fait entrer dans la relation du Père et du Fils; baptême de feu qui brûle tout ce qui ne peut trouver place dans le Royaume. Le feu n'est pas tant un châtiment que la chance d'une purification profonde que nous ne pouvons réaliser nous-mêmes. Le baptême de Jean concerne l'oeuvre humaine de repentir et de conversion, celui de Jésus nous ouvre à l'oeuvre de l'Esprit au plus profond de nos coeurs.
Prière
Donne-nous Seigneur, de reconnaître les Jean-Baptiste de notre temps, de les accueillir dans leur imprévisible, de nous mettre à leur écoute pour préparer ton chemin en nos coeurs.
Donne-nous d'oser la solitude et le silence du désert qui nous mettent à nu devant toi et devant nous.
Nous te rendons grâce pour notre baptême, donne-nous de voir dans les épreuves de la vie, des signes de ton oeuvre de purification qui nous préparent et nous façonnent pour le Royaume où tu nous as préparé une place pour vivre en ta présence pour l'éternité.