2ème dimanche de l’Avent, année A : Matthieu 3,1-12
Suite à un partage de lectio, sr Elisabeth a rassemblé nos
échanges.
Lecture
Jean-Baptiste paraît dans le désert. Depuis sa naissance, on
n'a plus entendu parler de lui ni de sa relation avec Jésus. Matthieu le
présente comme celui qui accomplit la prophétie d'Isaïe; son vêtement rappelle
celui d'Elie. Son message d'ouverture le rapproche des prophètes de l'Ancien
Testament.
Il prêche dans le désert; cette précision n'est pas
innocente. Pour les gens de la Bible ce terme est porteur de sens. Le désert,
c'est le long cheminement du peuple hébreu à sa sortie d'Egypte avant d'entrer
dans la terre promise (livre de l'Exode), c'est aussi le lieu où Dieu parle au
coeur de son épouse infidèle qui symbolise le peuple (Osée). Si le désert
évoque l'aridité, la parole de Jean-Baptiste ne l'est pas moins. Très vite elle
présente une certaine violence qui semble en contradiction avec le désir de la
venue du Royaume.
Les Pharisiens et le Sadducéens sont d'emblée présentés sous
des traits peu sympathiques laissant pressentir non seulement que le Royaume
annoncé ne fait pas l'unanimité mais bien plus que le baptême n'est pas un rite
automatique, un passe-partout qui assure du salut. Le baptême de Jean est
ouverture sur un chemin de repentir. Son authenticité sera évaluée au bon fruit
produit.
Jean ne cite pas Jésus, il parle de celui qui vient derrière
lui et il le présente comme un cultivateur intransigeant qui va nettoyer son
aire et faire le tri dans sa production.
Méditation.
Plusieurs idées surgissent de notre échange. L'idée de
l'imprévu de Dieu, rien ne va de soi. Jean-Baptiste apparaît tout à coup, on ne
sait pas d'où il vient; on ne s'attendrait pas à voir quelqu'un se mettre à
prêcher dans un désert et pourtant les foules viennent à lui et se font
baptiser; le Royaume attendu et désiré est présenté avec violence.
Les versets 2 et 3 rendent les auditeurs de Jean-Baptiste
participants de ce qui va arriver. La venue du Seigneur demande une
préparation.
Deux types d'hommes sont présentés: ceux qui se font
baptiser, motivés par le poids du péché ou par la peur de la colère et les
prophètes, Isaïe, Elie, Jean-Baptiste, vus comme des veilleurs, des éveilleurs
pour leurs frères. Il s'agit d'un même contexte d'infidélité, de pratiques
religieuses qui manquent d'authenticité.
Le rite ne suffit pas pour échapper à la colère, il faut la
disposition du coeur qui lui correspond; avoir Abraham pour père ne suffit pas.
« On reconnaît l'arbre à ses fruits! »
On a l'impression d'une foule, entraînée par l'émulation,
contrairement à Nicodème qui vient seul, de nuit, trouver Jésus.
Deux types de baptême sont aussi présentés: le baptême de
Jean, baptême de repentir en vue de la production d'un bon fruit, c'est un
baptême d'eau; eau qui lave, qui arrose, qui irrigue pour assurer la
germination et le développement du fruit. Le baptême de Jésus, baptême d'Esprit
Saint, qui fait entrer dans la relation du Père et du Fils; baptême de feu qui
brûle tout ce qui ne peut trouver place dans le Royaume. Le feu n'est pas tant
un châtiment que la chance d'une purification profonde que nous ne pouvons réaliser
nous-mêmes. Le baptême de Jean concerne l'oeuvre humaine de repentir et de
conversion, celui de Jésus nous ouvre à l'oeuvre de l'Esprit au plus profond de
nos coeurs.
Prière
Donne-nous Seigneur, de reconnaître les Jean-Baptiste de
notre temps, de les accueillir dans leur imprévisible, de nous mettre à leur
écoute pour préparer ton chemin en nos coeurs.
Donne-nous d'oser la solitude et le silence du désert qui
nous mettent à nu devant toi et devant nous.
Nous te rendons grâce pour notre baptême, donne-nous de voir
dans les épreuves de la vie, des signes de ton oeuvre de purification qui nous
préparent et nous façonnent pour le Royaume où tu nous as préparé une place
pour vivre en ta présence pour l'éternité.
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