dimanche 17 janvier 2010

Voici l'Epoux...




2ème dimanche du temps ordinaire : année C
Pour débuter le temps ordinaire, les lectures nous offrent du peu ordinaire ! C’est le moins que l’on puisse dire ! Des Noces, un Dieu fou d’amour. Un Dieu qui fait ruisseler le vin, un Esprit qui suscite une multitude de dons ! Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ?
Le prophète Isaïe utilise l’image des épousailles pour dire l’amour de Dieu pour son peuple, pour dire l’alliance qu’il veut établir. Quoi de plus fort ? On t’appellera d’un nom nouveau. Et le nom dit l’être en son plus intime. Quel est ce nom ? Ma préférence, mon épouse. Voilà l’annonce faite à qui se sentait délaissé, exclu ! A un peuple qui se sentait délaissé, exclu ! Pouvons-nous dans le secret de notre prière, dans le secret de ce cœur à cœur avec Dieu, l’entendre nous appeler ainsi ? Pouvons-nous l’entendre appeler ainsi tous les groupes exclus aujourd’hui ? Tous les peuples aujourd’hui privés de nourriture, de ressources, d’accès à l’eau, aux technologies… Qui donc est Dieu pour vouloir entrer ainsi en une telle relation d’amour avec notre humanité ? En un amour, où il n’y a ni condescendance, ni domination, ni supériorité. Celui qui nous a construits, celui qui nous a crées, veut nous épouser ! Ferons-nous sa joie, comme la jeune mariée fait la joie de son mari ? Là est l’attente de notre Dieu, son grand désir !
Au long des ans, il a dû cependant constater nos infidélités, nos reniements. Mais il est un Dieu fidèle, sans cesse il renouvelle l’alliance lorsque nous la brisons. Sans cesse il restaure son peuple, en lui donnant son Esprit.
Saint Paul dans l’épître aux Corinthiens, nous découvre le secret du peuple de Dieu : un peuple constitué d’êtres si différents, revêtus chacun pour sa part de dons de l’Esprit. Lorsque Dieu nous constitue en peuple, il ne le fait pas au départ d’un moule créant des copies conformes d’un modèle unique, mais il nous rassemble en nous différenciant les uns des autres. Par les dons même de son Esprit, il nous revêt de charismes et de fonctions variés. Dieu constitue son peuple en l’unité de la diversité, à l’image de ce qu’il est en lui-même : Père, Fils et Esprit. Il nous est bon de méditer ce texte, alors que demain nous commencerons la semaine de prière pour l’unité des chrétiens. Paul nous découvre la beauté de la diversité, son importance. Les dons de l’Esprit aux uns et aux autres, sont faits pour la communauté, pour la communion, en vue du bien de tous. Ce pourrait être un beau chemin d’unité, si nous reconnaissions les dons de l’Esprit en chacun, chacune, et si nous mettions nos dons au service la communion ! Si les peuples se partageaient mutuellement leurs dons, sans volonté d’accaparement ou de puissance ! Ainsi nous construisons le véritable corps du Christ !
Le peuple, formé par les dons de l’Esprit, est celui-là même que Jésus est venu unir à lui en une nouvelle Alliance. Le premier signe que Jean met en ouverture de son Évangile en témoigne. Si nous nous attardons un peu à la lecture de ce texte, il apparaît assez rapidement, que le récit est étrange : on parle de noces, sans mentionner qui sont les époux. Seuls sont nommés quelques invités : Marie, Jésus et ses disciples ! Cela nous éveille au projet de l’évangéliste : il n’écrit pas la « petite gazette » du coin ou le carnet mondain.
À qui veut bien l’entendre, il annonce l’alliance nouvelle que Dieu, en Jésus, vient instaurer avec l’humanité.
On peut aussi s’étonner de la présence de ces 6 jarres destinées aux ablutions rituelles prescrites par la loi. Que font-elles là dans une salle de noces ? De plus, elles sont vides ! Marquent-elles que les rites d’ablutions qu’une hantise de pureté avait multipliés, que ces rites, détachés d’un projet d’amour, ont desséché les coeurs ? Les jarres sont vides. [J’en connais qui se seraient empressées d’y mettre des fleurs... mais non, elles sont vides.] Est-ce invitation à renoncer à chercher une pureté quelconque à travers des observances et des rites, pour se mettre en quête de l’Alliance Nouvelle ?
Marie est là, (de même elle sera présente au pied de la croix) figure féminine du peuple nouveau, symbole de l’Église. Elle dit le manque à son Fils. La réponse de Jésus peut étonner. Femme, que me veux-tu ? Littéralement : que t’importe à toi et à moi ! mon heure n’est pas encore venue. L’alliance ancienne est passée, il nous faut entrer dans la nouvelle, ne regarde pas en arrière... Et le message de Marie aux serviteurs semble faire advenir cette nouveauté : elle invite à se tourner non vers les responsables de l’organisation, mais vers celui qui vient inaugurer l’alliance nouvelle. Faites tout ce qu’il vous dira.
Dans la culture de l’époque, il revient à l’époux de fournir le vin de la Noce... Les jarres d’eau de l’ancienne alliance sont vides. Seul Jésus, la source, peut rendre aux cœurs une eau vive. Eau vive qui se change en vin, pour qui vient prendre part à sa table, pour qui entre en alliance avec lui !
Et voici que Jésus donne le vin en surabondance, le vin de l’amour, il est l’Époux véritable.
Et de l’abondance de ce vin, il nous est servi en chaque eucharistie, comme il peut nous être servi au cœur de nos vies personnelles et communautaires ! 
Sr Thérèse-Marie

dimanche 10 janvier 2010

Tu es mon Fils

Fête du Baptême du Seigneur (année C)


Les textes que nous offre cette liturgie sont denses ! Impossible de tout commenter.
Arrêtons-nous donc seulement sur quelques paroles, essayons d’y découvrir le visage de notre Dieu, s’il est bien vrai que toute page de l’Écriture nous dit d’abord et avant tout qui est notre Dieu, celui que les prophètes ont annoncé, celui que Jésus a manifesté, celui dont les apôtres témoignent.
Les prophètes, nous présentent Dieu sous divers visages, aucun ne suffisant à lui seul, pour tracer le portrait juste, parfait. Aujourd’hui Isaïe, nous le montre en un grand élan de tendresse : Consolez, consolez mon peuple, dit le Seigneur ! « Con-solez » : être avec celui qui est seul, enfermé dans la prison de son mal, de sa détresse. Oui, voilà la grande attente de notre Dieu, la consolation de ses enfants ! Pas de ses enfants innocents, opprimés uniquement, mais de tous ses enfants. Consolez en annonçant que le crime est pardonné. Cela dit bien, combien qui que nous soyons aujourd’hui, quel que soit notre palmarès à son égard, Dieu veut pour nous un chemin de bonheur. Et il espère qu’il se trouvera un prophète pour nous porter cette consolation ! Mieux, il espère qu’il se trouvera un prophète pour préparer sa venue. Car, Lui, le Très-Haut, le Tout-Puissant, espère venir à notre rencontre, espère venir lui-même rejoindre chacun, le consoler, et pour cela il espère que nous lui préparions un chemin !
Il veut venir, non comme un juge terrible, mais comme un berger de tendresse, qui rassemble les agneaux, les porte sur son cœur !
Les apôtres, aujourd’hui saint Paul dans sa lettre à Tite, nous annoncent la grâce de Dieu, manifestée pour notre salut. Paul est témoin du Christ, il est témoin de sa victoire sur la mort, sur le mal. Il sait que tout nous est déjà donné, et que dans l’espérance de l’accomplissement des promesses, nous pouvons travailler avec ardeur à faire le bien. Non pour obtenir, acheter le salut. Le salut est don gracieux de Dieu. Mais par notre ardeur à faire le bien, nous pouvons hâter le jour de la pleine manifestation de ce salut. Par notre ardeur à faire le bien, nous pouvons faire la joie de notre Dieu, lui dire notre reconnaissance. Lui dire en actes que nous cherchons tant bien que mal à devenir à son image, comme sa ressemblance.
Paul témoigne : Dieu notre sauveur, a manifesté sa bonté et sa tendresse pour les hommes. Il nous a sauvés, il l’a fait dans sa miséricorde !
Notre Dieu n’a d’autre mobile, n’a d’autre but, que celui d’aimer. Il a tout fait par amour, il est en lui-même amour, Trinité : Père, Fils et Esprit. Et il ne veut que se donner à nous, nous faire entrer en cette danse de l’amour. Par le bain du baptême, il nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint. Cet Esprit le Père l’a répandu sur nous avec abondance, par Jésus.
L’évangéliste Luc confirme cette révélation de notre Dieu.
Le peuple était en attente... Qu’attendait-il sinon la consolation annoncée ? Sinon le pardon, la communion rétablie avec Dieu, le bonheur de se laisser porter sur son cœur.
Le peuple était en attente... il attendait le messie qui allait réaliser une telle promesse. Le peuple voit Jean-Baptiste, et se dit : c’est peut-être lui... Mais Jean les détrompe... non, je ne le suis pas ! Moi je baptise dans l’eau, lui vous baptisera dans l’Esprit et le feu ! Le feu de l’amour !
Et révélation merveilleuse... dans cette foule du peuple, Luc nous découvre Dieu lui-même. Jésus est là, homme parmi les hommes, dans la foule du peuple qui dit son attente et son désir en recevant le baptême de Jean. Jésus est là, solidaire de cette foule en attente. Sa mission commence au cœur même de l’attente du peuple. Sa mission commence au cœur même de notre attente à nous tous aujourd’hui, comme au cœur de l’attente de Dieu ! Il vient, se fait proche du seul, il est la consolation attendue !
Et baptisé, dans la solidarité avec cette foule, Jésus prie. Luc est le seul à nous rapporter ce trait lors du baptême de Jésus. Cela vaut la peine de s’y arrêter. Le peuple attendait la consolation, le moment de grâce qui verrait le pardon de Dieu ruisseler, la communion restaurée. Et voici Jésus, baptisé, au milieu du peuple, prie ! Et c’est alors que le ciel s’ouvre. Jésus entré dans le temps humain prie, et en sa prière l’éternité de Dieu s’ouvre ! Le ciel s’ouvre. Ah, si tu déchirais les cieux, avait soupiré le prophète ! Mais la clé de ce déchirement n’était nulle part ailleurs, que dans la prière de Jésus, Dieu fait homme, solidaire du peuple. Jésus en sa prière voit se réaliser la communion du ciel et de la terre. Moment d’intimité, moment de grâce où se manifestent la bonté et la tendresse du Père pour les hommes.
A la prière de Jésus, le ciel s’ouvre, l’Esprit vient reposer sur lui, cet Esprit dont Paul nous dit qu’il vient prier en nos cœurs, qu’il vient dire en nous, le véritable nom de Dieu : Abba, papa ! Et du ciel une voix répond à la prière de Jésus : « C’est toi mon Fils, moi aujourd’hui je t’ai engendré ». La seule et unique réponse du Père. Le seul vrai visage de Dieu, nous est ainsi révélé... Au sein de la prière de Jésus, en cette parole du Père. Parole de reconnaissance, parole d’engendrement ! Dieu pour être avec nous, en la solitude de nos détresses, nous adopte, se fait Père de tendresse. « C’est toi mon Fils, moi aujourd’hui je t’ai engendré ».
Cette parole, c’est à chacun et chacune de nous de l’entendre à notre tour, de la recevoir dans le silence de notre cœur en attente, de notre cœur en prière, pourvu que nous nous glissions à notre tour dans la solidarité du Fils. 
Sr Thérèse-Marie