lundi 21 mars 2011

Père, qu'ils soient un

(pour fêter saint Benoît, méditation sur l'évangile du jour: Jn 17, 1a. 20-26)
 
En ce temps de Carême, la liturgie monastique nous invite à fêter notre fondateur St Benoît.
L’Evangile de ce jour est un extrait des Discours d’Adieux que Jésus a prononcés entre la fin de son ministère terrestre et le début de sa Passion proprement dite.
Jésus y livre son testament, le cœur de son cœur.
Ce testament, il le destine à un double auditoire.
D’abord, à ses disciples, eux qui ont assisté au Lavement des pieds, que Jean raconte au chapitre 13 : Jésus y offre le témoignage de son amour en acte et le propose comme modèle à ses disciples.
Mais, au-delà de ce cercle restreint, les Discours d’Adieux de Jésus s’adressent à tous ceux qui « accueilleront » sa parole et « croiront » en lui, c’est-à-dire à chacune et chacun d’entre nous.
 
En cette prière, Jésus livre le secret de son cœur et le rêve de sa vie :
« Que tous, ils soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi »
 
Tel est le désir de Jésus : une communion, une unité.
Cette unité, c’est celle que partagent le Père et le Fils. On pourrait ajouter, celle de l’Esprit, si nous reprenons l’interprétation de Maurice Zundel, qui voyait en l’Esprit-Saint la manifestation de l’amour qui unit le Père et le Fils.
Unité de la Trinité, donc, parfaite circulation de l’amour.
 
Mais cette unité n’est pas close sur elle-même.
Chacun, chacune d’entre nous est invité à y entrer :
« Qu’ils soient un en nous, eux aussi »
 
Cette unité, cette communion est révélation d’un amour : « Tu les as aimés, comme tu m’as aimé… »
Telle est en effet la Bonne Nouvelle de Jésus.
Si l’on devait résumer le cœur du message chrétien, nous pourrions l’exprimer par ces mots un peu familiers, mais justes : « Dieu est amoureux ».
Oui, dit Jésus lors de l’entretien avec Nicodème : « Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique ».
Enraciné dans cet amour, consolidé par cet amour du Père, Jésus ne peut que le répandre autour de lui… et désirer que chacun de nous en vive pareillement.
 
Unité de la Trinité et avec chacun de nous.
Mais aussi, la perspective d’une communion qui n’a pas de fin :
« Je veux que là où je suis, eux aussi soient avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire… »
Cette gloire de Jésus, c’est celle qu’il a reçue du Père.
Le mot « gloire » dans la Bible se rattache à ce qui a du poids.
C’est le fondement de l’être, le poids de l’amour du Père, puis de Jésus, qui cherche à se communiquer.
 
Cette révélation de l’amour de Dieu ne s’arrête pas à ceux qui croient.
Cette unité va encore plus loin, pour atteindre le monde :
« ainsi, le monde saura que tu m’as envoyé et que tu les as aimés… »
L’expression « le monde », chez Jean, est souvent péjoratif : il désigne ceux qui refusent de croire, ceux qui se ferment à Jésus, révélateur du Père.
Mais dans ce discours d’Adieux, le monde devient réceptacle de la révélation, disposé à l’accueillir.
 
Unité de la Trinité et avec chacun de nous, dans une communion sans fin.
Cette unité est révélation du nom du Père :
« Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître encore »
La révélation de Jésus ne s’arrête pas tandis que prend fin son ministère terrestre. Le futur « je le ferai connaître » se poursuit dans l’avenir, grâce au Paraclet, à l’Esprit qu’il nous a promis et envoyé.
 
Ces quelques traits montrent la pertinence de cette prière de Jésus comme Evangile en cette fête de St Benoît.
En effet, le projet monastique répond à ce rêve d’unité de Jésus.
 
D’abord, l’unité définit la voie monastique.
Qu’il nous suffise de rappeler la signification du terme « moine », « moniale » : l’adjectif monos, qui signifie « seul ». Il rappelle le choix du célibat, certes, mais il révèle surtout l’unité que le moine cherche à établir avec le Christ. Dans une extension plus large, on peut y ajouter l’unité avec les hommes et femmes de notre temps, ceux que le moine rejoint en sa prière.
Ensuite, le projet monastique, qui est communautaire, implique l’unité : de l’Office chanté en commun, au travail, en passant par les rencontres interpersonnelles, la vie monastique est fondée en cette unité. Bien plus, Benoît demande dans sa Règle « que nous parvenions tous ensemble à la vie éternelle ».
Enfin, certaines supérieures de communauté optent plus spécifiquement pour cette devise lors de leur élection. C’est béni !
 
Il en va de même pour le témoignage d’amour que rapporte cet extrait du Discours d’Adieux.
Le choix de la voie monastique répond à une déclaration d’amour.
C’est pour répondre à une invitation de Dieu que le moine frappe à la porte du monastère.
La question du discernement est précisément celle-ci : « cherche-t-il vraiment Dieu ? », c’est-à-dire « ne préfère-t-il rien à son amour ? ».
 
 
En ce jour de fête, rendons grâces au Christ pour le rêve de son cœur qu’il nous confie…
Et, pour le réaliser,  demandons à St Benoît de nous montrer le chemin.
Alors, « confiants dans le secours de Dieu », nous courrons « sous la conduite de l’Evangile » !
Amen 
Sr Marie-Jean
 

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