mardi 3 mai 2011

Qui m'a vu a vu le Père

Partage pour la fête des apôtre saints Philippe et Jacques (1 Co 15,1-8 / Ps 18 / Jn 14, 6-14)
 
La liturgie a un génie particulier pour associer des êtres bien différents en une seule et même fête. En juin, elle nous offrira de fêter saint Pierre et saint Paul ensemble, mélange plutôt détonnant ! Aujourd’hui elle nous fait célébrer deux figures plus effacées sans doute, mais tout aussi disparates, pour ce que l’on peut en dire.
 
L’apôtre Jacques fêté aujourd’hui, est identifié dans l’église latine avec le fils d’Alphée[1] et en même temps avec le frère-cousin de Jésus, devenu plus tard le premier responsable de la communauté chrétienne de Jérusalem. L’exégèse moderne préfère séparer ces deux personnages, tout comme la liturgie byzantine du reste qui les célèbre respectivement le 9 et le 25 octobre[2].
 
Le fils d’Alphée est mentionné dans les listes d’apôtres, mais on ne sait rien de plus à son sujet dans l’évangile. Celui dont parle Paul dans sa lettre aux Corinthiens, a fait l’expérience personnelle du Ressuscité. Les Actes lui donnent visage d’un homme important, qui prend ses responsabilités au sein de la première communauté. Lors du tout premier concile, à Jérusalem, lorsque fut exposée la question des conditions imposées à l’accueil dans la communauté de chrétiens issus du paganisme, c’est lui Jacques et non Pierre, qui prend la parole pour trancher et décider que oui, ces nouveaux convertis sont bienvenus dans la communauté, et qu’ils ne doivent pas se soumettre à l’entièreté de la loi juive.[3] (ils doivent juste éviter certains dérapages et inconduites... dont la consommation de boudin rouge!)
 
Philippe lui est un disciple de la première heure, selon l’évangile de Jean. Il était de Bethsaïde[4], la même ville que Pierre et André. C’est un fonceur qui ne prend pas trop le temps pour calculer sa réaction. Jésus le rencontre et lui dit « suis-moi »[5]. Et voilà notre Philippe lancé. Et mieux, il s’empresse d’aller chercher Nathanaël... qui, lui, discute : « de Nazareth, peut-il sortir quelque chose de bon ? » et Philippe de faire court dans la discussion : « Viens et vois »[6].
Lorsque Jésus voit la foule qui vient à lui, c’est à Philippe qu’il demande : « Où achèterons-nous des pains pour que mangent ces gens ? ». Philippe répond du tac au tac, il a vite fait d’évaluer la situation : Deux cents deniers de pain ne suffisent pas pour que chacun en reçoive un petit morceau.[7]
Des Grecs veulent voir Jésus, ils s’adressent à Philippe. Celui-ci va de suite trouver André : deux apôtres cela fait une bonne ambassade ; ensemble ils vont parler à Jésus.[8] Cela nous vaut les paroles sur le grain de blé tombé en terre qui porte du fruit.
Enfin, autour du dernier repas, Jésus parle aux siens, les enseigne une dernière fois, et c’est de cet échange que vient la page d’évangile d’aujourd’hui. Jésus indique comme doucement la voie que les apôtres auront à suivre : Je suis le chemin, la vérité et la vie. Nul ne va au Père sans passer par moi. Puisque vous me connaissez, vous connaissez aussi mon Père. Dès maintenant vous le connaissez, et vous l’avez vu. Et c’est là que notre primesautier d’apôtre, interrompt le maître, l’air de dire, assez de palabres, va un peu plus direct au but, s’il te plaît : Seigneur, montre-nous le Père, et cela nous suffit ! Intervention qui nous vaut cette phrase qui devrait rester gravée à jamais en nos cœurs, tandis que nous consacrons nos vies à chercher Dieu : Philippe celui qui m’a vu, a vu le Père. Pour se dire, Dieu ne veut pas d’autre image que l’homme ! Déjà les anciens l’avaient compris qui refusaient de peindre, sculpter une image de Dieu. La seule image autorisée : l’homme et la femme.
Jésus, Fils unique de Dieu, Dieu fait homme, nous a révélé le Père, et aujourd’hui ressuscité, il envoie ses apôtres, porter cette image au monde.
Et pour la dire, il a besoin non de copies conformes, mais de la multiplicité de visages d’apôtres si différents... la diversité en l’Église est nécessité, richesse.
A nous d’accueillir, de découvrir, de discerner en chacun et chacune la présence du Ressuscité.  
Sr Thérèse-Marie 


[1] Matthieu 10,2
[2] Communauté de Bose, Témoins de Dieu, Martyrologe universel, p 272
[3] Actes 15,13 sv
[4] Jn 1,44
[5] Jn 1,43
[6] Jn 1,45-46
[7] Jn 6,5-7
[8] Jn 12,21-22

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