mercredi 29 juin 2011

Libération

Méditation pour la fête des apôtres saint Pierre et saint Paul
Actes 12,1-11 ; Ps 33 2-9 ; 2 Tim 4, 6-8.17-18 ; Mt 16,13-19  
 
Faut-il avoir fait de la prison pour être chrétien ? Voici que les Actes nous rapportent que les autorités politiques viennent de faire décapiter l’apôtre Jacques, et de faire emprisonner Pierre. Enfin, selon la deuxième épître à Timothée, Paul serait en captivité à Rome. Voici les colonnes de l’Église ! Requiem pour le triomphalisme !
 
Faut-il avoir fait de la prison pour être chrétien ? Au sens propre non, ce n’est pas condition sine qua non. Ouf ! Mais il faut avoir fait l’expérience de la libération ! Le chrétien est celui qui vit la Pâque avec Jésus, et transmet à ses frères et sœurs, cette expérience.
 
Nous pourrions avoir tendance à survoler le récit des Actes, en disant que c’est typiquement de la littérature d’époque, qui se plait au merveilleux. Et que ce n’est plus le style d’aujourd’hui. Mais si on écoute l’expérience de Pierre, qui se dit à travers ce texte, n’est-ce vraiment plus pour aujourd’hui ?
La persécution semble atteindre de plein fouet la communauté chrétienne naissante. Jacques est décapité. Cela ne suffit pas ? Voici que Pierre est emprisonné. La communauté est ébranlée ! L’auteur prend la peine de nous signaler qu’on est dans la semaine de Pâque. Pâque ? Célébration de la résurrection de Jésus, mémoire de la libération du peuple esclave persécuté par le Pharaon.
Pierre va-t-il être empêché de vivre cette fête avec la communauté ? La communauté peut-elle survivre privée de Jacques et de Pierre ?
 
En Egypte, le peuple esclave fuyard, sous la conduite de Moïse, s’est retrouvé confronté à la mort : poursuivi par l’armée, menacé par les flots de la mer... Pierre est enchaîné, gardé par des soldats, devant sa porte des sentinelles montent la garde.     
Pierre dort, c’est la nuit... tiens, n’est-ce pas de nuit que le peuple est sorti d’Egypte ?
Une lumière brilla dans sa cellule... une colonne de feu accompagne le peuple.
L’ange éveilla Pierre et lui dit: « Lève-toi vite » En grec deux verbes de résurrection (h;geiren auvto.n le,gwn\ avna,sta). Il lui dit : « Mets ta ceinture et tes sandales ». Le peuple esclave en Egypte mange la Pâque à la hâte, la ceinture aux reins et les sandales aux pieds.
Et Pierre est invité par l’ange, à sortir vite, dans la nuit, en suivant l’ange.
Pour le peuple en Égypte, les eaux se sont fendues, l’armée a été engloutie... Pour Pierre, les portes se sont ouvertes, et les chaînes sont tombées...
 
Pierre ne vient-il pas de célébrer la Pâque en vérité ? Non pas comme on raconte une histoire du passé. Mais en faisant lui-même l’expérience de la libération. En vivant la Pâque. Fort de cette expérience, Pierre pourra annoncer la résurrection !
 
Le psaume nous a fait chanter : de toutes leurs épreuves, Dieu délivre ses amis. Qu’est-ce à dire, sinon qu’à chacun le Seigneur offre un chemin pascal.
 
Paul dans sa lettre qui est comme un testament atteste de l’expérience de libération qu’il a connue tout au long de sa mission d’apôtre. Il parle des difficultés de la mission, mais avec la certitude que la puissance de résurrection du Seigneur est à l’œuvre.
 
Alors comment relire l’Évangile en ce contexte ? Pierre au nom des disciples a répondu à la question de Jésus : « Pour vous qui suis-je ? ». Il a confessé la foi, sur laquelle reposera l’Église : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu Vivant ! ». Jésus lui annonce alors qu’il lui confiera les clés du Royaume. Il ne les lui confie pas au moment même. Mais il lui annonce sa mission future.
Comment comprendre sur l’arrière fond pascal offert par les autres lectures ?
N’est-ce pas, tout simplement, que lorsque Pierre aura fait l’expérience d’être libéré, pardonné, sauvé  comme il en a fait l’expérience dans le regard de Jésus au soir du reniement, comme il en a fait l’expérience au bord du lac un matin pascal, comme il en a fait l’expérience en sortant de prison, alors il sera invité à partager à ses frères et sœurs, cette puissance de libération, don du Ressuscité.
 
Je te donnerai les clés... je te donnerai d’aider tes frères à connaître cette libération, cette pâque, en leur vie !

Sr Thérèse-Marie 
 

dimanche 26 juin 2011

Communion

26 juin 2011 : Fête du Corps et du Sang du Christ.
(Dt 8,2-3.14b-16a / Ps 147 / 1 CO 10, 16-17 / Jn 6, 51-58)
 
La fête d’aujourd’hui n’est pas liée à un événement de la vie du Christ. Elle nous invite plutôt à contempler un signe fort qu’il nous a laissé pour nous faire comprendre sa présence permanente parmi nous.
Quand on aime quelqu’un et qu’on doit se quitter, on se donne des signes pour se quitter sans se séparer. Ce peut être une photo de la personne qu’on aime : chaque fois qu’on la regarde – parce qu’on l’aime – c’est un peu comme si elle redevenait présente à côté de nous. Ce peut être un objet, une lettre qu’on relit, une simple pensée associée à un mot, une image. Pour des époux, ce peut être l’anneau de leur alliance...
Jésus, lui, avant de mourir, a confié à ses disciples un très beau geste à refaire après lui et dans lequel il se livre tout entier. Vous le savez bien : le soir du Jeudi saint, ils étaient tous rassemblés pour le repas de la Pâque. En reprenant les gestes millénaires de cette liturgie juive de la Pâque, Jésus y a glissé des paroles totalement nouvelles qui en ont fait basculer le sens : il a dit : « ceci est mon corps, livré pour vous, ceci est mon sang... » Et il a ajouté : « vous ferez cela en mémoire de moi. » Dès lors, chaque fois que les chrétiens renouvellent ce geste, c’est comme s’ils se rendaient contemporains de l’instant unique où Jésus prononça ces mots.
Mais que se cache-t-il derrière ces mots ?
L’évangile d’aujourd’hui vient de Jean. Jean ne parle pas de la dernière cène ni de l’institution de l’Eucharistie à la manière des autres évangélistes. Mais il y a chez Jean ce très long discours du chapitre 6 – dont nous avons un extrait aujourd’hui – qui est le discours sur le « pain de vie ». Après le miracle de la multiplication des pains, les Juifs ont demandé à Jésus un « signe » qui leur permette de croire en lui... et ils ont évoqué le signe de la manne, donnée par Moïse au désert. C’est l’occasion, pour Jésus, de montrer la continuité et la différence entre la manne et le « pain de vie que Dieu donne ».
La manne, il en est question dans la première lecture, le Deutéronome. Moïse invite Israël à se souvenir. Ils ont marché 40 ans dans le désert et ils sont sur le point d’entrer en terre promise. Il s’agit de ne pas oublier, maintenant, les leçons du désert : ne pas oublier les multiples formes de la sollicitude de Dieu à leur égard, dont la « manne », cette ration quotidienne de pain pour la route – juste le nécessaire, pas plus, pas moins – qui leur apprenait au jour le jour la confiance radicale en Dieu. Moïse dit : « c’était pour te faire découvrir que l’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur. »
La manne, donc, tout en étant une nourriture terrestre, renvoyait déjà à un autre type de nourriture, tout aussi vitale pour l’homme : « ce qui vient de la bouche du Seigneur », c’est-à-dire sa parole.
Le psaume aussi rapproche ces deux réalités que sont le pain et la parole, quand il dit : « Il fait régner la paix à tes frontières et d’un pain de froment te rassasie ; il envoie sa parole sur la terre, rapide, son verbe la parcourt ».
Mais dans l’évangile Jésus fait un pas de plus en disant : « je suis ». « Je suis ce pain » qui est à la fois nourriture terrestre et nourriture spirituelle. Le don, chez Jésus, ce n’est pas un don qu’il fait, c’est un don qu’il est : « Moi, je suis le pain vivant qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ».
Évidemment, ses interlocuteurs (et nous non plus) ne comprennent pas du premier coup. D’autant que Jésus emploie des termes très « crus », réalistes : il parle de « manger la chair du Fils de l’homme », de « boire son sang », comme condition pour avoir la vie. Les Juifs s’interrogent, parce qu’ils prennent ces paroles au premier degré : « comment cet homme-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Et il y a de quoi être scandalisés, choqués, de s’éloigner de lui.
Essayons de ne pas nous scandaliser, mais de faire un pas de plus. Dans l’évangile de Jean, un des grands thèmes, c’est la foi, la foi en Jésus-Christ. Et pour nous faire comprendre ce que c’est que la foi, l’évangéliste utilise plusieurs expressions, selon les contextes : « croire » en Jésus qui est « le bon berger », c’est le suivre, écouter sa voix ; croire en Jésus qui est « la porte », c’est « passer par lui », croire en Jésus, c’est aussi « se laisser attirer par lui », « demeurer en lui », « vivre par lui ». Et ici, quand Jésus se dit « le pain », croire en lui, c’est le « manger », l’assimiler, se nourrir de lui. « Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui ».
Qu’est-ce que manger ? C’est un acte nécessaire pour vivre, mais c’est aussi un acte violent (on « détruit » la nourriture pour pouvoir l’assimiler) : c’est sans doute pour cela que les interlocuteurs de Jésus sont choqués. On dit aussi, dans le langage courant : « telle personne, elle me mange » ou même, « elle me dévore » (elle me « phagocyte »), on peut « dévorer quelqu’un des yeux », quand on aime quelqu’un, on lui dit parfois : « je te mangerais », « tu es à croquer »...
On comprend donc très bien ce que cela veut dire !
Jésus se laisse « manger » par nous : il le fait volontiers, même plus : il le demande...
Et quand il parle de « ma chair et mon sang », c’est aussi parce qu’il veut que nous prenions au sérieux le mystère de son incarnation et le mystère du don de sa vie dans la passion.
La fête d’aujourd’hui nous invite à rendre grâce pour un si grand don. Comment ? En y prenant part ! Cette nourriture qu’il nous donne, c’est sa vie humaine et sa vie divine. Si nous acceptons de la « manger »,  nous y aurons part, nous aussi. Tout comme la nourriture que nous assimilons se transforme en nous pour ensuite contribuer à nous transformer, de même, le Christ se fait homme pour que nous devenions  dieux. C’est ce que dit saint Paul dans la deuxième lecture : en deux versets très denses, il dit l’essentiel et le mot clé qu’il utilise pour exprimer ce mystère, c’est le mot « communion » : « la coupe d’action de grâces que nous bénissons n’est-elle pas communion au sang du Christ ? Le pain que nous rompons n’est-il pas communion au corps du Christ ? »
N’ayons pas peur de nous laisser ainsi nourrir.
 Sr Marie-Raphaël
 

vendredi 24 juin 2011

Dieu a fait grâce

Nativité de Saint Jean-Baptiste : 24 juin 2011
 
 (Is 49, 1-6 ; Ps 138 ; Ac 13, 22-26 ; Lc 1, 57…80)
 
  « C’est toi qui as créé mes reins, qui m’as tissé dans le sein de ma mère.
Mes os n’étaient pas cachés pour toi, quand j’étais façonné dans le secret »
Tel est le message que nous délivre le psalmiste en cette fête de la Nativité de Saint Jean-Baptiste.
Jean-Baptiste, dernier prophète de l’ancienne Alliance, précurseur du Christ.
Un tel prophète n’est pas issu de nulle part : il s’inscrit dans une histoire.
La liturgie de ce jour parcourt cette Histoire Sainte et présente quelques figures du peuple d’Israël.
Une caractéristique les unit : ils sont les bénéficiaires d’une même vocation.
Un appel de Dieu, qui précède la naissance ; une vie ordonnée à l’annonce du Christ.
 
Dans la première lecture, le prophète Isaïe retrace la vocation de celui qui sera appelé « Le Serviteur » :
« J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé.
J’étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom »
Le projet de Dieu précède la naissance du prophète.
Il n’est pas encore né à la vie que Dieu l’appelle ; il prononce son nom.
Dans la vocation de ce Serviteur, nous pouvons déjà lire en filigrane l’annonce de la venue du Christ, lui en qui toutes les promesses seront accomplies :
« Je vais faire de toi la lumière des nations,
pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre »
C’est bien le Christ, qui est « lumière » ; c’est bien Jésus, qui portera le « salut », lui dont le nom signifie « le Seigneur sauve ».
Du Christ-lumière, Jean-Baptiste sera « la lampe »...
 
Dans l’extrait des Actes des Apôtres, émerge un autre personnage du Premier Testament :
« J’ai trouvé David, fils de Jessé, c’est un homme selon mon cœur ;
il accomplira toutes mes volontés »
Dans ce pasteur de moutons, Dieu a vu celui qui pourrait guider son peuple.
Il l’a élu pour être le roi.
Et, dans ce choix, s’inscrit l’appel de Dieu :
« Dieu a fait sortir de sa descendance un sauveur pour Israël »
Dieu a appelé David pour que de sa descendance surgisse le Christ.
Le projet de Dieu se poursuit…
 
C’est alors que l’Evangile présente la naissance de celui qui marchera devant le Christ.
Cette naissance de Jean-Baptiste est également une vocation :
« Que sera donc cet enfant ? » se demandent les témoins de sa naissance.
Un appel de Dieu s’y devine.
Tandis qu’il était de coutume de nommer un enfant du nom de son père, sa mère déclare :
« il s’appellera Jean ».
Jean, dont l’étymologie signifie « le Seigneur a fait grâce ».
Par cette naissance, Dieu manifeste son amour envers son peuple.
Cet enfant préparera le chemin de Celui qui sera Sauveur d’Israël.
 
En cette fête de la Nativité de Jean-Baptiste, la liturgie nous rappelle notre vocation.
Elle atteste combien nous avons « du prix aux yeux du Seigneur ».
Oui, Dieu a appelé le « Serviteur » dès le sein maternel.
Oui, Dieu a fait choix de David, « homme selon son cœur », pour être pasteur de son peuple.
Oui, « le Seigneur a fait grâce » en suscitant Jean-Baptiste, précurseur de son Christ.
 
 
Et il agit pareillement pour chacun et chacune de nous…
Nous appartenons nous aussi à cette Histoire Sainte.
Notre vie n’est pas le fruit du hasard : elle est dans le cœur de Dieu, bien avant notre naissance.
Dieu nous appelle par notre nom.
Il nous inscrit dans son projet.
 
Et, en ce jour où nous fêtons les deux « Jean-Baptiste » du site d’Hurtebise, redisons avec le psalmiste :
« Je reconnais devant toi le prodige, l’être étonnant que je suis »
 
Amen 
Sr Marie-Jean

mardi 21 juin 2011

Témoin de la foi

fête de Saint Aubain :    Matthieu 10,17-22
 
C'est un texte sans équivoque que la liturgie nous offre un peu comme le testament de st Aubain, amené à rendre témoignage de sa foi jusqu'au martyre.
Le passage que nous venons d'entendre se situe au coeur d'un long discours dans lequel Jésus donne à ses disciples des instructions très précises pour mener à bien la  mission qu'il va leur confier et qui n'est autre que celle de Jésus lui-même : annoncer que « le Royaume de Dieu est proche », guérir, purifier, ressusciter les morts...
« Comme le Père m'a envoyé, dira Jésus au soir de Pâques, moi aussi je vous envoie » Si la mission des disciples est le prolongement de celle du Christ, faut-il s'étonner que le sort qui leur est réservé soit le sort même du Christ ?
Et Matthieu prend le temps de nous le faire pressentir : à la fin de ce discours, on s'attendrait à voir les disciples partir 2 à 2 comme nous le relatent Marc et Luc... Mais Matthieu nous dit que c'est Jésus qui part pour enseigner et proclamer dans les villes... et il nous le montre en butte avec ses adversaires. L'évangéliste montre ainsi dans la personne même de Jésus ce qu'il advient aux envoyés.
L'évangile ne laisse subsister aucun doute, aucune illusion : mission et persécution sont intimement liées.  Ainsi prévenus les disciples ne seront pas pris au dépourvu et ils pourront découvrir dans leur épreuve l'occasion d'un témoignage authentique.
« Prenez garde  aux hommes» : Jésus, quand il va à la rencontre des hommes, ne fonce pas tête baissée, emporté par un amour quelque peu euphorique ; il fait preuve de discernement car « Dieu connaît les pensées de l'homme et qu'elles sont du vent » et à plusieurs reprises les évangélistes nous disent que Jésus avait le don de pénétrer les esprits et les coeurs pour débusquer les raisonnements hostiles. L'amour de Dieu ne se fonde pas sur des illusions mais ne se laisse pas arrêter non plus par l'adversité, st Paul nous le rappelle. C'est pourquoi Jésus, sans occulter le commandement de l'amour, invite à la prudence : « éprouver les esprits pour voir s'ils sont de Dieu » dira aussi st Benoît. Mais en même temps il invite aussitôt à la confiance, car c'est là que réside le véritable témoignage. Le mal n'aura pas le dernier mot. Puisque c'est en son nom que les disciples seront persécutés, Jésus se porte garant de la présence à leur côté de l'Esprit du Père. C'est au coeur de la persévérance que les gouverneurs, les rois et les païens découvriront l'oeuvre de Dieu dans le coeur de celui qui se fie en lui.
 
Détenteur de la mission même du Christ, soumis à la persécution qui sera celle du Christ, tout apôtre aura à livrer le même témoignage d'une confiance inébranlable.
Témoignage qui ne résidera pas dans des paroles subtiles, dans des discours de sagesse mais dans l'ouverture et la transparence à l'oeuvre de l'Esprit en eux : « l'Esprit de votre Père parlera en vous »...
Leçon dont les disciples se souviendront eux qui, après la résurrection, sortiront du sanhédrin tout joyeux d'avoir été trouvés dignes de subir des outrages pour le nom du Christ.
Conviction que dès le début de la prédication chrétienne, Etienne manifestera de manière éclatante. (Ac 6,10)
La haine de tous semble bien être le lot de tout témoin du Christ et être aussi le lieu privilégié d'un témoignage authentique qui ne trompe pas : tenir jusqu'à la fin dans une persévérance infatigable et une confiance inaltérable en la promesse du salut.
 
Mais faut-il attendre des situations extrêmes pour être témoin ? Le témoignage de la foi serait-il réservé aux martyrs héroïques qui vont jusqu'à donner leur sang pour le nom du Christ ?
Saint Benoît nous ramène à l'humble réalité de la vie quotidienne. Nous dit-il en effet autre chose dans le 4ème degré d'humilité qu'il nous propose ? Il nous y invite à embrasser la patience dans circonstances parfois dures et difficiles où nous met l'obéissance, à supporter les injustices sans se lasser ni reculer, à marcher résolument à travers contradictions et incompréhensions... s'appuyant sur la conviction profonde de st Paul : « En toutes ces épreuves, nous remportons la victoire, grâce à Celui qui nous a aimés ».
Si Jésus invite ses disciples à partir sans provision ni vêtement de rechange, il leur propose une arme : la foi en l'amour du Père.
Sr Elisabeth 

dimanche 19 juin 2011

Toute étincelle d'amitié est goût de Dieu

Pour partager autour de la fête de la Trinité:
 
(année A lectures: Ex 34,4b-6.8-9; Cant Dn 3, 52-56; 2 Co 13,11-13; Jean 3,16-18)
 
Me permettez-vous un peu d’impertinence ? Dites-moi, qu’est-ce que cela change dans votre vie que Dieu soit Trinité ? Ne sommes-nous pas trop habitués au signe de croix, à la salutation du début de l’eucharistie, qui est issue de la lettre de st Paul aux Corinthiens que nous venons de relire. Ces paroles sont-elles encore du feu pour nous ? Qui est ce Dieu pour nous ?
Ce pourrait être un beau sujet de partage au long de cette semaine... Commençons-le en accueillant le témoignage de Moïse, de Daniel, de Jean et de Paul. Demandons-leur : "qui est Dieu pour vous" ?
 
Cette question a hanté les générations au fil des siècles. Et les réponses ont été tâtonnantes, hésitantes et parfois fulgurantes !
 
Moïse a reçu mission de délivrer le peuple soumis à l’esclavage d’Égypte pour en faire un peuple d’êtres libres, partenaire d’une alliance avec Dieu lui-même. Et ce ne fut pas mince affaire... plus d’une fois le peuple s’est rebellé. Moïse a peiné. Et il a fini par demander à Dieu de lui faire voir son visage. Dieu n’a pas vraiment obtempéré, il a caché Moïse dans le creux du rocher, le temps qu’il passe devant lui, et Moïse n’a pu le voir que de dos, mais par contre Dieu, lui a donné son nom : Le Seigneur, le Seigneur, tendre et miséricordieux, lent à la colère, plein d’amour et de fidélité. Fameuse révélation, que Moïse a prise au mot : Et bien si tu es lent à la colère (littéralement long de narines... donc la moutarde lui monte moins vite au nez !) tu pardonneras à ton peuple, même s’il a la tête dure ! Car oui, donner son nom, pour le peuple de la Bible, c’est se livrer, donner à l’autre d’avoir prise sur soi ! Et Moïse de convoquer son Dieu, pour marcher avec le peuple. Voilà Dieu pour Moïse, Dieu avec Moïse. Pas banal ! Avons-nous la même foi, la même familiarité ?
 
Nous pourrions croire que le Cantique de Daniel que nous avons chanté, a trouvé cette révélation trop forte, et s’est empressé de renvoyer Dieu sur son trône de gloire dans le ciel ! Mais ce serait oublier qui chante ce cantique : trois hommes jetés dans une fournaise de feu, pour avoir voulu rester fidèles à ce Dieu libérateur. Et au creux de la fournaise, Nabuchodonosor qui les a fait jeter ligotés, les voit chantant, libres, accompagnés d’un être qui ressemble à un fils de Dieu. Pour ces trois Israélites, l’amour de Dieu est tel, qu’il vaut mieux se laisser jeter dans une fournaise de feu, que de le renier. Et voici qu’au creux de la fournaise, Dieu les rejoint. Dieu marche avec son peuple opprimé. Reconnaissons-nous les pas de Dieu sur nos chemins de détresse ? Pouvons-nous le louer en toutes circonstances,  car il est venu partager nos vies ? Daniel nous y invite.
 
Écoutons st Jean, son évangile se résume en une seule déclaration : Dieu aime ! Dieu est amour ! Le Père nous aime tellement qu’il nous donne son Fils ! Comment avec son Fils n’aurait-il pas tout donné ? Dieu aime au point de refuser de juger le monde, mais de désirer le sauver ! Dieu aime au point d’avoir pour nous un infini respect : il ne s’impose pas. Il s’offre à notre amour. C’est nous qui choisissons de l’accueillir ou non, de répondre ou non à son amour. Là est notre liberté, là est la grandeur de l’amour de Dieu. C’est nous-mêmes qui décidons, ce n’est pas lui qui juge ! Dieu est amour, il ne peut que ce que peut l’amour !
 
Saint Paul achève la liste des témoins du jour : il invite les Corinthiens à chercher à vivre d’accord entre eux, à vivre en paix. Car au creux de cet accord, de cette paix, ils goûteront la présence du Dieu d’amour et de paix !
Dans le partage d’amitié, ils recevront l’amitié de la Trinité elle-même : la grâce de Jésus, la communion de l’Esprit, l’amour du Père.
 
Toute étincelle d’amitié, est goût de Dieu.
Déjà Lacordaire l’avait merveilleusement chanté :
Il n’y a pas deux amours, mon ami ;
l’amour du ciel et de la terre sont le même,
excepté que l’amour du ciel est infini.
Quand vous voulez connaître ce que Dieu sent,
écoutez le battement de votre cœur,
et ajoutez-y seulement l’infini.
 
Ce que ça change, que Dieu soit Trinité ? La présence de Dieu, au cœur de nos tendresses, de nos amitiés, de nos amours. La dimension d'infini qu’il y dépose ! 
Sr Thérèse-Marie

dimanche 12 juin 2011

Tous et chacun...

  Méditation pour la fête de la Pentecôte (Ac 2, 1-11 / Ps 103 / 1 CO 12, 3b-7.12-13 / Jn 20, 19-23)
 
Quelques minutes, pas trop long !! quelques minutes pour parler de l'Esprit qui plane sur les eaux, au commencement... qui suscite la vie partout où il passe... souffle de Dieu qui survient à l'improviste et fait jaillir l'imprévisible... Esprit qui dispense les dons, réchauffe les coeurs,.. Esprit que l'on nomme consolateur, repos fraîcheur... Il suffit de relire la séquence que nous avons chantée...
Esprit que n'entravent ni l'espace aussi verrouillé soit-il, ni le temps puisqu'il fait mémoire en nos coeurs des paroles mêmes de Jésus.
Quelques minutes pour parler de la source intarissable d'amour, de paix et de communion. C'est un défi que je ne peux relever...
Pourtant ces quelques lectures nous laissent entrevoir la richesse inouïe des fruits de l'Esprit et l'espérance qui se lève dans les coeurs encore bouleversés par la passion et la mort de Jésus.
Avec la Pentecôte l'annonce de la résurrection quitte le cercle restreint des apôtres et des disciples, elle sort des murs de Jérusalem pour atteindre toutes les nations qui sont sous le ciel.
Cela vaudrait la peine de s'attarder sur cet événement qui change le cours de l'histoire de l'humanité toute entière.
Et je vous invite à relire et à méditer paisiblement les textes que nous venons d'entendre ; à relire aussi les passages de l'Ecriture que la Liturgie propose pour la messe de la veille de Pentecôte... certains les ont entendus hier soir dans l'office de la Vigile... Pour ceux qui n'ont pas de missel sous la main, je les ai rassemblés dans un feuillet que vous pouvez emporter et pourquoi pas laisser traîner....
Pour ma part, j'ai eu l'attention attirée par 2 mots qui se promènent main dans la main à travers les lectures de ce matin. On y parle en effet de tous et de chacun.
« les apôtres se trouvaient tous ensemble... ils virent comme une sorte de feu qui se partageait en langues et qui se posa sur chacun d'eux. »
« ils furent tous remplis de l'Esprit Saint et chacun s'exprimait selon le don de l'Esprit »
« Il y avait à Jérusalem des Juifs issus de toutes les nations.... Chacun les entendait parler sa propre langue »
Et Saint Paul nous dit : « c'est le même Dieu qui agit en tous... ; chacun reçoit le don de manifester l'Esprit en vue du bien de tous. »
Cette insistance nous dévoile le désir de Dieu sur l'humanité... susciter une véritable unité entre les hommes de toutes races, peuples et langues. Unité qui n'est pas à confondre avec l'uniformité dont nous rêvons souvent. Il suffit de penser aux exigences d'accueil des personnes immigrées que nous aimerions voir « s 'assimiler », « s'intégrer » au détriment de nos différences qui nous enrichissent si nous les partageons dans le respect de tous et de chacun.
Trop souvent nous voudrions voir notre humanité un peu comme un défilé militaire : des hommes qui marchent au pas et des chefs qui ne veulent voir qu'une seule tête.
Et bien non ! Dieu n'aime pas les hommes bien rangés, les femmes non plus d'ailleurs!Dieu veut voir toutes les têtes. Et il envoie l'Esprit comme un coup de vent qui balaye les plans, qui bouleverse les ambitions, qui dérange les projets. L'Esprit Saint, le dérangeur... ! On l'a oublié dans la litanie de tout à l'heure !
Car ce que Dieu veut, ce n'est pas une humanité bien rangée, bien nivelée mais une humanité de relation, de communion à laquelle tous sont invités mais où chacun trouve sa place sans renoncer à son identité propre.
A la Pentecôte, chaque peuple, chaque langue, chaque culture est pris au sérieux. Chacun entend le même message, la même parole d'amour, la même bonne nouvelle mais dans des langages différents. « tous nous entendons proclamer dans nos langues les merveilles de Dieu... »
Voilà le désir de Dieu : faire de tous les peuples comme un immense tableau dont la beauté vient de la complémentarité des couleurs.
Saint Paul lui, a préféré l'image du corps formé de plusieurs membres où chacun a une fonction bien déterminée et indispensable.
Quant à l'Evangile, il mériterait un commentaire à lui tout seul... Retenons-en la mission que Jésus confie à chacun de ses disciples, justement pour que son message d'amour et de pardon se répande à travers toutes les nations et tous les temps.
Aux disciples qui l'ont reconnu ressuscité, il commence par donner sa paix puis il répand sur eux son Esprit et il leur dit : « Comme le père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie »... Le don de l'Esprit est intimement lié à la mission, « Chacun reçoit le don de manifester l'Esprit en vue du bien de tous ».
N'est-ce pas un message d'actualité ? Pour l'Eglise à qui il revient de proclamer les merveilles de Dieu dans la diversité des langues et des cultures comme il revient à chacun d'entre nous, là où nous sommes, au coeur de nos familles, de nos communautés, de nos régions, de manifester l'unité de l'Esprit dans la diversité des âges, des tempéraments, des dons...
A l'heure de la mondialisation, l'Esprit vient nous rappeler que l'universalité ne peut se construire que dans la reconnaissance et le respect de chacun. 
Sr Elisabeth

dimanche 5 juin 2011

Devenons ce que nous recevons

Méditation pour le 7ème dimanche de Pâques A
(Ac 1, 12-14 / Ps 26 / 1 P 4, 13-16 / Jn 17, 1b-11 a)
 
Père, ce n'est pas pour le monde que je prie, mais pour ceux que tu m'as donnés !
 
Elle ne vous choque pas cette prière de Jésus ? Pourquoi ne prie-t-il pas pour le monde ? Jean plus haut en son évangile ne dit-il pas que Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son Fils unique... et encore Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que par lui le monde soit sauvé ![1]
Alors vous la comprenez cette prière de Jésus... ce n’est pas pour le monde que je prie ?
 
On a le choix : se scandaliser définitivement et déclarer que saint Jean ce n’est pas pour nous... Ou creuser... Une première approche sera de déclarer que ce n’est pas le même sens qu’il faut donner au mot monde, dans les deux versets que je viens de citer. Et découvrir que si Jésus ne prie pas pour le monde, c’est qu’il ne peut forcer cet univers qui le refuse. Jésus ne s’impose pas. Si le monde le rejette, il accepte, s’incline et se retire sur la pointe des pieds. Bref, il accepte l’échec définitif de sa mission. C’est cela le prix de l’amour : il ne s’impose pas. Il laisse à chacun la liberté de l’accueillir ou non. Si prier pour le monde est équivalent à dire : Père oblige les à m’accueillir. On comprend aisément que Jésus ne peut faire une telle prière.  
 
Peut-être me direz vous alors, que les saints, eux n’ont eu de cesse de prier pour ceux qui refusaient Dieu. Isaac le Syrien pour ne citer que lui, a prié résolument pour serpents et démons ! Est-il dans l’erreur ? Jésus nous a demandé de prier pour nos ennemis... alors ?
 
Mais au fait : si Jésus en ce moment précis, ne prie pas pour le monde, n’est-ce pas parce qu’il nous confie cette prière ? Et lorsqu’il délègue, il délègue vraiment. Vous allez me demander avec raison d’appuyer quelque peu une telle lecture qui pourrait être dérangeante, car si cette interprétation est bonne, elle nous engage !!!
La prière de Jésus dont nous venons de lire un extrait se situe dans l’évangile de Jean, comme la conclusion de son discours d’adieu. Tel Jacob, Moïse, Samuel[2], au terme de sa vie, Jésus rassemble les siens, et leur confie son testament. Ce discours est encadré, très heureusement, par un geste et une prière. Le geste : une parole en acte résume tout le testament, c’est le lavement des pieds. En ce geste, Jésus nous dit que si nous voulons voir Dieu, il faut nous pencher vers celui qui se tient là, à nos pieds, pour nous servir, pour nous laver les pieds. (Si on prie à genoux, ce n’est peut-être pas tant pour se tenir humblement devant sa Majesté, que pour se mettre à hauteur de notre Dieu ! Dieu ne s’impose pas.) Ce geste Jésus le conclut en disant : faites de même ![3]
L’évangile de ce jour, la prière de Jésus achève son testament. Cette prière nous partage l’intimité de Jésus avec son Père, dévoile sa relation filiale, et sa perception de la mission. Elle témoigne de ce que Jésus a voulu vivre dans le lavement des pieds, comme en toute sa vie, ce qu’il veut achever de révéler en ce Testament. Jésus est venu nous dire le visage du Père. Dieu est amour, et parce qu’il est amour, il est serviteur. Dieu est amour, et parce qu’il est amour, il n’est que don, partage, vie en abondance. Et ce don qu’est Dieu le Père, Jésus l’a reçu en plénitude, pour le donner à son tour.
Maintenant l’heure de Jésus est venue, où il retourne au Père, en confiant à ses disciples ce monde que Dieu a tant aimé : Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Jean aurait pu écrire ici Jésus a tant aimé le monde, qu’il lui donne ses disciples !
Jésus en cette prière dit tout le mouvement de son incarnation, et nous y entraîne. Jésus quitte le monde, il nous le confie, il nous y envoie : c’est à nous de prier pour le monde et d’y révéler le visage du Père.
 
C’est bien ce que nous découvre le livre des Actes des Apôtres : après l’Ascension de Jésus, les disciples se retrouvent en la chambre haute pour prier, le fruit de leur prière ce sera le don de l’Esprit au jour de Pentecôte. Et ce don les lancera à la rencontre du monde, porteurs de vie, porteurs du salut de Dieu. Prière et mission sont toujours liées.
 
Alors dites-moi, pouvons-nous l’accueillir cette prière de Jésus : Père je ne prie pas pour le monde... car j’ai confié à mes disciples cette tâche. Je prie pour eux, à qui je confie le monde ! Qu’à ma suite, ils l'aiment et lui proposent ton amour.
 
Grandeur de la foi de Jésus : il n’a que nous tous croyants répandus à travers le monde, pour y porter le salut, la vie ! Nous tous ici rassemblés, nous sommes invités à porter notre monde au Père par la prière, nous sommes invités à être en notre monde présence de Dieu, visage du Père !
En communiant au corps et au sang de Jésus, devenons ce que nous recevons : le corps du Christ pour la vie du monde ! 
Sr Thérèse-Marie


[1] Jn 3, 16-17
[2] voir Gn 49, Dt 33, 1 Sam 12
[3] cf Jn 13, 1-17

jeudi 2 juin 2011

Fête glorieuse et joyeuse !

Ascension 2011
 
 
« Cette fête est glorieuse et je dirai aussi joyeuse : en elle le Christ reçoit sa gloire unique, et nous, une joie toute particulière. C’est l’achèvement et l’accomplissement de toutes les autres fêtes, et l’heureux aboutissement de tout l’itinéraire du Fils de Dieu »[1]
 
Tels sont les premiers mots d’un Sermon de Saint Bernard, moine du 12e siècle, pour la fête de l’Ascension que nous célébrons aujourd’hui.
 
Les textes choisis pour cette fête ont laissé apparaître ses deux acceptions : « source » et « sommet ».
En mettant en lumière le sens de cette fête, nous pourrons aussi découvrir la Bonne Nouvelle qu’elle nous révèle aujourd’hui.
 
Cette fête de l’Ascension est « sommet ».
L’extrait des Actes des Apôtres que nous venons d’entendre est le commencement du livre.
Telle une charnière avec son Evangile, le prologue de Luc raconte à un nommé Théophile, « tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le commencement jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel ».
L’expression englobe le ministère de Jésus sur terre : ses paroles et ses actes, les signes et les miracles, sa prédication du Royaume.
Jésus, Envoyé de Dieu : toute sa vie n’a été qu’un cri, qu’une confession, qu’une confidence.
À travers l’Evangile, se distille son message, qui est à la fois fondement et nouveauté : la révélation de l’amour du Père.
Cet amour n’est pas destiné aux seuls contemporains de Jésus. Chacun et chacune de nous peut en accueillir la Bonne Nouvelle : Dieu aime...
L’Ascension est donc « sommet » du compagnonnage terrestre, accomplissement du ministère de Jésus.
 
Au ministère proprement dit, Luc ajoute les « instructions » que Jésus a données « aux Apôtres qu’il avait choisis » : ce sont les dernières paroles, le « discours d’Adieu », que Jésus a adressés à ses disciples.
Dans ce testament, Jésus annonce son départ : « je vais vers le Père », « vous ne me verrez plus ».
Il y a donc séparation, certes, mais aussi promesse de retrouvailles : « je ne vous laisserai pas orphelins », « à nouveau je viendrai et je vous prendrai près de moi, afin que, là où je suis, vous aussi, vous soyez ».
Ces paroles, ce testament, furent écrits pour la première Communauté, confrontée à la séparation physique de Jésus.
Ils nous sont aussi destinés : à nous qui croyons en Lui.
 
 
Mais, en plus d’être « sommet », cette fête de l’Ascension est « source ».
Elle rappelle « la promesse » de Jésus, que nous rapporte le livre des Actes : « c’est dans l’Esprit-Saint que vous serez baptisés d’ici quelques jours ».
Et, plus loin, Jésus complète son propos : « … vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous ».
 
 
 
La venue de cet Esprit rendra les disciples « témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre ».
L’Ascension est donc à la source, à l’origine du témoignage, de la confession, de la parole.
Le départ de Jésus rend les disciples participants de sa mission.
Jésus, l’Envoyé par excellence, envoie maintenant ses disciples, inspirés par son Esprit.
L’Evangile de Matthieu évoque aussi cet appel à la mission : Jésus envoie ses disciples dans toutes les nations pour annoncer la Bonne Nouvelle.
 
« Source » encore, la fête de l’Ascension annonce une nouvelle relation entre Jésus et ses disciples.
Jésus a rejoint son Père.
Comme nous l’apprend l’Epître de Paul aux Ephésiens : « ressuscité d’entre les morts, assis à la droite de Dieu dans les cieux, Jésus est placé plus haut que tout », c’est-à-dire qu’il participe à sa gloire.
« Dieu s’élève parmi les ovations, le Seigneur, aux éclats du cor », chante le psalmiste.
Mais ce départ de Jésus n’est pas un point final, puisque les messagers de Dieu, les « hommes en vêtements blancs » du livre des Actes, annoncent son retour :
« Jésus, qui a été enlevé du milieu de vous, reviendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel ».
Jésus nous est donc présent, d’une façon nouvelle et intérieure, grâce à l’Esprit qui nous a été donné.
 
 
Comme « source » et « sommet », la fête de l’Ascension fut occasion d’action de grâces pour les disciples.
Et elle l’est aussi pour nous aujourd’hui.
L’Esprit-Saint est offert à chacun et chacune de nous : nous sommes tous et toutes envoyés comme témoins.
Témoins de la Bonne Nouvelle de Jésus : Dieu nous aime et il ne nous abandonnera jamais.
Par son Esprit, le Christ nous assure de sa présence, de son compagnonnage, de son Amour.
Grâce à l’Esprit-Saint, le Christ nous est intérieurement et pour toujours présent :
« Je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde ».
Alléluia !
 Sr Marie-Jean


[1] Saint Bernard, Sermon II pour l’Ascension, 1.