mardi 21 juin 2011

Témoin de la foi

fête de Saint Aubain :    Matthieu 10,17-22
 
C'est un texte sans équivoque que la liturgie nous offre un peu comme le testament de st Aubain, amené à rendre témoignage de sa foi jusqu'au martyre.
Le passage que nous venons d'entendre se situe au coeur d'un long discours dans lequel Jésus donne à ses disciples des instructions très précises pour mener à bien la  mission qu'il va leur confier et qui n'est autre que celle de Jésus lui-même : annoncer que « le Royaume de Dieu est proche », guérir, purifier, ressusciter les morts...
« Comme le Père m'a envoyé, dira Jésus au soir de Pâques, moi aussi je vous envoie » Si la mission des disciples est le prolongement de celle du Christ, faut-il s'étonner que le sort qui leur est réservé soit le sort même du Christ ?
Et Matthieu prend le temps de nous le faire pressentir : à la fin de ce discours, on s'attendrait à voir les disciples partir 2 à 2 comme nous le relatent Marc et Luc... Mais Matthieu nous dit que c'est Jésus qui part pour enseigner et proclamer dans les villes... et il nous le montre en butte avec ses adversaires. L'évangéliste montre ainsi dans la personne même de Jésus ce qu'il advient aux envoyés.
L'évangile ne laisse subsister aucun doute, aucune illusion : mission et persécution sont intimement liées.  Ainsi prévenus les disciples ne seront pas pris au dépourvu et ils pourront découvrir dans leur épreuve l'occasion d'un témoignage authentique.
« Prenez garde  aux hommes» : Jésus, quand il va à la rencontre des hommes, ne fonce pas tête baissée, emporté par un amour quelque peu euphorique ; il fait preuve de discernement car « Dieu connaît les pensées de l'homme et qu'elles sont du vent » et à plusieurs reprises les évangélistes nous disent que Jésus avait le don de pénétrer les esprits et les coeurs pour débusquer les raisonnements hostiles. L'amour de Dieu ne se fonde pas sur des illusions mais ne se laisse pas arrêter non plus par l'adversité, st Paul nous le rappelle. C'est pourquoi Jésus, sans occulter le commandement de l'amour, invite à la prudence : « éprouver les esprits pour voir s'ils sont de Dieu » dira aussi st Benoît. Mais en même temps il invite aussitôt à la confiance, car c'est là que réside le véritable témoignage. Le mal n'aura pas le dernier mot. Puisque c'est en son nom que les disciples seront persécutés, Jésus se porte garant de la présence à leur côté de l'Esprit du Père. C'est au coeur de la persévérance que les gouverneurs, les rois et les païens découvriront l'oeuvre de Dieu dans le coeur de celui qui se fie en lui.
 
Détenteur de la mission même du Christ, soumis à la persécution qui sera celle du Christ, tout apôtre aura à livrer le même témoignage d'une confiance inébranlable.
Témoignage qui ne résidera pas dans des paroles subtiles, dans des discours de sagesse mais dans l'ouverture et la transparence à l'oeuvre de l'Esprit en eux : « l'Esprit de votre Père parlera en vous »...
Leçon dont les disciples se souviendront eux qui, après la résurrection, sortiront du sanhédrin tout joyeux d'avoir été trouvés dignes de subir des outrages pour le nom du Christ.
Conviction que dès le début de la prédication chrétienne, Etienne manifestera de manière éclatante. (Ac 6,10)
La haine de tous semble bien être le lot de tout témoin du Christ et être aussi le lieu privilégié d'un témoignage authentique qui ne trompe pas : tenir jusqu'à la fin dans une persévérance infatigable et une confiance inaltérable en la promesse du salut.
 
Mais faut-il attendre des situations extrêmes pour être témoin ? Le témoignage de la foi serait-il réservé aux martyrs héroïques qui vont jusqu'à donner leur sang pour le nom du Christ ?
Saint Benoît nous ramène à l'humble réalité de la vie quotidienne. Nous dit-il en effet autre chose dans le 4ème degré d'humilité qu'il nous propose ? Il nous y invite à embrasser la patience dans circonstances parfois dures et difficiles où nous met l'obéissance, à supporter les injustices sans se lasser ni reculer, à marcher résolument à travers contradictions et incompréhensions... s'appuyant sur la conviction profonde de st Paul : « En toutes ces épreuves, nous remportons la victoire, grâce à Celui qui nous a aimés ».
Si Jésus invite ses disciples à partir sans provision ni vêtement de rechange, il leur propose une arme : la foi en l'amour du Père.
Sr Elisabeth 

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