mercredi 21 septembre 2011

Humilité, patience et douceur

Méditation pour la fête de st Matthieu
Eph 4, 1-7.11-13 ; Ps 18, 2-5 ; Mt 9, 9-13
 
Hier une jeune femme a sonné à la porte, elle vendait des paillassons, sr Agnès avec son bon cœur, s’est fait rouler comme pas possible, elle en a acheté 10 au triple du prix ! C’est fou une telle arnaque.
Ce matin, une femme est venue frapper à la porte pour rencontrer la supérieure, alors on m’a appelée.  Je ne la connaissais pas, elle se présente rapidement et elle me dit qu’elle est appelée par le Seigneur à la vie monastique !
Je la présente à sr Agnès, elle pâlit un sérieux coup... figurez-vous que c’est la dame aux paillassons... alors je fais quoi ? Je lui demande de rembourser d’abord le prix de son vol de la veille ? Je refuse ferme, pas possible que le Seigneur appelle un tel personnage ! Je l’accueille à bras ouverts ?
 
Vous riez... mais avouez que la vocation de Matthieu, cela devait ressembler à quelque chose comme cela... c’était un collecteur d’impôts ! Rien que cela ! Était-ce là bonne idée de recruter un tel personnage ? Cela ne va-t-il pas nuire à la qualité de l’annonce du Royaume ?
 
Jésus ne met pas d’étiquette sur les personnes, il les voit et les regarde avec les yeux du cœur, il devine le désir profond, et il invite. « Suis-moi ». Et l’homme se leva et le suivit.  
Quel scandale ! Les pharisiens, ceux qui se croient justes (et qui le sont sans doute pour une part), critiquent. Admirez la manière : ils font comme nous faisons si souvent au quotidien : au lieu de le dire en face au concerné, ils ne s’adressent pas directement à Jésus, mais vont exposer leurs critiques auprès des disciples ; cela ressemble au serpent du jardin de la Genèse, qui vient susurrer le doute, la suspicion dans le coeur: pourquoi votre maître mange-t-il avec des pécheurs ? Admirez la question : pourquoi votre maître... sous entendu : nous, nous ne prendrions jamais pour maître un tel homme. Nous, nous voyons bien que ce prétendu rabbi n’en est pas un. S’il nous avait invités à sa table, alors on aurait loué son clair discernement. Ici, ces mauvaises fréquentations révèlent bien qui il est !  
Ils ont parlé à voix un peu trop haute ; Jésus a entendu. Il répond avec une parole du prophète Osée : c’est la miséricorde que je veux et non les sacrifices ! et il poursuit : je suis venu appeler non les justes mais les pécheurs.
Pour annoncer son royaume, pour annoncer le salut, Jésus choisit des pécheurs ! oserais-je dire…des gens comme vous et moi ? Rien de tel pour témoigner de la grâce de Dieu. Jésus choisit des cœurs ouverts, pauvres, qui pourront accueillir le royaume, comme un don de Dieu.
Les soi-disant justes tentent de l’acheter, de le mériter à coup de sacrifices, de rites, d’observances qui hélas leur durcissent le cœur, les installent dans le jugement et l’exclusion, l’anti-royaume.
Le Dieu que vient révéler Jésus est tout autre. Il aime le petit, le pauvre, nul n’est perdu à ses yeux. Il voit en chacun une chance pour le royaume.
 
Saint Paul l’a bien compris, qui exhorte ses frères à l’unité non dans la perfection, mais dans l’Esprit par le lien de la paix. Il nous invite à suivre fidèlement l’appel que nous avons reçu non par l’héroïsme de la vertu, mais dans l’humilité, la patience et la douceur. Il nous appelle à être tout accueil, en nous supportant les uns les autres avec amour. Non pas en nous jugeant les uns les autres, ou en choisissant ceux que nous voulons.
Chacun, chacune a reçu des dons à mettre au service du Royaume, mais nul d’entre nous n’a reçu tous les dons... il s’agit de former ensemble le corps du Christ, c’est dans cette édification par l’accueil mutuel, que nous atteindrons la vraie connaissance du Christ !
 
Rendons grâce au Seigneur, de nous appeler à édifier ensemble son corps dans l’accueil et le respect mutuel. Demandons lui de renouveler le regard que nous posons les uns sur les autres. Que nous découvrions sa présence en chacun. 
Sr Thérèse-Marie 

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