dimanche 29 janvier 2012

Aujourd'hui, écouterons-nous ?

Méditation pour le 4ème dimanche du Temps ordinaire année B 
J’aimerais vous voir libres de tout souci ! Allez, avouez-le, vous m’attendez pour vous expliquer que bien entendu, les sœurs n’ayant pas de mari n’ont de souci autre que d’aimer le Seigneur ! Merci Saint Paul pour ce piège matinal ! Il faudrait en fait commencer par traduire préoccupations (inquiétudes, tracas...) plutôt que soucis qui a plus une connotation d’agacement et d’irritation... et bien noter que Saint Paul, constate aussi vite que nul n’est sans préoccupation :  celui qui ne se marie pas, en vue de vivre pour Dieu, se préoccupe des affaires du Seigneur, il choisit d’ordonner tout son amour en fonction de Dieu, ce qui ne le libère en rien de toute préoccupation matérielle, mais oriente toute son activité en vue de ce seul amour.
Père Marc de l’abbaye d’Orval, disait que les moines et moniales étaient des pauvres gens, qui avaient besoin des grands moyens pour parvenir à la vie chrétienne à laquelle tous sont appelés ! Je me rallie aisément à cette vue.
Je crois que nous pouvons recevoir cet extrait de la première lettre aux Corinthiens comme une invitation lancée à tous, ce matin : revenir à l’essentiel, centrer notre vie sur Dieu, qui nous aime et veut se donner à nous ! Et une fois ainsi centrés nous pourrons alors aller à la rencontre des personnes et des événements le cœur paisible, habité d’un amour plus fort que toute mort, que toute épreuve... nous pourrons orienter toute notre activité en vue du Royaume auquel tous nous sommes invités.
 
Le psaume nous a exhorté : aujourd’hui écoutons la voix du Seigneur, que cette voix soit plus forte que tout, et atteigne notre cœur. Il nous a faits, et nous sommes à lui. Voilà la source de notre vie confiante !
 
Mais, tant que nous sommes, nous savons bien par expérience qu'écouter la voix du Seigneur n’est pas chose aisée ! Déjà le peuple de la première alliance avait fait cette même expérience : il était terrifié. Le peuple au désert avait interprété les grandes manifestations de la nature : tonnerre, éclair, feu... comme autant de manières pour Dieu de parler. On comprend la réaction du peuple, qui dit alors à Moïse : nous ne voulons plus que Dieu nous parle directement, qu’il nous parle par un homme comme toi et nous, alors nous écouterons, sans être terrorisés. Et le Seigneur avait accepté cette demande, et promis de donner un prophète, un homme qui porterait sa parole au peuple.
 
Cet homme nous le trouvons dans l’évangile, le voici qui entre à la synagogue de Capharnaüm, et parle au peuple rassemblé le jour du sabbat. Et tous s’étonnent de son enseignement, car il enseigne avec autorité, et non comme les scribes. Si on regarde le terme grec qui est sous-jacent, pour tenter de comprendre ce que signifie « enseigner avec autorité », on trouve un terme qui dit le pouvoir, la capacité, la liberté... Jésus devait parler en homme libre, avec cette totale adéquation entre sa parole et son agir. Comme aux premiers versets de la Bible, en Dieu la parole fait ce qu’elle dit !
Le peuple avait demandé que Dieu parle par un homme, voici Jésus, au milieu des hommes leur parlant, simplement, naturellement, mais cette parole n’en est pas plus facile à entendre. A sa parole, un homme se met à crier : Que nous veux-tu Jésus de Nazareth ? Es-tu venu pour nous perdre ? Je sais fort bien qui tu es, le Saint, le Saint de Dieu !  
Es-tu venu pour nous perdre ? le peuple au désert avait peur de mourir s’il écoutait directement la voix de Dieu. Cet homme habité d’un esprit mauvais, comprenez d’un esprit opposé à Dieu, se sent mis en danger par la seule parole de Jésus. Es-tu venu pour nous perdre ?  Et Jésus interpelle, et muselle cet esprit : Silence, sors de cet homme.  Non, Jésus n’est pas venu pour perdre, mais pour sauver, pour rendre cet homme à sa liberté. Il était enchaîné en lui-même par un esprit qui le détruisait, Jésus le libère.
On comprend que ce premier geste de Jésus, geste de libération, se passe à Capharnaüm, dont le nom signifie : ville de la compassion, de la consolation.
 
Jésus nous fait entrer dans une nouvelle intelligence de la Parole de Dieu, elle n’est point là pour terrifier, terroriser, faire mourir, mais pour faire vivre.
Mais écouterons-nous cette parole ? l’accueillerons-nous ?  accepterons-nous qu’elle vienne nous toucher là où nous sommes enchaînés par un esprit mauvais, par des pensées qui sont mortifères, et nous écartent de lui.
 
Comment n’avoir souci que de notre seul amour qui est Dieu ? en se laissant toucher par sa Parole, en se laissant guérir par sa Parole.
Aujourd’hui, écouterons-nous cette Parole ?
 
Aujourd'hui, pour chacune et chacun de nous, pour nos communautés, par quels humains Dieu nous parle-t-il ? Et à quoi nous invite-t-il ? Et comment sommes-nous touché(e)s au cœur par ces paroles humainement divines ou divinement humaines ?

Sr Thérèse-Marie 

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