vendredi 10 février 2012

A l'aune de l'amour

Méditation pour la fête de ste Scholastique
En ce jour de fête, deux personnes sont mises en vis-à-vis : dans l’Evangile et dans la vie de celle que nous fêtons, Sainte Scholastique.
 
Dans cet extrait de l’Evangile de Luc, nous rencontrons deux sœurs, Marthe et Marie.
Marthe, d’abord, maîtresse de maison qui accueille le Seigneur.
Elle est « accaparée par les multiples occupations du service ».
Ce verbe signifie « être tiraillé de toutes parts », « être absorbé », « être affairé ».
Marthe, aux yeux de Luc, est absorbée par de multiples tâches.
 
En face d’elle, Marie, « assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole ».
Elle « a choisi la bonne part ».
 
D’un côté, la multiplicité des activités ; de l’autre, l’unicité de l’écoute.
Entre les deux, la présence du Seigneur, qui interpelle affectueusement Marthe : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses ».
 
Jésus nous interpelle pareillement.
Il le fait en ce jour, tandis que nous célébrons la Solennité de Sainte Scholastique.
Nous ne connaissons de cette Sainte qu’un épisode, que raconte Grégoire le Grand dans ses Dialogues.
Scholastique fut « consacrée dès l’enfance au Seigneur tout-puissant ».
Sœur de Saint Benoît, elle visitait son frère une fois par an.
C’est au cours d’un de ses entretiens – qui se révélera être l’ultime – qu’elle voulut retenir son frère pour poursuivre l’échange.
Benoît refuse sa demande.
Mais Dieu l’exauce : il fit éclater « tonnerre, éclairs et inondation ».
Son secret ? Grégoire nous le livre : « elle fut plus puissante parce qu’elle aima davantage ».
Comme Marie dans notre Evangile, Scholastique a choisi la bonne part, celle d’échanger sur les « joies de la vie céleste ».
 
En ce jour, la liturgie nous donne à penser.
 
Maîtresse de maison, Marthe interpelle Jésus et réclame l’aide de sa sœur Marie.
« Une seule chose est nécessaire… », déclare le Maître.
Rigoureux dans son observance, Benoît ne veut pas « rester hors du monastère ».
Scholastique insiste et Dieu répond à sa demande d’échanges sur la « vie spirituelle ».
 
De part et d’autre, un souci :
Souci de Benoît de rentrer au monastère et d’honorer l’observance.
Souci de Marthe dans les « multiples occupations du service ».
 
Remarquons que Jésus ne déprécie pas l’hospitalité de Marthe.
De même, Dieu ne discrédite pas l’observance de Benoît.
 
Mais de part et d’autre, notre Dieu ouvre une brèche.
Il creuse un espace.
Il indique un sens, celui de l’amour.
 
Ouverture à l’écoute de sa Parole, dans l’Evangile.
Espace pour l’Amitié spirituelle, dans la vie de Benoît.
 
Pour que, imprégnée de cette Parole, Marie puisse seconder Marthe à la tâche.
Pour que, réchauffé de ces entretiens spirituels, Benoît puisse rejoindre l’observance monastique.
 
En ce jour, Dieu nous partage son désir.
Il veut nous soulager, nous libérer…
Jésus veut soulager Marthe non de son service, mais de ce qui lui ôte sa joie et son rayonnement.
Jésus veut libérer Benoît d’une observance qui l’éloigne de Dieu en le séparant de sa sœur.
Notre Dieu désire que nos activités ne nous empêchent pas de vivre l’essentiel de l’instant présent.
 
« Marie a choisi la meilleure part », dit Jésus.
Scholastique a choisi la meilleure part, pourrait déclarer Dieu dans l’écrit de Grégoire.
 
S’il s’agit d’un choix, il doit y avoir place pour une liberté…
Accepterons-nous de relire nos activités et notre observance à l’aune de l’amour ?
Notre Dieu nous y invite !

Sr Marie-Jean 

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