dimanche 15 avril 2012

Deviens croyant

15 avril 2012 : 2ème dimanche de Pâques, B
 
Huit jours après Pâques, nous sommes au jour de l’octave de Pâques. Comme dans la tradition juive, les grandes fêtes durent huit jours. Huit jours comme les jours d’une semaine complète plus un jour, le jour où tout est achevé et où tout recommence. Huit jours comme le temps qu’il a fallu pour Dieu pour créer le monde, y compris le jour du Sabbat où il n’a rien fait et le huitième jour où il a tout repris et renouvelé en son Fils : le huitième jour est le jour de la nouvelle Création, le jour chrétien par excellence, le jour de notre naissance en Dieu.
Traditionnellement, en ce huitième jour, les nouveaux baptisés de Pâques, qui ont gardé leur vêtement blanc pendant toute la semaine, viennent le déposer dans l’église. Comme pour signifier que leur immersion dans la lumière a duré le temps d’une semaine, le temps d’être entièrement créés et recréés. Sommes-nous bien conscients de la grâce de notre baptême ? Une grâce d’immersion dans la vie nouvelle du Ressuscité.
« Huit jours » : par cette symbolique, nous comprenons que chaque dimanche est une fête de Pâques. C’est d’ailleurs ainsi que tout a commencé pour les premiers chrétiens : avant de fêter la Pâque annuelle, ils ont fêté la Pâque hebdomadaire et chaque dimanche était l’occasion de revivre cette expérience inouïe de la résurrection. Il nous faut peut-être mieux prendre conscience de cela : c’est vraiment la résurrection du Christ qui est le centre de notre foi.
Et ce n’est pas si facile à croire ! Regardez Thomas... Il a manqué le premier rendez-vous et, du coup, il a dû attendre huit jours pour faire à son tour l’expérience du Ressuscité. Huit jours durant lesquels il était invité à croire le témoignage de ses condisciples. Comme il est difficile d’accorder sa foi à quelqu’un qui dit simplement « je témoigne ». Pourtant, nous en sommes tous là. Nous voudrions voir Jésus, toucher Jésus, entendre le son de sa voix. Mais si nous le pouvions, croirions-nous davantage ? Depuis le temps des apôtres et des premiers témoins, Jésus ressuscité se rend présent dans nos frères et nous formons tous ensemble le Corps du Christ. C’est ce que l’on voit dans le passage des Actes de Apôtres : « la multitude de ceux qui avaient adhéré à la foi avait un seul cœur et une seule âme et personne ne se disait propriétaire de ce qu’il possédait, mais on mettait tout en commun... » La communion au Christ ressuscité engendre un mode de vie solidaire : c’est dans le partage et dans l’Eucharistie que nous pouvons faire l’expérience du Christ ressuscité. Dans la miséricorde aussi : il nous est bon de nous le rappeler en ce dimanche qui est aussi le « dimanche de la miséricorde ». Car il n’est pas de vie chrétienne possible sans cette miséricorde qui rend la communion fluide. C’est là que nous pouvons toucher le Corps du Christ aujourd’hui.
 
Jésus disait à Thomas : « cesse d’être incrédule, sois croyant ». On pourrait aussi traduire : « ne deviens pas incroyant, mais croyant ». Tant il est vrai que la résurrection du Christ est à la fois la chose la plus centrale et la plus difficile de notre foi. C’est là que tout bascule. Beaucoup admettent que Jésus est un homme formidable, qui a eu le courage de ses convictions jusqu’à l’extrême, qui a donné sa vie pour une noble cause... mais en vain. Admettre la Résurrection, c’est encore plus difficile que d’admettre la Passion. On comprend donc ces récits d’apparition du Ressuscité qui nous racontent les doutes, les peurs, les hésitations des premiers témoins. Jésus respecte le temps dont nous avons besoin pour croire. Cela peut durer huit jours ou beaucoup plus. Puis vient le moment où nous osons faire le pas, nous écrier comme Thomas : « mon Seigneur et mon Dieu ! » et recevoir l’Esprit Saint qui fait de nous des témoins.
 
Que la joie de cet Esprit soit avec nous tout au long de ce temps pascal 
Sr Marie-Raphaël 

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