mardi 22 mai 2012

Un homme au coeur de la Trinité


Ascension B actes des apôtres 1,1-11; Ephésiens 4,1-16Marc 16,15-20.

Le Seigneur fut enlevé au ciel
Dans la culture orientale, qui est celle des apôtres, des évangélistes, des premiers chrétiens, il est fréquent d'user d'images. L'hébreu ne connait pas les mots abstraits... il s'exprime donc par des images qui sont le support de la pensée plus que la relation d'un fait historique.
Parler de l'Ascension à propos de Jésus, dire qu'il fut enlevé au ciel c'est exprimer autrement ce que dit st Jean : « l'heure de passer de ce monde à son Père »
Le cardinal Ratzinger, futur Benoit XVI, définit le ciel comme le contact de l'être de l'homme avec l'être de Dieu. Au jour de l'Ascension, l'être de l'homme en Jésus entre en contact avec l'être de Dieu.
Jésus, dans son ascension inaugure d'une certaine manière le ciel car en lui, désormais, tout être humain a accès au ciel qui n'est autre finalement que l'intimité de Jésus avec son Père. Intimité qu'il n'a jamais quittée « Mon père et moi nous sommes uns » mais qui nous est aujourd'hui plus manifestement révélée.
L'Ascension de Jésus, son départ est l'espérance et l'assurance de notre vocation à une vie éternelle. Désormais, en Jésus, il y a un homme au coeur de la Trinité, un homme qui avant de partir nous a livré son corps et son sang pour que nous en vivions, pour que nous devenions ce Corps dont il est la tête,
 
Les Actes des apôtres situent l'Ascension 40 jours après Pâques. Cela nous rappelle les 40 ans du peuple hébreu dans le désert, les 40 jours de Moïse sur la montagne, les 40 jours de Jésus dans le désert avant le baptême... 40 c'est le temps d'un passage à une réalité nouvelle.
Durant ces 40 jours, Jésus s'est manifesté aux siens ; les apôtres et les disciples ont pu reconnaître à la fois qu'il est vivant et à la fois que sa présence est autre... Durant ces 40 jours Jésus leur a parlé du Règne de Dieu.
Difficile pour les apôtres de sortir de l'image qu'ils se faisaient du Messie = celui qui allait restaurer la royauté en Israël. Jésus fait éclater cette espérance juive aux vues trop courtes : le temps sera celui de Dieu et l'espace s'élargira de Jérusalem et des Juifs au monde entier et aux païens...
L'Ascension de Jésus n'est pas une fin c'est une naissance, la naissance des communautés chrétiennes investies de la mission de témoigner du Christ, de sa bonne nouvelle : Dieu est Père, Dieu est Amour et de la répandre dans le monde entier.
Il ne s'agit pas pour les apôtres, ni pour nous, de rester là à regarder le ciel... Cette intimité de Jésus avec son Père, nous avons à la révéler sachant que le Christ est celui qui est, qui était et qui vient. La parole des anges n'est pas l'annonce d'un retour lointain à la fin des temps, elle est l'assurance que le Christ ne cesse de venir par son Esprit qui nous enseigne ses paroles et sa vie.
 
La 2ème lecture nous montre bien que cette naissance et cette expansion des communautés chrétiennes n'est pas une mince affaire, qu'elle réclame de nous une vigilance pour garder le cap vers le ciel.
Paul en effet envisage 3 dangers qui menacent toute communauté, aujourd'hui comme hier.
  • le danger de la discorde d'où son appel à garder l'unité par le lien de la paix rappelant qu'il n'y a qu'un seul corps, un seul Esprit, un seul baptême.
  • Le danger de la division des ministères au lieu de leur unité dans la diversité. Chacun a reçu un don particulier non pour s'en glorifier, mais pour ensemble bâtir le Corps du Christ.
  • Le danger des dérives de la pensée qui seront déjouées dans la recherche conjointe de la vérité et de l'amour.
 
« Tout homme qui croira et se fera baptiser sera sauvé » nous dit Jésus. Il ne s'agit pas d'un jugement entre ceux qui nous appelons croyant et non croyants... Il s'agit d'une responsabilité qui nous est confiée. Nous avons à rendre crédible cette Eglise qui est née à l'Ascension, cette Eglise qui est la visibilité du Christ sur notre terre aujourd'hui, à rendre crédible le ciel, lieu d'intimité avec Dieu.
Célébrer l'ascension du Seigneur, c'est dans la vérité de l'Amour et dans l'amour de la vérité rendre visible le Royaume de Dieu.
Nous ne le pourrons qu'avec l'aide du Saint-Esprit, c'est pourquoi tout particulièrement durant les jours qui nous séparent de la fête de la Pentecôte, nous allons l'invoquer... Non pas qu'il risque d'oublier de venir mais parce que nous risquons de ne pas prendre toute la mesure de cet événement. Invoquer l'Esprit c'est nous préparer à l'accueillir, c'est ouvrir nos coeurs à son action et par là déjà entrer avec le Christ dans l'intimité du Père.

Sr Elisabeth

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