mercredi 25 juillet 2012

Lumière dans des vases d'argile


25 juillet : méditation pour la fête de saint Jacques
 
La première lecture de cette fête convient particulièrement bien à saint Jacques. Surtout si on se rappelle ce qui précède : dans ce beau chapitre 4 de la 2ème aux Corinthiens, Paul évoque le rôle des apôtres à l’égard de la Bonne Nouvelle, parlant aussi de l’accueil qu’on réserve à « l’évangile de la gloire du Christ, lui qui est l’image de Dieu ». Et il poursuit en disant : « Le Dieu qui a dit : que la lumière brille au milieu des ténèbres, c’est lui-même qui a brillé dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de sa gloire qui rayonne sur le visage du Christ. »
Oui, ce passage convient particulièrement à saint Jacques, lui qui a été témoin, avec Jean et Pierre, de la Transfiguration de Jésus, lui qui a littéralement vu rayonner sur le visage du Christ cette gloire de Dieu.
Et cette vision, c’est le trésor dont il est garant. La suite du texte d’applique donc bien à lui aussi :
 « ce trésor , nous le portons comme dans des poteries sans valeur ». Littéralement : « dans des objets de céramique ». Traduire « poterie sans valeur » n’est pas faux, mais cela limite l’interprétation à la dimension du « peu de valeur », alors que l’image renvoie aussi à l’aspect de fragilité. (TOB et BJ : « vases d’argile ») En disant « vase d’argile », on ne se prononce pas autant sur la valeur de l’objet. Il y a à la fois le côté « ordinaire » et le côté « fragile ». Le but est de montrer le contraste avec le trésor qui s’y trouve contenu. En général, on conserve un trésor dans un coffre-fort. Ou bien dans un récipient de valeur, un matériau noble (or, argent, cristal). Si en plus, comme ici, le trésor est une lumière qui rayonne, le contraste porte aussi sur l’opacité de l’argile, qui ne laisse pas passer la lumière. Cela peut nous faire penser à sœur Scholastique, quand elle allait chez le banquier, déposés les quelques sous de son cabas d’où émergeait une botte de poireaux... le trésor dans l’anonymat...
 
Mais par cette image, évidemment, Paul veut nous faire comprendre la logique de Dieu : le trésor qu’il nous confie n’est pas fait pour être enfermé dans un coffre-fort. Et peu importe si notre argile est ordinaire et opaque, ce qui est formidable, c’est qu’elle se voit confier un trésor. L’extraordinaire puissance de son rayonnement n’en est que plus étonnante, plus convaincante. C’est le paradoxe de la vie d’apôtre, de missionnaire, évoqué dans les lignes suivantes : « à tout moment, nous subissons l’épreuve, mais nous ne sommes pas écrasés, nous sommes désorientés, mais non pas désemparés, pourchassés mais non pas abandonnés, etc. ».
 
Saint Jacques en a su quelque chose, lui aussi.  Le fait d’avoir été témoin de la Transfiguration lui est-il monté à la tête ? Ou était-ce une manœuvre de sa maman, si fière de voir que Jésus faisait de ses deux fils des confidents particuliers ? En tout cas, d’après l’évangile, il se voyait déjà, avec son frère, « premier ministre », assis à la droite ou à la gauche de Jésus dans son Royaume... Il avait de l’ambition, ce cœur ardent, ce « fils du tonnerre ». Jésus n’a pas refoulé cette ambition un peu déplacée. Il connaissait le vase d’argile de Jacques auquel il confiait son trésor. Il ne l’a pas méprisé dans sa demande, mais il a saisi l’occasion pour lui faire faire un pas de plus. L’ambition, en soi, n’est pas mauvaise, mais elle ne doit pas se tromper de but. « Vous ne savez pas ce que vous demandez ». Jésus réoriente le zèle des deux frères (et le regard des dix autres) en leur faisant comprendre ce que signifie vraiment « être assis à la droite ou à la gauche » du Fils de Dieu. « Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude ». Et de fait, après la lumière de la transfiguration, Jésus fera de Pierre, Jacques et Jean également les témoins proches de la ténèbre de son agonie.
Lumière dans les vases d’argile.
Ainsi formé par le Maître, transfiguré par lui, Jacques a pu aller à l’extrême du témoignage de son amour pour lui : le martyre.
Offrons à Dieu nos vases d’argile, nos existences pétries de terre, opaques, fragiles et ordinaires, mais traversées de l’intérieur par la lumière de sa gloire qui franchit les barrières de nos opacités et nous transforme peu à peu en son image : celle du Fils de l’Homme venu servir et donner sa vie.

Sr Marie-Raphaël 

dimanche 15 juillet 2012

Annoncer le Royaume

Méditation pour le 15ème dimanche du temps ordinaire, année B 
Béni soit Dieu, Père de notre Seigneur Jésus-Christ ! Il nous a destinés à devenir pour lui des fils par Jésus Christ voilà ce qu’il a voulu dans sa bienveillance à la louange de sa gloire...  Voilà le chant de joie que saint Paul nous offre en ce jour ! Voilà la révélation du projet du Père pour notre terre, pour notre humanité ! Voilà ce qu’il s’agit de vivre et d’annoncer !
 
Oui, aujourd’hui, la liturgie nous invite tous et chacun à une existence prophétique : oui, aujourd’hui, nous sommes invités à vivre et annoncer ce chant de joie qui éclate au cœur de Paul, nous sommes invités à le répandre : tous et toutes nous sommes enfants bien-aimés de Dieu.  
 
Comment l’annoncer ? non point en se désignant soi-même prophète, mais en accueillant notre mission, en la recevant de notre vocation baptismale elle-même. Oui, le baptême fait de nous tous, des prophètes ! Si vous ne me croyez pas, allez relire le rituel du baptême, la parole qui accompagne l’onction d’huile nous dit qu’elle est faite « pour que tu demeures éternellement membre de Jésus Christ, prêtre, prophète et roi. » 
Mission de tout croyant donc ! et comment allons-nous vivre cette mission ? l’Évangile reçu aujourd’hui nous en parle :
 
IL s’agit tout d’abord de se laisser envoyer par Jésus, deux par deux. On ne décide pas sa mission, on la reçoit ! La mission est un envoi, il s’agit de se laisser déraciner, d’aller à la rencontre... d’accepter de faire route ! Dans tous les sens du terme !
Deux par deux, pas question de commencer son petit apostolat personnel, pas question de devenir propriétaire de ses œuvres, de sa mission. Il nous faut vivre en Eglise. Deux par deux, ainsi déjà dans la mission, nous sommes invités à vivre la rencontre, le partage : pour annoncer la vie du royaume, il faut la vivre !
Deux par deux, dans le soutien fraternel, dans le respect, dans l’accueil de la différence qui devient richesse.
Deux par deux, ce n'est pas une invasion, une croisade, mais un petit nombre... le minimum pour former communauté...
Recevoir pouvoir sur les esprits mauvais...  Les esprits mauvais ? des petits démons avec de jolies cornes et une queue fourchue ? ce n’est plus de notre époque direz-vous... mais l’esprit de jalousie, de pouvoir, de rapacité, de violence, de mépris... qui oserait dire qu’il n’y a plus lieu de les combattre ? comment ? avec la force de l’Evangile ! C’est pour ce combat que Jésus nous envoie !
Ne rien emporter pour la route, si ce n’est le bâton et les sandales !C'est-à-dire seulement ce qui aide à avancer, à faire route !
Ne pas emporter pain, sac, monnaie, ni tunique de rechange !  Qui de vous fait ainsi ses valises ? Pourquoi cette invitation à marcher les mains vides ? Lorsque Jésus envoie annoncer le royaume, il envoie proposer une bonne nouvelle, non point imposer. Donc pas de séduction, n’allez pas encombrer de vos dons ceux à la rencontre desquels vous marchez ! Vous venez porteur de l’Evangile ? il vous invite à la communion, alors tenez vous humblement, reconnaissez dans l’autre, quelqu’un qui a aussi quelque chose à vous donner, à partager !
En vous accueillant, votre hôte aura déjà un goût du royaume qui est dans le partage et le don.
 
Guérir les maladies ... ah , comme nous aimerions avoir une baguette magique, pour enlever tous les maux dont souffrent tant d’hommes, de femmes, d’enfants. Et nous sommes démunis si souvent ! Mais, il y a déjà tant de maux que nous pouvons soulager par notre humble présence, par la confiance, l’écoute, le partage... les disciples de leur temps, n’ont pas guéri toutes les maladies, Jésus non plus... nous ferons comme eux, guérissant ce qu’il nous est donné de guérir.
 
Le Royaume est manifestation de la bonté de Dieu au milieu des hommes, notre bonté en sera reflet et témoignage, la bonté de ceux et celles qui nous accueille, en sera saveur et goût !
 
Annoncer le Royaume, c’est aussi révéler aux uns et aux autres, le bien qui est en eux !
 
Allons, soyons prophètes, révélons les uns pour les autres, ce goût du Royaume, déjà présent, en la table eucharistique, déjà présent en chaque geste, en chaque parole d’humanité ! 

Sr Thérèse-Marie 

mercredi 11 juillet 2012

Qu'est-ce qu'il y aura pour nous?

Solennité de Saint Benoît (2012)
   
« Voilà que nous avons tout quitté pour te suivre :
alors, qu’est-ce qu’il y aura pour nous ? »
 
Cette question de Pierre que nous rapporte l’Evangile selon Saint Matthieu offre une belle porte d’entrée pour célébrer notre bienheureux père et fondateur Saint Benoît.
 
« Qu’est-ce qu’il y aura pour nous ? »
Dans le livre des Proverbes, un maître de sagesse invite son disciple :
« accueille mes paroles… garde mes préceptes… incline ton cœur vers la vérité »
Que lui propose-t-il ?
« si tu demandes le discernement, si tu appelles l’intelligence…
si tu creuses comme un chercheur de trésor…
alors tu comprendras la crainte du Seigneur, tu découvriras la connaissance de Dieu »
Par ces conseils, un chemin est frayé, une voie est balisée.
Cette proposition du sage est certainement une des sources de la Règle bénédictine.
On y retrouve l’appel du Prologue, où une invitation est pareillement lancée.
Le but à atteindre est identique de part et d’autre : la crainte du Seigneur, autre nom de l’amour, et la connaissance de Dieu.
En cette fête de Saint Benoît, cet extrait du livre des Proverbes synthétise le projet monastique.
Sur ce chemin, le disciple n’est pas livré à ses seules forces, il ne parcourt pas seul la route proposée.
Le maître le rassure :
« Dieu tient en réserve son secours, il est un bouclier pour ceux qui suivent la bonne route, il protège les sentiers de la justice, il veille sur le chemin de ses amis… »
Le disciple n’a donc rien à craindre !
En suivant cette route, il accédera au bonheur…
Tel est le message du Premier Testament.
 
Le psaume graduel proposé en ce jour par la liturgie ne nous étonnera guère, puisque le psaume 33 est particulièrement cher à Benoît.
Il y est aussi question de bonheur, d’un bonheur lié à Dieu :
« Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur !
Heureux l’homme qui s’abrite en lui ! »
 
Et dans l’Evangile, nous découvrons la question que Pierre pose à Jésus :
« Qu’est-ce qu’il y aura pour nous ? »
Une double promesse est énoncée :
Aux douze apôtres, d’une part :
« Vous siégerez vous-mêmes sur douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël »
Puis, d’autre part, une autre promesse s’adresse à tous les autres, à « tout homme qui aura quitté »…
« Tout homme » : cette formulation rappelle aussi le Prologue de la Règle qui s’adresse aux éventuels disciples par ces mots « qui que tu sois… ».
 
L’Evangile dit : « tout homme qui aura quitté à cause de mon nom… »
Le Prologue de la Règle dira : « qui que tu sois qui renonces à tes volontés propres afin de militer pour le Seigneur Christ »
 
De part et d’autre, un détachement en vue d’un attachement.
Que nous promet Jésus ?
De « recevoir beaucoup plus et d’avoir en héritage la vie éternelle »
 
Qu’est-ce que ce « plus » dans nos vies ?
On sait que la liste de Matthieu compte parmi les valeurs de tout être humain : la famille et les relations, la profession, les loisirs aussi et les biens matériels.
En cet Evangile, en cette Solennité de Saint Benoît, Dieu nous questionne, chacun et chacune :
« ne veux-tu pas plus que ces biens-là ? »
Certes, Dieu ne dévalue pas l’importance des personnes et des biens dans nos vies…
Lorsque Jésus, lorsque Benoît parle de renoncement, il ne veut pas faire mal, il ne veut pas nous couper de nos énergies vitales, mais il cherche à mieux nous attacher au Christ.
En effet, quand des attachements nous emprisonnent, quand les biens matériels nous obsèdent, ils ne servent pas notre bonheur mais sont un obstacle à une relation vivante avec le Christ.
Alors Jésus nous questionne…
Il veut nous libérer.
Il nous offre sa présence sur nos chemins de vie, pour plus de bonheur, pour déployer notre être, l’unifier, lui donner sa pleine mesure…
Jésus veut nous offrir le centuple !
 
Oserons-nous interroger nos vies, que nous soyons marié, célibataire ou consacré, pour y estimer la place qu’y occupe le Christ ?
Car la promesse de bonheur que nous indiquent les Proverbes, le psaume 33 et l’Evangile, Benoît l’a aussi inscrite dans sa Règle :
Ce que nous recevrons, c’est « ce qu’aucun œil n’a vu, aucune oreille entendu, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment »…
 
« Quoi de plus doux que cette voix du Seigneur qui nous invite » ? 

Sr Marie-Jean

dimanche 8 juillet 2012

Nul n'est prophète en son pays

Méditation  pour 14ème dimanche du TO, B
 
Nul n’est prophète en son pays.
Mais qu’est-ce qu’un prophète ? La première lecture nous en montre un. C’est le début du livre d’Ezéchiel : il y évoque sa vocation de prophète à partir de plusieurs visions. D’abord, la vision grandiose du char de Dieu porté par quatre animaux fantastiques. Ensuite, il y aura la vision du livre (rouleau écrit au recto et au verso) que le prophète devra manger. Cette image illustre puissamment combien le prophète assimile en lui-même (s’identifie à) le message que Dieu lui confie. Il finit par être lui-même message. Il fait l’expérience d’une parole qui s’impose à lui, une parole qui l’investit, une parole qui le dépasse et dont il devient le canal. Il ne peut s’y dérober, même si la tâche est difficile. Car les paroles qu’il a à dire sont difficiles à entendre. Dans le contexte de la déportation à Babylone, il doit interpeller vigoureusement le peuple pour l’appeler à la conversion. Et Dieu l’a prévenu : c’est un peuple de rebelles, un peuple au visage dur et au cœur obstiné. Dieu demande à son prophète de parler coûte que coûte, quelle que soit la réponse, l’écoute ou la non-écoute du peuple. Le prophète n’a pas à se préoccuper de la suite : il doit parler, même s’il a l’impression de hurler dans le vent, de prêcher dans le vide. Cela, c’est Ezéchiel. Devant la difficulté de sa mission, il fait bien souvent l’expérience de sa faiblesse. Il n’est qu’un « fils d’homme ». Mais il ne se décourage pas. Il fait l’expérience que « l’Esprit du Seigneur vient en lui » : il obéit à cette parole qui s’impose à lui et qui le dépasse. Et quand il mange le rouleau, il ressent dans sa bouche un goût de miel.
Paul aussi est prophète. Paul aussi mesure parfaitement la démesure de ce qui lui est demandé. Il connaît les dangers de l’orgueil (être une « prophète de Dieu », il y a de quoi être fier...) Il fait l’expérience de sa faiblesse comme d’une grâce : cette écharde dans sa chair, « un envoyé de Satan qui est là pour me gifler, pour m’empêcher de me surestimer... » Non, ce n’est pas facile d’être prophète, d’avoir à dire une parole exigeante de la part de Dieu, de s’exposer à l’incompréhension, à la résistance, à la moquerie. Mais la faiblesse même de l’apôtre plaide en faveur de la crédibilité de sa parole : cela montre d’autant mieux que la puissance de la parole ne dépend pas de celui qui la dit, mais du Christ qui habite en lui.
Nous ne sommes sans doute pas appelés à être prophètes à la manière d’Ezéchiel ou de Paul. Mais nous faisons parfois l’expérience d’une parole puissante, qui sort de nous  sans venir de nous, qui nous dépasse. Oui, nous aussi, nous sommes parfois prophètes les uns pour les autres. « Tu m’as dit telle chose et cela a changé ma vie. » « Je t’ai dit ça, moi ? ».
Nous pouvons être attentifs à cela : nos paroles ont souvent un impact que nous ne soupçonnons pas. C’est peut-être une grâce. Mais pas un motif pour s’enorgueillir : l’orgueil se glisse partout, même dans les meilleures intentions. Ne pas vouloir « faire les prophètes » les uns pour les autres, mais être attentifs, dans la parole des autres, à ce que Dieu cherche à nous dire à travers eux...
Venons-en, maintenant, à l’évangile. Jésus vient dans son propre pays et s’y comporte comme ailleurs, mais l’accueil qu’il reçoit n’est pas le même. Il y a un double étonnement qui encadre ce récit. D’abord, il y a l’étonnement des auditeurs : « frappés d’étonnement, ils disaient : ‘d’où cela lui vient-il ?’ ». à la fin, il y aura l’étonnement de Jésus : « il s’étonna de leur manque de foi ». L’étonnement des gens de Nazareth provient de ce qu’ils croient connaître Jésus (n’est-il pas le charpentier, le fils de Marie ?) et du fait que le comportement de Jésus ne correspond plus à cette connaissance-là. Ils ont collé sur Jésus une étiquette et ils refusent d’envisager la nouveauté. Oui, Jésus est le charpentier de Nazareth, le fils de Marie, le frère de Jacques etc., mais il est peut-être bien plus que cela. L’étonnement qui peut révéler une ouverture d’esprit, peut au contraire fonctionner comme un étouffoir : refus de la nouveauté, peur de changer de regard, incapacité de reconnaître en l’autre quelque chose que je ne m’attends pas à voir en lui, quelque chose qui peut me surprendre. Du coup, rien, ne se passe. Ou pire encore : du coup, l’hostilité apparaît, parce que l’inattendu de l’autre me « choque », me provoque. Les gens de Nazareth, est-il écrit, étaient profondément choqués à cause de lui. Littéralement : scandalisés. Et dans l’évangile de Luc, le même épisode est poussé plus loin dans ses conséquences : les gens de Nazareth cherchent à tuer Jésus.
Est-ce que nous croyons que Dieu est capable de nous étonner ? Sommes-nous prêts à nous laisser étonner par Dieu ? Si nous pensons déjà tout connaître de lui, si nous sommes trop blessés ou trop critiques ou trop peureux... Dieu aura beau chercher à nous surprendre, il ne se passera rien. Et croyez-moi, cela étonne Dieu que nous soyons comme cela : si peu accueillants, parfois, à la nouveauté de la Bonne Nouvelle.
Mais non, soyons attentifs aux surprises de Dieu ! L’étonnement ne doit pas fonctionner comme étouffoir, mais bien plutôt comme charnière qui ouvre portes et fenêtres. L’étonnement positif.
Platon disait déjà que toute philosophie commence par l’étonnement.
Cet étonnement-là est porche de l’émerveillement, de l’action de grâce. Si nous voulons bien que Dieu nous surprenne aujourd’hui, nous découvrirons sa présence merveilleuse, inattendue, dans les petites choses toutes simples de nos vies. Oui, soyons comme des enfants qui aiment les surprises. Et nous entendrons la voix des prophètes. Et nous étonnerons le monde qui nous entoure. 

Sr Marie-Raphaël

mardi 3 juillet 2012

Merci Thomas !

Méditation pour la fête de st Thomas ! 
Merci Thomas !
Oui, merci Thomas, notre jumeau à tous, pour cette merveilleuse confession de foi, que nul autre  disciple avant toi n’avait prononcée !
Merci Thomas, pour ton désir de voir Jésus ressuscité afin de croire. C’est toi qui nous vaut une heureuse béatitude, ouvrant le chemin pour notre foi : Heureux ceux qui croient sans avoir vu.
Merci Thomas. Souvent, on sourit en pensant à toi, on se dit : voilà le champion de l’incrédulité. Cela ne t’a pas suffi de fuir avec les autres disciples lors de l’arrestation de Jésus, voilà que tu exiges maintenant des preuves, plutôt que de te fier à la parole de tes compagnons. Mais dans le fond, si on y regarde de plus près, les autres n’avaient pas cru la parole des femmes annonçant la résurrection.
Merci Thomas, pour ta persévérance. Tu as connu le drame de la mort de ton maître alors que tu avais placé en lui toute ton espérance.  Toi qui voulais toujours aller avec lui, toi qui t’étais avancé et avait encouragé les autres disciples, à partir avec Jésus pour visiter Lazare, en disant courageusement : « Allons-y, nous aussi, pour mourir  avec lui ».
Tu étais dans la souffrance et le désarroi face au supplice et à la mort de Jésus, et à la différence des autres disciples claquemurés dans leur peur, tu as quand même risqué tes pas, hors du Cénacle, tu as osé quitter cette pièce où les portes étaient verrouillées pour continuer à vivre en plein vent, comme Jésus vous y avait habitués.
Merci Thomas, toi, qui avais ce goût de la route. Lors du dernier repas Jésus avait annoncé qu’il partait préparer une place dans la maison de son Père, et avait ajouté, que vous les disciples vous connaissiez le chemin. Et toi, Thomas tu as voulu plus de précision sur l’itinéraire à suivre : Seigneur, nous ne savons même pas où tu vas, comment pourrions savoir le chemin ?  Et tu as accueilli la réponse de Jésus : Je suis le chemin, la vérité et la vie. Personne ne va au Père si ce n’est par moi.
Oui, merci Thomas. Tu es vrai disciple de Jésus. N’appelait-on pas les premiers chrétiens les adeptes de la voie ? du chemin ?
Plutôt que de rester prisonnier de la peur, tu étais absent du lieu où se tenaient les autres, lorsque Jésus vint. On peut s’en étonner. Pourquoi Jésus n’a-t-il pas attendu ton retour ? Car tu n’avais pas rompu avec la communauté. Tu refusais juste de vivre emmuré dans la peur. Lorsque tu reviens auprès des disciples, je comprends ton désarroi, lorsqu’ils t’ont dit : Nous avons vu le Seigneur.  Tu voulais bien suivre ton Maître à la mort, tu voulais bien prendre le risque de sortir de la peur, pour aller le chemin. Mais delà à croire à l’inouï !  Quand on a vu son maître suspendu à la croix, quand on a vu la réalité du supplice, on n’est pas vraiment prêt à croire à la résurrection. Et toi, Thomas, tu préfères assumer la douleur, que de t’illusionner dans un rêve merveilleux.
Tu réclames un chemin pour ta foi, et par là pour la nôtre. Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt à l’endroit des clous, si je ne mets pas la main dans son coté, non je n’y croirai pas.  Et Jésus ne reste pas sourd à ton appel. Il entend ton désir de croire, aussi ardent que ta douleur face à la mort.  Et Jésus t’invite, et nous tous à ta suite : avance ta main, et mets là dans mon coté... Et devant le chemin du cœur ouvert de Jésus, mon cher Thomas, tu t’engouffres. Tu avances bien plus avant dans la foi, en ce merveilleux cri : mon Seigneur et mon Dieu.
Merci Thomas, tu nous ouvres un chemin de foi, pour aujourd’hui. Dans les traces de la douleur du Fils de Dieu, tu découvres son cœur. Dans la confession de sa passion, tu découvres le visage d’un Dieu d’amour qui nous a aimés jusqu’au bout.
Tel est le Seigneur que tu confesses au milieu de la communauté des croyants. 

Sr Thérèse-Marie