dimanche 11 août 2013

Le dimanche de la foi

19ème dimanche dans l'année C
S’il fallait donner un nom à ce dimanche, en fonction des lectures qui nous sont proposées, nous pourrions l’appeler le « dimanche de la foi ».
Relisons ces textes en nous posant la question : « qu’est-ce que la foi ? »
L’auteur du  livre de la Sagesse qui écrit au 1er siècle avant Jésus-Christ, revient sur l’événement fondateur du peuple juif : la sortie d’Egypte.
« La nuit de la délivrance pascale avait été connue par avance par nos pères » dit-il. Non qu’ils avaient la science infuse ou une quelconque vision de l’avenir... Le texte le précise très clairement: « assurés des promesses auxquelles ils avaient cru »...
Promesses de libération que Moïse leur a transmises de la part de Dieu.
Nous apprenons ainsi que la foi n’est pas de l’ordre de la vision, mais de l’écoute : les pères ont entendu une Parole de la part de Dieu et ils y ont cru... La foi les a fait entrer dans une connaissance nouvelle, dans un mode de connaissance qui n’est pas d’ordre intellectuel, c’est une connaissance du cœur....
En accueillant la promesse de Dieu, en mettant en Dieu sa confiance, le peuple se fait partenaire de Dieu dans son projet de libération, on pourrait dire que la foi fait entrer le croyant en connivence avec Dieu. Et cela suscite dans son cœur, une double assurance :
-que Dieu ne tolère pas l’esclavage
-que le pouvoir oppresseur ne peut mener qu’à la mort.
 
Le livre de la Sagesse nous apprend ainsi que la foi qui naît de l’écoute s’affermit dans l’accueil et l’adhésion à une Parole de Dieu et débouche sur une assurance de libération et sur l’expérience du passage de la mort à une vie nouvelle.
 
Et ces mêmes éléments figurent aussi dans la 2ème lecture.
L’auteur de la lettre aux Hébreux relit l’histoire du peuple en mettant en exergue la foi de ceux qui l’ont marquée en commençant par Abraham. C’est un beau chapitre que je vous invite à relire et qui est scandé par cette expression : « grâce à la foi ».
Abraham a entendu un appel de Dieu, il a fait confiance et a marqué son adhésion en se mettant en route, sans savoir où il allait. Il n’avait pas non plus une vision de l’avenir ... mais par sa foi il s’est fait partie prenante du projet de Dieu.
L’auteur nous précise en quoi consiste la connaissance nouvelle à laquelle ouvre la foi : « La foi est le moyen de posséder déjà ce qu’on espère et de connaître des réalités qu’on ne voit pas. »
Fort de cette foi qui concentre son regard sur la promesse, promesse d’un avenir, promesse d’une terre... Abraham traverse la vie présente quasi comme un étranger, en route vers une autre patrie.
Grâce à la foi, Sara accueille ce que toute raison humaine considère comme impossible : elle met au monde un fils dans sa vieillesse et Abraham alla même jusqu’à offrir son fils car il avait au fond de lui la conviction que Dieu est fidèle.
Nous retrouvons un élément important de la foi que nous avions relevé tout à l’heure : elle donne l’assurance qu’en Dieu la vie est plus forte que la mort.
 
L’évangile lui, ne nous parle pas explicitement de la foi mais la parole de Jésus : « Sois sans crainte, petit troupeau, car votre Père a trouvé bon de vous donner le Royaume » ne fait-elle pas écho à l’appel d’Abraham et à la promesse à Moïse ?
Sois sans crainte, n’aie pas peur, (dans la Bible, le contraire de la foi c'est la peur) fais-moi confiance, le Royaume t’est déjà donné. Tu ne le vois pas mais il t’est donné en espérance... Crois seulement et tu possèderas ce que tu espères et tu goûteras déjà la réalité de ce qui t’est réservé dans les cieux... Au point que tout tendu vers ce trésor ton cœur se détachera de ce qui ne peut que vieillir et passer et il sera aux aguets du moindre signe de la présence de ce Royaume. Et comme pour hâter sa venue, il se tiendra en éveil.
Ta foi alors te gardera en tenue de service au milieu de tes frères et sœurs. Parce que la foi, ce n’est pas seulement dans la tête ou dans le cœur, c’est aussi dans les mains ! Donner sa foi au Dieu qui libère, c’est devenir libérateur avec lui ! « Montre-moi ta foi sans les œuvres, dira St Jacques, moi c’est par mes œuvres que je te montrerai ma foi » 
 
 La Parole entendue qui témoigne pour nous de la présence de Dieu au cœur de l’histoire, l’Eucharistie où le Christ prend pour nous la tenue de service, nous invite à sa table et nous partage le pain et le vin de la Vie éternelle, la communion fraternelle qui nous ouvre aux dimensions de l’humanité... voilà des lieux privilégiés où notre foi se fortifie, se partage et en nous tournant vers l’avenir, nous encourage à faire de notre vie et du moment présent un véritable chemin vers le Père.
                            Sr Élisabeth

samedi 10 août 2013

Saint Laurent

Au beau milieu du Temps Ordinaire, en cette fête du martyr Laurent, nous voici projetés en plein mystère pascal.
D’aucuns pourraient poser cette question : comment apprivoiser au quotidien un tel mystère ?
Comment le comprendre en notre aujourd’hui ?
 
Relisons les paroles de Jésus :
« Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ;
mais s’il meurt, il donne beaucoup de fruit… »
Rappelons que Jésus a prononcé ces mots au seuil de la Passion.
Ces propos le concernent donc en premier lieu, comme le laisse entendre le verset précédent, où il déclare :
« L’Heure est venue où est glorifié le Fils de l’homme »
Cette heure de la glorification, c’est l’occasion offerte à Jésus de montrer le poids de son Amour, d’en donner preuve… y compris par une éventuelle mort.
Par l’image du grain de blé tombé en terre, Jésus invite ses disciples à ne pas voir dans cette mort qu’un point final, un départ, un anéantissement, une absence,…
En se comparant au grain, Jésus annonce certes qu’il sera pareillement jeté en terre, mais aussi qu’il donnera beaucoup de fruit.
Une fécondité pourra surgir de cette mort…
 
Si cet horizon de la glorification concerne surtout Jésus, la suite peut nous rejoindre davantage :
« Celui qui aime sa vie la perd ; celui qui s’en détache la garde pour la vie éternelle »
Nous pouvons être interpellés par les oppositions de ces deux versets :
« s’il ne meurt pas / s’il meurt ; il demeure seul / il porte beaucoup de fruits ; aimer sa vie / la haïr (c’est la traduction littérale) ; la perdre / la garder pour la vie éternelle »
 
« aimer sa vie / la haïr » : l’alternative doit être bien comprise.
Ce n’est pas à un désir suicidaire ou masochiste que Jésus fait allusion, mais il se prononce sur la façon dont on mène sa vie : la vit-on pour soi ou pour les autres ?
En somme, est-ce que je considère ma vie comme mienne, une vie que je dois défendre à tout prix et conserver comme si elle se suffisait à elle-même ?
Ou bien est-ce que je veille à ne pas m’y agripper, est-ce que je cherche à m’ouvrir à l’autre, en mourant à ce qui me replie sur moi-même ?
Pour retenir du sable, il faut ouvrir la main ; sinon, le sable s’échappe…
Il en va de même pour notre vie humaine.
Cette vie ouverte, non repliée sur elle-même, Jésus nous annonce qu’elle ne mène pas non plus à une fin ou au néant, mais qu’elle « se maintient pour de bon », « en vie éternelle ».
 
Telle est la question qui peut nous tarauder, nous et tant de nos contemporains : comment réussir sa vie ?
Jésus veut nous offrir une clé…
Et il poursuit :
« Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera »
Pour accéder à une telle vie, Jésus invite à le suivre, c’est-à-dire à l’accompagner, à lui emboîter le pas, lui qui a dépensé sa vie pour ceux et celles qu’il a croisés.
 
Être là où Jésus est, c’est-à-dire être enraciné dans l’Amour du Père, puisant en cet Amour la force de rejoindre tous ceux et celles qui sont sur le chemin.
Jésus n’a pas gardé sa vie pour lui-même… et cette vie ne s’est pas perdue.
Au contraire, elle a porté du fruit et a créé du neuf…
 
Alors, en cette fête du martyr Laurent, Jésus nous questionne :
Que voulons-nous ?
Une vie pour nous-mêmes, bien au chaud, dans le cocooning de nos habitudes… ou bien une vie au grand large, avec un cœur universel, attentif aux autres et à l’Autre, recevant une fécondité que seul notre Dieu peut nous donner ?
Saint Laurent a répondu…
Et nous, chacune et chacun, que répondrons-nous à Celui qui nous invite ?
 
 
Sr Marie-Jean (10 août 13)