lundi 14 octobre 2013

Conversion

Méditation pour le 28ème lundi TO Impaire
 
L’évangile de ce jour est un appel qui nous est adressé.
Certes, il est toujours éclairant de situer un peu le contexte de l’Evangile reçu.
A une génération sans cesse en attente de signes pour croire, Jésus exprime un net refus.
Il fait alors allusion à deux personnages connus du Premier Testament :
La reine de Saba, d’abord, doutait de ce qu’elle avait entendu dire du roi Salomon, puis elle a consenti à changer d’avis, s’est convertie, pour déclarer que Salomon surpasse en sagesse ce qu’elle avait entendu dire de lui.
Le prophète Jonas, ensuite, prêcha seulement une journée dans la grande ville de Ninive (alors qu’il fallait trois jours pour la traverser) et en obtint la conversion de tous les habitants et même des animaux !
La reine de Saba a douté puis s’est convertie.
Les habitants de Ninive vivaient en païens, ils se sont pareillement convertis.
 
Et nous, croyons-nous vraiment en la présence de Jésus, dans nos quotidiens parfois si malmenés ?
Croyons-nous que Dieu nous accompagne, c’est-à-dire marche à nos côtés, nous devance parfois, nous épaule, même si c’est dans le silence ?
Croyons-nous que Dieu veut notre bonheur, plus que nous-mêmes ?
Croyons-nous qu’Il veut nous alléger de tous nos soucis et souffrances, qu’Il nous invite à les lui remettre sans les reprendre ensuite ?
 
Le signe de Jonas, c’est celui d’un chemin de vie, d’un chemin de bonheur, que Dieu ouvre devant nous.
Alors, même si le brouillard ou les intempéries l’obscurcissent encore, balayons nos doutes, un chemin d’Espérance s’ouvre devant nos pas…
 Sr Marie-Jean

dimanche 13 octobre 2013

Reconnaissance

Méditation pour le 28ème dimanche du TO année C 

Chantez au Seigneur un chant nouveau ! avons-nous entendu dans le Psaume de ce jour. Mais pourquoi chanter un chant nouveau ? Le psaume nous dit que le Seigneur a révélé sa puissance… quelle est cette puissance ? ce terme fait peur, on imagine un Dieu fort, écrasant, devant lequel il faut s’effacer… mais est-ce là le Dieu de Jésus ? quelle est la puissance du Dieu de Jésus ? Quelle est cette victoire que nous célébrons dans le psaume ?
 St Paul nous invite à faire mémoire, à nous souvenir de Jésus. Ce souvenir va-t-il donner réponse à nos questions ? Nous souvenir de Jésus, ressuscité. C’est bien ce que nous faisons chaque dimanche… si du moins nous sommes un peu conscients de ce que nous faisons, car comme le dit la chanson : l’habitude nous joue des tours… Oui, nous sommes invités aujourd’hui à redire notre foi, non seulement à la redire, mais à la célébrer, et ce faisant à l’approfondir, à la laisser habiter en nos cœurs, afin d’être nous aussi, dès aujourd’hui des êtres vivants, ressuscités.
 Aujourd’hui, la liturgie nous propose de contempler la guérison, la résurrection d’un lépreux. Un lépreux, à l’époque de Jésus, est un homme maudit, on le tient à l’écart, on l’exclut. Sa lèpre fait peur, et on est persuadé qu’en fait, s’il est lépreux, c’est qu’il a péché. Qui plus est ce lépreux est un étranger. Il est samaritain, hérétique. Cet homme est donc doublement exclu : par sa lèpre, et par son origine…
Nous avons tous fait un jour ou l’autre l’expérience d’être exclu, rejeté… nous avons aussi tous fait un jour l’expérience de notre péché, de notre mal, qui a blessé notre estime personnelle, qui a fait que nous nous sommes exclus parfois nous-mêmes. Et comment avons-nous été relevés ?
Aujourd’hui, l’évangile nous montre 10 lépreux. Ils vivent en dehors du village, conformément à la loi. Ils ont entendu parler de Jésus, ils ont entendu parler des merveilles qu’il accomplit. Ils vont tenter leur chance… ils vont à la rencontre de Jésus. C’est déjà une folle audace. Mais ils restent quand même à distance et ils crient, ils appellent : Jésus, maître, prends pitié de nous. Prends compassion de nous ! Ils l’appellent tout simplement  par son prénom : Jésus, c'est-à-dire Dieu sauve. Ils l’appellent maître, pas au sens d’enseignant, de rabbi, mais au sens de « chef », ils lui reconnaissent un certain pouvoir. Et puis ils font appel à son cœur : prends compassion de nous. Regarde-nous, et que ton cœur en soit bouleversé et tu feras quelque chose pour nous soulager. Voilà leur cri, leur appel. Ne nous rejette pas, agis pour nous.
Jésus a entendu, il répond. « Allez vous montrer aux prêtres ». Une simple parole, aucun geste. Jésus n’est pas allé vers eux, il a respecté la distance qu’ils ont laissée. Il les envoie aux prêtres. Dans la loi juive, les prêtres devaient constater leur guérison, pour les autoriser à réintégrer la société. Jésus leur demande un sérieux acte de foi : ils ne sont pas encore guéris, ils doivent cependant se mettre en route, ce sera leur participation à la guérison. Jésus n’est pas un magicien, il lie son action à celle des hommes, à leur foi. Et les lépreux se mettent en route. Première étape sur le chemin. Croire sans voir. Et agir en fonction de cette foi.
 Et puis, voilà que l’un d’eux, constatant en chemin sa guérison, se retourne, revient. Alors au sens physique, il prend la route dans l’autre sens. Mais peut-être y a-t-il aussi dans ce changement de direction, une conversion, un retournement du cœur. Il tourne le dos au temple pour aller vers celui qu’il découvre plus important que le temple. Se découvrant guéri, en chemin vers Jésus, il glorifie Dieu à pleine voix nous dit l’évangile. Glorifier Dieu... C’est lui donner tout sa place, lui reconnaître toute sa valeur, toute son identité, qui est amour, qui n’est qu’amour.
Il arrive près de Jésus, se jette la face contre terre aux pieds de Jésus. Cette fois, il a osé s’approcher, il est vraiment tout proche de Jésus, il se tient dans une attitude de vénération, de respect, il se fait tout petit devant lui. Et il rend grâce, il fait eucharistie… c’est le même mot. Il y a là plus qu’un simple merci… il y a un échange : Il reconnaît en Jésus, bien plus qu’un chef, ou un guérisseur il reconnaît en lui la présence divine.
Vous voyez tout le chemin. Au début, avec les 9 autres lépreux, il a appelé Jésus « chef », maintenant les autres sont allés au Temple, et lui, il reconnaît en Jésus le nouveau Temple, la présence du Père. Comme lui le lépreux guéri est réintégré dans la société des hommes ; par sa reconnaissance, il réintègre Jésus à sa juste place. Il reconnaît son être, sa mission.
Jésus alors, va plus loin. Il n’a pas voulu mettre la main sur ces lépreux, en se les attachant, il les a envoyés vers les prêtres. Mais cet homme qui est devant lui, à ses pieds, éperdu de reconnaissance, il l’invite à se lever. Il ne veut pas d’un rampant devant lui. Il l’invite à se tenir debout devant lui. Relève-toi. C’est un verbe que l’on a utilisé pour dire la résurrection. Jésus lui partage la puissance de vie du Père. Relève-toi, sois tel que le Père te désire : debout, vivant.Il le veut dans un face à face d'alliance.
Va. Va car tu es libre, car tu as ta mission à vivre. Tu vas vers une vie nouvelle.
Ta foi t’a sauvé. Plus que guéri, cet homme est sauvé, il est entré dans l’univers de la vie divine, il a découvert en Jésus, l’envoyé de Dieu.
 Voilà le chemin de foi, auquel nous sommes conviés ce matin. Nous sommes venus tels que nous étions à cette célébration, avec nos blessures, nos souffrances. Nous sommes venus entendre la parole que Jésus prononce sur nous, une parole qui guérit. Et maintenant nous allons rendre grâce, nous allons reconnaître à Dieu sa place en nos vies, et lui dire merci. Reconnaissons le pain de vie, entrons ensemble dans l’univers de la résurrection, nous sommes sauvés. Et c'est notre joie !
 
Sr Thérèse-Marie

mardi 8 octobre 2013

Marthe, Marthe

mardi de la 27ème semaine du TO imp, 
Méditation après l’évangile : Luc 10, 38-42 : Marthe et Marie
 
Il parait que st Luc était médecin, je ne sais si c’est vrai. Mais on peut en effet être sûr d’une chose à la lecture de cette page d’évangile qui lui est propre, comme médecin des âmes, pour mettre le doigt là où cela fait mal et faire sauter les abcès, il est particulièrement doué.
 
Quand on lit trop vite ce passage d’évangile, on en fait une opposition entre travail, action et contemplation… et c’est parti pour la comparaison, quand ce n’est pas pour la hiérarchie entre les diverses vocations chrétiennes. Alors pour ne vexer personne, on s’empresse d’en faire une lecture toute tissée en compromis, qui vous explique qu’il faut réconcilier en vous les deux femmes, Marthe et Marie,… et résultat on a un évangile tout plat, si plat qu’on peut le glisser sans le moindre problème en toute boîte, et sous toutes les portes… dans tous les cœurs.
Mais n’a-t-on pas alors perdu la saveur de l’Evangile, et l’appel à la conversion qui nous est lancé, comme aux jours de Jonas ? 
 
Je ne crois pas qu’il faille jouer à réconcilier Marthe et Marie, Jésus ne semble nullement s’en soucier, au contraire, permettez-moi de remarquer, qu’il fait plutôt le contraire, il met de l’huile sur le feu ! Il me semble que l'opposition n'est pas entre travail et prière, travail et contemplation, mais entre un coeur pur, ouvert, et un coeur agité, préoccupé, autocentré...
Regardez le texte : Jésus entre à la maison, Marthe met les petits plats dans les grands pour le recevoir, Marie est assise à ses pieds, dans la position du disciple qui écoute la parole. Et du coté de la cuisine cela mousse… non, pas de la mousse au chocolat, mais de la mousse intérieure… Marthe commence à juger la scène très mauvaise. Elle murmure et au bout d’un moment, elle explose. Et admirez la manière : elle ramasse le Seigneur lui-même ! « Seigneur, cela ne te fait rien… » Vlan, un reproche : « non mais, tu es aveugle ?  tu es insensible ou quoi ? C’est gentil de bavarder, de partager ou de roucouler… mais cela ne remplit pas l’assiette ! C’est facile de faire des beaux sermons sur la charité, mais c’est les actes qui comptent ! » Et puisque Jésus laisse tout faire, démissionne, elle, Marthe, va remettre de l’ordre dans la maison. Elle commande à Jésus : « Dis-lui donc de m’aider ! » Si Marie est assise en disciple, Marthe, elle, s’érige en maître, elle accule Dieu à lui obéir, elle s’est mise à la place de Dieu pour décider de ce qui est bien et de ce qui est mal ! Et Jésus au lieu de céder à l’injonction, en rajoute doucement une couche : « Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses. Une seule est nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée ». Avouez, il ne calme pas vraiment le jeu ! Quand Jésus traverse nos vies, comme Jonas a traversé Ninive, il interpelle nos cœurs. Tu veux être servante du Seigneur ? tu fais bien. Mais alors, s’il te plait, laisse-moi te dire, ce dont j’ai besoin aujourd’hui. Jésus monte vers Jérusalem, il va au devant de la mort. Ce jour-là, entrant en la maison de Béthanie, chez ses amis, il est venu déposer un petit peu de son fardeau. Il a trouvé en Marie un cœur qui écoute, qui accueille et réconforte. Toi tu veux aussi accueillir et réconforter ? alors vois le service que le Seigneur attend de toi, ne décide pas, ne juge pas de tout, mais vois ton Seigneur, son attente, son espérance… et vois comment tu y répondras de tout ton cœur.
Le texte s’arrête là… à nous de voir la suite qu’il recevra en notre vie…
sr Thérèse-Marie
 

samedi 5 octobre 2013

Réjouissez-vous

Méditation pour le 26ème samedi du temps ordinaire (année impaire)
 
26e sam TO I : Ba 4, 5…29 ; Ps 68 ; Lc 10, 17-24
 
Dans le Premier Testament, Baruch promettait « la joie éternelle ».
Dans l’Evangile, cette joie est palpable en Jésus : « ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits ».
C’est la joie des disciples, messagers de la Bonne Nouvelle, qui expérimentent la fécondité de leur annonce.
C’est la joie que Dieu veut pareillement déposer au creux de notre cœur.
C’est la joie qu’il veut nous confier pour que nous la répandions sur notre terre.
 
Quelle est-elle, cette Bonne Nouvelle ?
« Personne ne connaît qui est le Père, sinon le Fils et celui à qui le Fils veut le révéler ».
La Bonne Nouvelle, c’est de connaître le Père, accueillir la révélation de Jésus, lui qui n’a cessé de parler du Père.
Connaître le Père, le connaître en tant que Père, tisser un lien avec ce Dieu d’Amour.
Dans le cœur du Père, chacun est unique.
Chacun a une place irremplaçable.
Nous sommes aimés tels que nous sommes.
Telle est bien une des aspirations de chaque être humain de notre terre : être unique pour Quelqu’un et être aimé de Lui.
 
Voici la Bonne Nouvelle : nous sommes, tous et chacun, individuellement, aimés de Dieu.
Cette vérité, Jésus nous la proclame aujourd’hui et nous en rend porteurs, pour tous ceux et celles que nous rencontrerons :
« Réjouissez-vous, parce que vos noms sont inscrits dans les cieux »
  
Sr Marie-Jean