dimanche 13 octobre 2013

Reconnaissance

Méditation pour le 28ème dimanche du TO année C 

Chantez au Seigneur un chant nouveau ! avons-nous entendu dans le Psaume de ce jour. Mais pourquoi chanter un chant nouveau ? Le psaume nous dit que le Seigneur a révélé sa puissance… quelle est cette puissance ? ce terme fait peur, on imagine un Dieu fort, écrasant, devant lequel il faut s’effacer… mais est-ce là le Dieu de Jésus ? quelle est la puissance du Dieu de Jésus ? Quelle est cette victoire que nous célébrons dans le psaume ?
 St Paul nous invite à faire mémoire, à nous souvenir de Jésus. Ce souvenir va-t-il donner réponse à nos questions ? Nous souvenir de Jésus, ressuscité. C’est bien ce que nous faisons chaque dimanche… si du moins nous sommes un peu conscients de ce que nous faisons, car comme le dit la chanson : l’habitude nous joue des tours… Oui, nous sommes invités aujourd’hui à redire notre foi, non seulement à la redire, mais à la célébrer, et ce faisant à l’approfondir, à la laisser habiter en nos cœurs, afin d’être nous aussi, dès aujourd’hui des êtres vivants, ressuscités.
 Aujourd’hui, la liturgie nous propose de contempler la guérison, la résurrection d’un lépreux. Un lépreux, à l’époque de Jésus, est un homme maudit, on le tient à l’écart, on l’exclut. Sa lèpre fait peur, et on est persuadé qu’en fait, s’il est lépreux, c’est qu’il a péché. Qui plus est ce lépreux est un étranger. Il est samaritain, hérétique. Cet homme est donc doublement exclu : par sa lèpre, et par son origine…
Nous avons tous fait un jour ou l’autre l’expérience d’être exclu, rejeté… nous avons aussi tous fait un jour l’expérience de notre péché, de notre mal, qui a blessé notre estime personnelle, qui a fait que nous nous sommes exclus parfois nous-mêmes. Et comment avons-nous été relevés ?
Aujourd’hui, l’évangile nous montre 10 lépreux. Ils vivent en dehors du village, conformément à la loi. Ils ont entendu parler de Jésus, ils ont entendu parler des merveilles qu’il accomplit. Ils vont tenter leur chance… ils vont à la rencontre de Jésus. C’est déjà une folle audace. Mais ils restent quand même à distance et ils crient, ils appellent : Jésus, maître, prends pitié de nous. Prends compassion de nous ! Ils l’appellent tout simplement  par son prénom : Jésus, c'est-à-dire Dieu sauve. Ils l’appellent maître, pas au sens d’enseignant, de rabbi, mais au sens de « chef », ils lui reconnaissent un certain pouvoir. Et puis ils font appel à son cœur : prends compassion de nous. Regarde-nous, et que ton cœur en soit bouleversé et tu feras quelque chose pour nous soulager. Voilà leur cri, leur appel. Ne nous rejette pas, agis pour nous.
Jésus a entendu, il répond. « Allez vous montrer aux prêtres ». Une simple parole, aucun geste. Jésus n’est pas allé vers eux, il a respecté la distance qu’ils ont laissée. Il les envoie aux prêtres. Dans la loi juive, les prêtres devaient constater leur guérison, pour les autoriser à réintégrer la société. Jésus leur demande un sérieux acte de foi : ils ne sont pas encore guéris, ils doivent cependant se mettre en route, ce sera leur participation à la guérison. Jésus n’est pas un magicien, il lie son action à celle des hommes, à leur foi. Et les lépreux se mettent en route. Première étape sur le chemin. Croire sans voir. Et agir en fonction de cette foi.
 Et puis, voilà que l’un d’eux, constatant en chemin sa guérison, se retourne, revient. Alors au sens physique, il prend la route dans l’autre sens. Mais peut-être y a-t-il aussi dans ce changement de direction, une conversion, un retournement du cœur. Il tourne le dos au temple pour aller vers celui qu’il découvre plus important que le temple. Se découvrant guéri, en chemin vers Jésus, il glorifie Dieu à pleine voix nous dit l’évangile. Glorifier Dieu... C’est lui donner tout sa place, lui reconnaître toute sa valeur, toute son identité, qui est amour, qui n’est qu’amour.
Il arrive près de Jésus, se jette la face contre terre aux pieds de Jésus. Cette fois, il a osé s’approcher, il est vraiment tout proche de Jésus, il se tient dans une attitude de vénération, de respect, il se fait tout petit devant lui. Et il rend grâce, il fait eucharistie… c’est le même mot. Il y a là plus qu’un simple merci… il y a un échange : Il reconnaît en Jésus, bien plus qu’un chef, ou un guérisseur il reconnaît en lui la présence divine.
Vous voyez tout le chemin. Au début, avec les 9 autres lépreux, il a appelé Jésus « chef », maintenant les autres sont allés au Temple, et lui, il reconnaît en Jésus le nouveau Temple, la présence du Père. Comme lui le lépreux guéri est réintégré dans la société des hommes ; par sa reconnaissance, il réintègre Jésus à sa juste place. Il reconnaît son être, sa mission.
Jésus alors, va plus loin. Il n’a pas voulu mettre la main sur ces lépreux, en se les attachant, il les a envoyés vers les prêtres. Mais cet homme qui est devant lui, à ses pieds, éperdu de reconnaissance, il l’invite à se lever. Il ne veut pas d’un rampant devant lui. Il l’invite à se tenir debout devant lui. Relève-toi. C’est un verbe que l’on a utilisé pour dire la résurrection. Jésus lui partage la puissance de vie du Père. Relève-toi, sois tel que le Père te désire : debout, vivant.Il le veut dans un face à face d'alliance.
Va. Va car tu es libre, car tu as ta mission à vivre. Tu vas vers une vie nouvelle.
Ta foi t’a sauvé. Plus que guéri, cet homme est sauvé, il est entré dans l’univers de la vie divine, il a découvert en Jésus, l’envoyé de Dieu.
 Voilà le chemin de foi, auquel nous sommes conviés ce matin. Nous sommes venus tels que nous étions à cette célébration, avec nos blessures, nos souffrances. Nous sommes venus entendre la parole que Jésus prononce sur nous, une parole qui guérit. Et maintenant nous allons rendre grâce, nous allons reconnaître à Dieu sa place en nos vies, et lui dire merci. Reconnaissons le pain de vie, entrons ensemble dans l’univers de la résurrection, nous sommes sauvés. Et c'est notre joie !
 
Sr Thérèse-Marie

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