jeudi 11 décembre 2014

Quand Dieu fait toutes choses nouvelles

Méditation pour le 2ème jeudi de l'Avent: (Is 41,13-20; Mt 11,11-15)
Des classements entre petits et grands, de la violence… Bref sur 4 malheureux versets d’Évangile, nous trébuchons déjà deux fois. Encore heureux que la péricope ne soit pas plus longue ! Voilà bien l’évangile qui dérange. Sans doute fallait-il qu'on manque d’évangile sur le Baptiste pour vouloir absolument nous servir celui-ci aujourd’hui.
Dites-moi vous croyez vraiment que Dieu s’amuse là-haut à aligner les hommes et les femmes en petits et grands, plus petits et plus grands… et nous qui espérions qu’enfin serait abolie cette manière plus que déplaisante de classer les personnes. Nous avions déjà une belle espérance d’une nouvelle manière de faire avec la règle de Benoît qui refuse de classer les moines selon leurs mérites, et les classe selon leur entrée. Point. On n’évalue pas, on ne pèse pas. Tu es entré avant donc tu es plus ancien dans la voie monastique, tu as telle place dans le rang des moines…ou des moniales. C’est tout, on ne te dit pas que tu es meilleur ou moins bon pour autant.
Alors cet évangile… avec des plus grands et des plus petits que Jean… Et bien, oui, st Benoît l’a bien lu. Si Jésus parle de plus grand ou de plus petit ici, ce n’est pas pour évaluer un poids de mérites.. mais simplement noter un événement, un avènement qui marque une totale nouveauté. Jean se situe à la charnière d’un monde, il est le dernier de la génération des précurseurs, celui qui a pointé du doigt le Messie. Et ses disciples qui le quitteront pour suivre Jésus vivent l’avènement d’une ère nouvelle. Les grands et petits ici marquent simplement l’échelle du temps. Avec Jésus, une nouveauté inouïe est entrée en notre monde, quelque chose a définitivement basculé. Rien ne sera plus comme avant… Comment allons-nous inscrire cette nouveauté en notre vie ? comment l’Évangile lorsqu’il entre dans nos vies les bouscule-t-il ? Sommes-nous prêts encore et toujours à quitter le légalisme du monde ancien, pour accueillir l’humain Jésus, dont la vie nous dit Dieu ?
Voyons l’autre grincement : Depuis les jours de Jean le Baptiste jusqu’à présent,
le royaume des Cieux subit la violence, et des violents cherchent à s’en em
parer… Allez si on prenait plutôt deux fois l’évangile d’hier, avec Jésus doux et humble de cœur qui nous invite… cela n’irait-il pas mieux ? Bon que veut dire ce verset, comment le comprendre ? Tout d’abord je note qu’il vaut mieux ne pas faire ce que spontanément on a tendance à faire : mélanger tous les évangiles… alors avec Luc on pense de suite que c’est une invitation à la lutte spirituelle nécessaire pour se convertir, et passer par la porte étroite… oui, il faut des efforts pour entrer dans le Royaume. Avec ce passage de Matthieu il me semble qu’on est dans une autre réalité : notons que la violence dont il est question date non point des origines mais depuis les jours de Jean le Baptiste. Alors qu’est-ce que cette violence ? les jours de Jean, ce sont ceux depuis lesquels Jésus a été pointé du doigt comme le Messie. Depuis que Jésus a commencé à annoncer le Royaume, il s’est trouvé au cœur de contradictions, on a cherché à le faire taire, et on finira par le supprimer, ni plus ni moins.
Dans la douceur des chants de Noël, des bougies et de l’ambiance du coin du feu… on court le risque d’oublier que la nouveauté radicale apportée par Jésus, dérange, et que dès le début certains ont voulu l’anéantir pour cette raison. C’est ce que Matthieu tentera de dire d’une autre façon lorsqu’il racontera le massacre de tous les innocents pour être bien certain de ne pas louper Jésus. Alors oui, préparons-nous à célébrer la venue du Seigneur en nos cœurs, en acceptant ce que cela peut coûter comme dérangement. Car il nous faudra avec lui, mettre le pauvre, le petit sur le devant de la scène, et en prendre soin, comme l’annonçait déjà Isaïe : Le pauvre et le petit cherchent de l’eau et il n’y en a pas : moi le Seigneur, je les exaucerai, moi, le Dieu d’Israël, je ne les abandonnerai pas.
S'il y a bel et bien une place à choisir sur la ligne du temps, il y a une option pour les pauvres qui lui est intimement liée, qui lui est radicalement indissociable. Il s’agit de la vivre à la suite de Jésus, doux et humble de cœur, dans la violence des pacifiques.

Sr Thérèse-Marie

lundi 8 décembre 2014

Des nouvelles des Philippines

Bonjour, vous le savez par les médias, le typhon Hagupit (Ruby) traverse les Philippines. Sur l'océan il avait une violence égale à Hayan qui a dévasté Tacloban et toute la région l'an dernier.
Voici les nouvelles reçues ce matin de M Adelaida, prieure des bénédictines à Manille: continuons à soutenir nos soeurs et la population qu'elles aident là-bas. Par notre prière et par notre aide financière, si nous le pouvons (vous trouvez toutes les coordonnées pour faire un don, éventuellement avec attestation fiscale ici)
Voici juste quelques nouvelles concernant le typhon: Tacloban a été épargné. Le typhon s’est affaibli considérablement et a quitté plus rapidement que prévu. Maintenant il vient vers Manille, mais je suis pleine d’espérance, que le Seigneur ne va pas permettre la dévastation de Manille. Peut-être parce que je/nous prions beaucoup pour que Dieu nous épargne ce désastre. Nous croyons qu’il le fait pour nous. Merci beaucoup pour les prières.
Mais au Nord de Samar, où nous sommes actuellement occupées à bâtir une nouvelle mission hospitalière, à Pambujan, le peuple n’a pas eu autant de chances. Il y a eu de fort courants de tempêtes, et de nombreuses personnes ont du être évacuées.. Je ne sais pas combien de personnes sont mortes. Nos sœurs de Tacloban vont aller là demain (8 heures de voiture) pour porter les vivres de secours qu’elles avaient préparés pour Tacloban (mais dont elles n’ont pas besoin maintenant). Le typhon a encore fait du dégât, mais pas au même endroit.
Merci beaucoup pour votre intérêt et soutien continu,
Merci encore pour vos prières
De tout coeur
Sr. Adelaida, osb

mardi 2 décembre 2014

Un pas de communion, pour l'abolition de l'esclavage

Déclaration commune pour l'éradication de l'esclavage moderne
Cité du Vatican, 2 décembre 2014 (VIS).
Voici la déclaration inter-religieuse pour l'éradication de l'esclavage moderne, signée ce matin au Vatican, suivie des noms de ses signataires:
"Nous, soussignés, sommes réunis ici aujourd’hui dans le cadre d’une initiative historique visant à susciter une action spirituelle et concrète de la part de toutes les confessions et personnes de bonne volonté partout dans le monde, afin d’éradiquer de manière définitive l’esclavage moderne dans le monde d’ici 2020. Aux yeux de Dieu (et de nos différentes religions), chaque être humain est une personne libre, qu’il soit garçon ou fille, femme ou homme, destinée à exister pour le bien de tous en toute égalité et fraternité. L’esclavage moderne, sous ses formes de la traite des êtres humains, du travail forcé ou de la prostitution, du trafic d’organes, comme de toute attitude allant à l’encontre de la conviction selon laquelle tous les êtres humains sont égaux et bénéficient du même droit à la liberté et la dignité, est un crime contre l’humanité.
Nous nous engageons aujourd’hui à faire tout ce qui est en notre pouvoir, au sein de nos communautés religieuses et au-delà, pour travailler ensemble pour la liberté de tous ceux qui sont réduits en esclavage et victimes de traite, afin de leur redonner un avenir. Aujourd’hui, nous avons la possibilité, la conscience, la sagesse, l’innovation et la technologie pour atteindre cet impératif humain et moral".
Souscriptions:
de SS le Pape François, chef de l'Eglise catholique romaine.
de SS Mme.Mata Amritanandamayi, représentante de l’hindouisme (Inde).
de la Vénérable Sr.Chân Không, représentant du Grand Maître du bouddhisme Zen Bhikkhuni Thich Nhat Hanh (Thaïlande).
du Vénérable Datuk K Sri Dhammaratana, Grand Prêtre bouddhiste de Malaisie.
de M.le Rabbin Abraham Skorka, Recteur du séminaire rabbinique latino-américain (Argentine).
de M.le Rabbin David Rosen, Président de l'International Council of Christians and Jews (Israël).
du Dr.Abbas Abdalla Abbas Soliman, représentant le Grand Imam Mohamed Ahmed El-Tayeb de l'Université Al-Azhar (Egypte).
du Grand Ayatollah Mohammad Taqi al-Modarresi (Irak).
du Scheik Naziyah Razzaq Jaafar, représentant du Grand Ayatollah Sheikh Basheer Hussain al Najafi (Pakistan).
du Scheik Omar Abboud (Argentine).
de SG Justin Welby, Archevêque de Canterbury et primat de l'Eglise anglicane.
de SE le Métropolitain de France Emmanuel, représentant SS le Patriarche oecuménique.
(source: Vatican information services)

vendredi 3 octobre 2014

Silence, écoute, humilité, le programme du jour

vendredi de la 26ème semaine du TO p, mémoire du Bhrx Columba
Méditation du jour :
Les lectures de ce jour peuvent sembler un peu hard ! Ce n’est pas vraiment une spiritualité à l’eau de rose qui nous est proposée. Mais il me semble que nous pouvons y trouver quelques piliers de notre vie chrétienne, et en cette mémoire de dom Columba quelques piliers de notre vie monastique.
Tout d’abord le livre de Job : le Seigneur s’adresse à Job depuis la tempête. Quelle tempête ? n’est-ce pas la tempête du cœur de Job, celle qui tourmente son cœur devant la souffrance qui s’est abattue sur lui, de manière injustifiée. La tempête du cœur de Job protestant de son innocence, face à ses amis qui lui assènent que s’il souffre c’est qu’il a péché… Lorsque le Seigneur répond à Job, il commence par le rejoindre en son tourment. Et une fois avec Job dans la tempête, il ne lui dit pas : tu es nul, tu as tout faux… il l’appelle simplement à se situer : souviens-toi Job, qui es-tu ? quel est ton point de vue ? peux-tu depuis cette place qui est tienne juger de tout ? Appel à l’humilité… et peut-être plus particulièrement au quatrième degré d’humilité… où le moine embrasse avec patience contradiction, injustice…
La réponse de Job nous pose une deuxième base de vie monastique : il choisit le silence. Un silence qui n’est pas repli, mais effacement devant un mystère qui le dépasse. Un silence qui est accueil de la révélation de Dieu, un silence qui est communion.
Vient alors un extrait de ce magnifique psaume 138. Voyons le chanté par Job aussi bien que par le psalmiste. Il chante sa joie d’être conduit par Dieu, de vivre en sa présence. C’est bien le premier degré d’humilité que nous propose Benoît, vivre sous le regard de Dieu. Et ce regard n’est pas un regard qui juge et condamne ; c’est un regard qui donne vie, qui nous suscite… au point que dans une humilité vraie, le psalmiste peut reconnaître la merveille qu’il est, lui que Dieu a créé, façonné.
On aurait pu arrêter la liturgie de la Parole à cela… et puis voilà que l’évangile arrive avec une espèce de massue, et casse la douceur à laquelle nous arrivions avec le psalmiste. Ouai pour toi Chorazin, Ouai pour toi Bethsaïde… et pas mieux pour Capharnaüm… ces villes de Galilée que Jésus a fréquentées… Jésus pleure sur elles comme il pleurera plus tard sur Jérusalem. Si elles avaient reconnu celui qui les visite… D’où vient qu’elles ne l’ont pas reconnu ? le dernier verset de cette péricope pointe du doigt l’écoute, l’accueil. Un moine du mont Athos disait qu’un moine est sauvé lorsqu’il commence à écouter. Benoît a inauguré sa règle par cette invitation : écoute, incline l’oreille de ton cœur…
Et cette écoute, c’est à la parole qu’il nous faut la prêter, mais aussi aux envoyés de Dieu, à ses disciples, aux frères et sœurs que le Seigneur met sur nos chemins…
Prenons le temps de faire silence, d’écouter au plus profond les paroles que le Seigneur dépose en nous, en notre humanité… laissons les résonner, qu’elles forment en nous un cœur de disciple. Qu’elles nous entraînent à la conversion.
Prière de conclusion
Seigneur, tu nous as façonné des oreilles et tu nous attires à toi. Donne-nous un cœur qui écoute, qui discerne au creux du quotidien tes appels. Ouvre nous à ta venue en nos vies.

Sr Thérèse-Marie

vendredi 18 juillet 2014

Un don de Dieu pour la vie

méditation pour ce Vendredi 15ème semaine du temps ordinaire année paire
( Is 38, 1.... 8 ; Mt 12, 1-8)
Quel visage de Dieu, les lectures de ce jour nous invitent-elles à découvrir et à contempler ?
La première lecture nous relate l’intervention de Dieu dans l’histoire d’un homme, Ezéchias, en proie à la détresse devant la mort qui lui apparaît certaine et très proche.
Détresse qui pousse Ezéchias à crier vers Dieu : « Souviens-toi de moi, souviens-toi de tout ce que j’ai fait ». Et Dieu se laisse toucher par la prière...
La prière fait-elle changer Dieu d’avis ? Pousse-t-elle Dieu à modifier le cours de l’histoire ? Cette manière de voir ne nous met-elle pas à l’aise ? Tant de détresses dans notre monde aujourd’hui, tant de morts prématurées... malgré tant de cris et de prières...
En lisant le texte, je constate que lorsqu’il s’agit de l’annonce de la mort, il est dit : « le prophète Isaïe vint dire à Ezéchias : Ainsi parle le Seigneur, tu vas mourir.... ». Mais un peu plus loin il est dit : « La Parole du Seigneur fut adressée à Isaïe : Va dire à Ezéchias : ainsi parle le Seigneur, j’ai entendu.... »
Certes Ezéchias est atteint d’une maladie mortelle. Isaïe le met devant la réalité : tu vas mourir. C’est la suite logique, c’est la loi de la nature. Ezéchias, se révolte devant ce caractère inéluctable, il crie vers le Seigneur, comme l’ont fait tant de psalmistes, et comme le font depuis des siècles, tant d’hommes et de femmes dans leur aspiration à la vie et au bonheur.
Dieu change-t-il d’avis ou vient-il mettre un bémol à l’affirmation peut-être trop hâtive d’Isaïe ? « Mes pensées ne sont pas vos pensées » dira Isaïe en faisant parler Dieu.
Cette maladie d’Ezéchias, ne serait-elle pas comme celle de Lazare, relatée dans l’Evangile de Jean, une maladie qui ne conduit pas à la mort mais qui est pour la gloire de Dieu ?
Toujours est-il que comme Lazare, Ezéchias verra sa vie prolongée de quelques années, et que si nous regardons le texte parallèle dans le livre des Rois, il est question pour Ezéchias, comme pour Lazare d’un délai de trois jours... Pour nos oreilles chrétiennes, même si Ezéchias comme Lazare connaîtront un jour la mort, ces « 3 jours » ne peuvent manquer d’évoquer pour nous la mort-résurrection du Christ.
Cet épisode de l’histoire d’Ezéchias nous révèle un Dieu pour la vie, un Dieu de Vie.
Dans cette perspective, l’attitude des Pharisiens de l’Evangile nous fait un peu sourire. Elle nous ramène au ras des pâquerettes.
Il s’agit du Sabbat que les disciples sont accusés de violer parce qu’ils arrachent quelques épis de blé pour assouvir leur faim. Pour autant qu’on n’utilise pas la faucille, la loi permet en effet de prendre quelques épis dans le champ du voisin et de les froisser pour les manger. Mais voilà les commentateurs de la loi ont établi une liste de travaux interdits pendant le Sabbat et cueillir des épis en est un.
Que répond Jésus ? Il se place à 2 niveaux.
Tout d’abord, au niveau de la loi elle-même qui fait passer l’assouvissement de la faim avant le respect du sacré.
Mais Jésus va plus loin et sa place au niveau de la conscience qu’il a de sa mission. « Il y a ici plus grand que le Temple ». Sa qualité d’envoyé de Dieu, de Fils de Dieu autorise Jésus à remettre en question les institutions telles que le Sabbat ou le Temple lorsqu’elles ne sont plus conformes à la Volonté de Dieu qui a donné la Loi.
Le Dieu pour la vie, le Dieu de Vie qui nous a été révélé dans la première lecture nous appelle à la Vie et sa loi est une Loi de Vie. Les arrêtés d’exécution qui précisent cette loi et se veulent un guide pratique pour la mettre en application, ne sont que des préceptes humains. Et à ce titre, ils sont toujours à confronter avec le dynamisme originel de la Loi.
Il me semble que ce texte est plus interpelant qu’il n’y paraît à première vue car il met en évidence une grave tentation, qui n’est autre que la tentation d’Adam et Eve : faire son salut par soi-même. La créature s’empare de l’œuvre de Dieu, ici en l’occurrence la loi, et la manipule. Lorsque l’être humain absolutise et sacralise les moyens qu’il juge efficaces pour le salut, il en arrive à craindre tout ce qui peut mettre en péril la sécurité qui lui vient des observances. Il en vient à supprimer sa liberté et celle des autres au profit d’une assurance qui cache mal sa précarité. Il en vient à vendre son droit d’aînesse pour un plat de lentilles...
Jésus nous rend à notre liberté première en nous invitant à faire du sabbat non pas une observance qui nous garantit une justice aussi raide que morte, mais ce qu’il est vraiment, un temps pour Dieu, un temps avec Dieu, un temps où l’être humain libéré des astreintes du quotidien, s’avance librement à la rencontre du Dieu source de vie, source de fécondité. Ce Dieu qui donne sens à notre labeur en en faisant un chemin de vie.
Le Sabbat est un don de Dieu pour la Vie.
Sr Elisabeth

vendredi 11 juillet 2014

Ecoute

Ecoute
Ecoute,
mon fils,
incline l’oreille de ton cœur,…
Prologue de la Règle de Benoît
Aujourd'hui, fête de saint Benoît, patron de l'Europe
Souvent dans les monastères on voit des affiches : « silence » !
En fait ce n’est pas très bénédictin, il faudrait mettre : « écoute » !
Et effectivement si on veut écouter, il faut bien faire silence,
mais pas un silence contraint, fermé, pas un silence bunker !
Pour écouter, il faut s’ouvrir doucement, se faire accueil…
Est-ce là un bon message pour l’Europe d’aujourd’hui ???
Écoute…
Écoute… oui, mais quoi Seigneur ?
Dans le bruit de notre monde, comment veux-tu que j’écoute ???
C’est bon pour les moines et les moniales
qui vivent cachés derrière leurs murs, cela !
Mais pour un citoyen d’Europe ?
Que veux-tu que j’écoute ???
Écoute en descendant au creux de ton cœur,
ma Parole, pain sur la table de chaque jour.
Mais écoute aussi ma voix, au cœur du bruit de ce monde,
ma voix aujourd’hui au cœur de l’actualité…
au cœur de ta vie, au cœur des événements,…
N’écoute pas l’actualité rien que pour trouver quelques intentions de prière,
écoute l’actualité pour y entendre ma voix,
mes cris de bonheur, et mes pleurs,
mon merci et mes appels !
Vite dit…
Généralement on est plus enclin à reprocher à Dieu son silence…
On voit l’innocence massacrée,
on voit les guerres,
on voit les sans-papiers jetés en centres fermés sans ménagements,
on voit la drogue, la violence…
On voit… on voit… à n’en plus vouloir, à ne plus oser ouvrir les yeux…
Ecouter Dieu dans tout cela ?
On dit plutôt : mais pourquoi Dieu se tait-il ?
Quand on ne pousse pas le bouchon jusqu’à dire :
« Pourquoi Dieu permet-il une telle horreur !!! »
Benoît doucement nous lit l’Écriture et nous dit :
Ecoute, mon fils,
Ecoute mon fils, si tu veux bâtir l’Europe,
et en bâtissant l’Europe, bâtir le monde,
car l’Europe est pour le monde,
commence par écouter… en fils !
Tu n’es pas dieu, tu n’es pas le chef, le petit empereur,
tu n’es pas non plus l’esclave,
tu es fils, fille, dans le Fils !
Et si tu écoutes battre mon cœur de Père,
tu y trouveras une multitude de frères et sœurs,
si tu es fils, fille, tu entres dans une grande famille,
et avec le Père, dans le Fils,
tu deviens responsable…
C’est-à-dire celui qui répond !!!
Qui répond à ce qu’il a entendu…
Oui, et si je n’entends pas ???
Ecoute, mon fils, incline l’oreille de ton cœur,
dit Benoît à la suite de la Bible.
Tiens, j’aurais cru que pour écouter Dieu,
il fallait plutôt dresser l’oreille…
la tendre très fort vers le haut,
vous savez comme les oreilles longues et bien droites des ânes !
Et bien non, il faut l’incliner, vers le bas, très bas…
vers Celui qui est là tout en bas,
Celui dont l’Écriture nous dit qu’il s’est abaissé,
Celui qui attend notre oui pour laver nos pieds,
Celui qui est descendu au plus bas possible…
à coté du pauvre et de l’humilié,...
Incline l’oreille de ton coeur
vers Celui qui est là partageant le cri du pauvre
pleurant les larmes de silence de l’humilié…
Non, Dieu ne se tait pas !
Non, Dieu ne permet pas la souffrance, il l’endure plus que nous,
et il attend de nous que nous partagions son cœur
il attend présence, consolation, et espérance !
Benoît nous invite à chercher Dieu dans toute notre vie,
non dans les hauteurs, dans les nuages,
mais au plus profond,
en nos cœurs, tels qu’ils sont, là où il demeure,
en ceux et celles que nous côtoyons,
tels qu’ils sont,
dans leur épreuve, comme dans leur bonheur,
dans leur face nord, comme dans leur face sud.
Benoît nous invite à chercher la paix,
non en l’appelant à cœurs perdus,
mais en la bâtissant jour après jour
tout petitement, tout simplement
en recommençant chaque matin, …
sans jamais désespérer…
en nous émerveillant chaque matin du jour nouveau qui se lève
et s’offre à nous
en nous ouvrant aux frères et sœurs qu’il place sur nos routes,
pour bâtir ensemble le Royaume…
Pour que l’Europe soit belle, qu’il fasse bon y vivre,
il nous faut entendre ce cri d’appel de notre Dieu,
en inclinant l’oreille de nos cœurs d’enfants,
en lui chantant l’alléluia de l’espérance
même au profond de la nuit
comme nous le recommande Benoît.
Il nous faut trouvant le Père, devenir frères et sœurs,
dans la prière et l’humble labeur quotidien…
Au nom de toute la communauté, bonne fête à tous !

Sr Thérèse-Marie

dimanche 15 juin 2014

Trinité

Que nous révèle ce mystère d'un Dieu Trinité? 
Que nous dit-il au plus profond?
En Dieu, il y a de l'autre, Dieu n'est pas replié sur lui-même, dans une tristesse narcissique, en Dieu il y a la joie du don, de regard tourné vers autrui.
Dès l'origine en Dieu, il y a de l'autre.
Et ce Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, nous dit st Jean.
Ainsi, au coeur de Dieu, il n'y a pas Dieu, mais l'autre.
Au coeur de Dieu il y a la création, l'humain,
Au coeur de la Trinité il y a un creux, une ouverture...
Tu peux si tu le veux, y être accueilli!
Tu es invité à entrer en cette danse de l'amour.
Tu es l'hôte de la Trinité,
Et la Trinité est l'hôte intérieur, au plus profond de ton cœur
S'établir en la Trinité,
S'ouvrir avec elle à l'humanité entière
Laisser la Trinité élargir nos cœurs
Consentir à cette plaie du cœur qui jamais plus ne se refermera
Pour être tout accueil,
Par Lui, avec Lui, en Lui
Bonne fête à tous

 
Sr Thérèse-Marie

samedi 14 juin 2014

Un oui sans réserve



Méditation pour le samedi de la 10ème semaine du temps dit ordinaire (année paire)
Vous avez appris qu’il a été dit ( entendons : que Dieu a dit) ... Et bien moi je vous dis...
St Augustin commente ainsi : « Dieu a écrit sur les tables de la Loi, ce que les hommes ne lisaient pas dans leur cœur ».
Jésus ne supprime pas la Loi écrite sur la pierre, il la pousse même plus loin : on t’a dit de ne pas tuer, je te dis de ne pas te mettre en colère ; on t’a dit de ne pas commettre l’adultère, je te dis de ne pas regarder avec convoitise ; on t’a dit de ne pas faire de faux serments, je te dis de ne pas jurer du tout....
Jésus s’inscrit dans la pédagogie de Dieu, une pédagogie du chemin. Et depuis Moïse, un énorme chemin a été parcouru, un chemin de conversion où l’on passe du minimum vital pour vivre en société, à un idéal de justice, de liberté, de fraternité.
La Loi donnée par Dieu à Moïse a permis un lent travail de conversion. Au fil des temps, avec l’évolution des exigences morales, la loi s’est affinée, précisée. Jésus s’inscrit dans cette maturation. Il vient accomplir pleinement la Loi, la mener à sa perfection, non pas en ajoutant des prescriptions supplémentaires mais en allant comme rechercher la Loi dans le cœur même de Dieu pour lui rendre son sens et sa dynamique originelles.
Le discours de Jésus sur la montagne est une œuvre de création. L’accomplissement de la Loi, c’est la vie reçue et donnée en plénitude. St Paul le disait aux Corinthiens : « Si quelqu’un est dans le Christ, c’est une création nouvelle : l’être ancien a disparu, un être nouveau est là. »
Un être rappelé à sa beauté originelle.
St Jean nous le dit clairement en mettant ces paroles dans la bouche de Jésus : « Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père et je demeure dans son amour. » Et le commandement par excellence, sr Scholastique nous le rappelait ce matin : « aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés ». Aller toujours plus loin dans l’amour, voilà l’invitation que Jésus nous fait sur la montagne. Aller toujours plus loin dans l’amour pour que vienne le règne de Dieu sur notre terre, pour que le Royaume se construise.
Remarquons que toutes les prescriptions de la Loi, relevées et renouvelées par Jésus concernent toutes nos relations avec les autres. Et ce matin, c’est une relation de confiance qui nous est proposée. Confiance, transparence, authenticité, sincérité... autant de disposition qui rendent inutile et caduque tout serment, tout appel à une autorité fut-elle divine pour accréditer nos engagements.
Marie n’a rien juré, n’a rien promis : elle a offert son cœur et son corps à l’action de l’Esprit dans la confiance. Elle a dit OUI sans plus.
 
Prière de louange
 
Pour le OUI de Moïse qui nous vaut le don de la Loi et l’ouverture d’un chemin de conversion, Seigneur, nous voulons te bénir.
 
Pour le OUI des prophètes qui nous vaut le don de ta présence aimante sur nos chemins et l’invitation à revenir sans cesse à toi dans l’accueil de ton pardon, Seigneur, nous voulons te bénir.
 
Pour le OUI de Marie qui nous vaut le don de ton Fils lui-même et la naissance d’un monde nouveau, Seigneur, nous voulons te bénir.
 
Pour le OUI de Jésus qui nous vaut le don de la VIE en plénitude  Seigneur nous voulons te bénir.
 
Pour le don de l’Esprit qui inscrit en nos cœurs le OUI que tu prononces sur chacun de nous
Seigneur, nous voulons te bénir.
 
Pour le OUI de tant d’hommes et de femmes hier et aujourd’hui, qui nous vaut la joie de construire ensemble ton Royaume, Seigneur, nous voulons te bénir
 
Sr Elisabeth

mercredi 16 avril 2014

Va d'abord te réconcilier avec ton frère

Nous voici au seuil du triduum pascal, le sommet de l’année liturgique. Nous sommes invités à y entrer par le porche de la réconciliation. Partout s'organise des célébrations du sacrement de réconciliation. Dans les communautés de vie, c'est aussi le moment d'une réconciliation communautaire, d'un pardon, d'un merci entre frères et soeurs.
On peut s’étonner de cela, en se disant, mais l’heure est à la contemplation de l’œuvre de Dieu, de la Passion de Jésus. Alors pourquoi maintenant se tourner les uns vers les autres ?
Je crois qu’il n’y a qu’une réponse à cela, enfin, disons, il y en a une essentielle à mes yeux. La voici : si nous contemplons Dieu, si nous nous tournons vers lui, tel qu’il se révèle en Jésus, tel que Jésus nous le révèle : Trinité d’amour, nous sommes immanquablement ramenées à la contemplation de l’humanité au cœur de notre Dieu.La réconciliation fraternelle clarifie le regard.
Dieu est Trinité et au milieu de la Trinité il n’y a pas Dieu. Au cœur de notre Dieu, au centre de son attention, il n’y a pas Dieu, mais sa création, l’humanité. Au cœur du mystère de la Passion de Jésus, visage de la Passion de la Trinité, il n’y a pas Dieu, mais l’humanité.
Si nous contemplons Dieu, par le biais des évangiles tout spécialement, nous sommes invités, pressés, d’entrer dans son regard, dans son amour. Et son souci, son amour, sa gloire, c’est l’homme vivant.
Jésus se donne par amour : amour du Père et amour de ses frères et sœurs, c’est tout un.
Aussi tandis que nous voulons nous laisser renouveler par son amour, en ces célébrations du mystère pascal, tandis que nous voulons renaître à sa vie, nous découvrons, que nous ne le pouvons sans renaître en même temps à notre humanité, à notre fraternité.  
Nos relations humaines deviennent comme les lunettes qui nous permettent de découvrir le visage de Dieu.
Entrer dans le triduum par une telle réconciliation reçoit ainsi tout son sens.
Nous partageons la passion de Jésus, en cherchant à bâtir toujours davantage la fraternité, en nous épaulant les uns les autres, sur le chemin de la vie, sur le chemin de la Pâque. 

Sr Thérèse-Marie 

dimanche 13 avril 2014

Sauve-nous

Avec la foule accourue pour acclamer Jésus nous allons chanter: Hosanna. Autrement dit: Sauve-nous!
Il est bon de s'arrêter, de réaliser quel salut nous appelons ainsi. 
Nous entrons avec tous les chrétiens en cette semaine sainte, la grande semaine de l'année. Ensemble appelons ce salut, et accueillons-le.
Cette semaine n'est pas le temps pour faire pénitence, pour se tourner vers soi, c'est le temps pour s'ouvrir à l'amour de Dieu qui se donne. Contempler dans le récit de la Passion combien Jésus se donne, totalement, à tous, pour tous.
Accueillir cette révélation en toute notre vie.
Découvrir le visage de Dieu que Jésus nous révèle.
Un Dieu qui se laisse livrer en nos mains, un Dieu qui s'agenouille aux pieds des siens pour leur laver les pieds, pour préparer ainsi leur route d'errance devant le scandale de la croix, leur route de résurrection devant la vie jaillie du tombeau, leur route de disciple porteur de la Bonne Nouvelle.
Découvrir le visage de Dieu qui est pardon pour ses bourreaux, qui est soucieux de l'unité de notre humanité.
Se laisser habiter par ce visage, par cet amour.
Tu es chrétien, tu portes son nom, tu portes sa vie.
Belle semaine sainte à toi


Sr Thérèse-Marie

lundi 24 mars 2014

Annonciation

« L’ange du Seigneur fut envoyé par Dieu auprès d’une vierge appelée Marie… » Il l’a trouvée disponible, accueillante. Il est venu lui demander de collaborer à l’œuvre du Père. On comprend qu’elle en a été bouleversée. Beauté de son humilité, qui ose s’étonner, discuter avec le Seigneur : « comment cela va-t-il se faire ? »
« L’Esprit viendra sur toi », lui répond l’ange. Marie se fait tout accueil à l’Esprit.
« Je suis la servante du Seigneur ». Voilà ses titres de noblesse ! Servante ! par avance elle choisit le service tel que le vivra son Fils, Jésus, serviteur de Dieu et des hommes. Par avance elle nous dévoile quel sera son Fils.
Toi, aussi, tu es invité à collaborer à l’œuvre du Père. Accueilleras-tu sa demande ? Ne crains pas, l’Esprit viendra sur toi.
Belle fête à vous

Sr Thérèse-Marie

samedi 15 mars 2014

Aimer... encore et toujours

Méditation pour le 1er samedi de carême
Quand arrive le carême et que l’on fait le tour de ses dispositions, si on dit parfois : moi ce n’est pas possible je ne peux pas jeûner, on se voit difficilement dire : moi ce n’est pas possible je ne peux pas aimer… alors que le Seigneur ne cesse de nous y exhorter. Car ce qu’il demande, il nous le donne. Aussi il faut peut-être veiller à revenir encore et toujours au cœur. Comme le dit st Césaire d’Arles dans un de ses sermons, On ne nous dit pas : Allez vers l’orient et cherchez la charité ; naviguez vers l’occident et vous trouverez l’amour. C’est à l’intérieur de notre cœur, d’où la colère a coutume de nous chasser, qu’on nous ordonne de revenir... Ce n’est pas dans les pays lointains que se trouve ce que réclame de nous le Seigneur : c’est à l’intérieur de notre cœur qu’il nous envoie. Il a placé en nous ce qu’il demande[1]. En ce temps de carême, le Seigneur nous demande de revenir au cœur, c’est là qu’il nous donne rendez-vous. C’est là qu’il a déposé en nous son Esprit d’amour.
Oui, en revenant au cœur, nous vivrons de l’Esprit de Dieu, et la patience l’emportera sur la colère, la bienveillance sur l’envie, l’humilité sur l’orgueil. Si nous respirons du souffle que Dieu a mis en nous, nous aimerons de son amour même.
Que le Seigneur établisse nos cœurs dans le silence pour prier dans le souffle de l’Esprit, en toute vérité : pour nos ennemis, pour les ennemis de l’Eglise, pour les ennemis de l’humanité, les ennemis de Dieu. Que le Seigneur nous donne d'aimer de son amour même.

Sr Thérèse-Marie

[1] Césaire d’Arles, Sermons au peuple, n°39 SC 243, p 229

mardi 4 mars 2014

Souviens-toi que tu es poussière... d'étoile

Oui, souviens-toi que tu es poussière d'étoile,
et que tu retournes au Père des lumières!
Voici un nouveau carême, nous te le souhaitons heureux! Saint Benoît nous recommande de le vivre dans la joie du désir spirituel.
Qu'allons nous vivre avec le Seigneur? Qu'allons vivre avec toute la communauté chrétienne?  Il fut un temps où le carême se déclinait sous le mode : pas ceci, pas cela, pas... pas... et encore pas... C'est vrai qu'il faut des limites, des mesures, mais si au lieu d'attirer l'attention sur les limites on regardait la vie qu'elles balisent. Un fleuve sans berges devient un marécage, un fleuve enfermé dans des murs n'est plus qu'une citerne, un fleuve bordé de deux berges s'appuie sur elles pour prendre son élan et gagner l'océan.
Quelle vie va jaillir, ressusciter en toi, en ces jours de carême? oui, en ces jours, tu es appelé à la vie, à la vie en plénitude, une vie de désir, d'ardente faim et soif de Dieu.
Entre le jeûne, la prière et le partage, ta vie va s'élancer... tu vas goûter le bonheur d'un Souffle Nouveau.
Ecoute la voix qui t'appelle au plus profond de toi.
Entends le chant qui monte : aujourd'hui le Seigneur t'invite, aujourd'hui il t'appelle. Avec lui entre au désert, dans la brûlure du manque, ton coeur s'ouvrira à son amour.
Avec lui, tu graviras la montagne, tu es enfant bien-aimé. Ta vie sera lumière.
Heureux carême pascal à toi 

Sr Thérèse-Marie

mardi 18 février 2014

Un seul pain

Méditation pour le mardi de la 6ème semaine du temps ordinaire (année paire)
Il y a des pages d’Évangile que nous voudrions bien pouvoir arracher… telle celle d’aujourd’hui.
Un sommet dans la littérature d’incrédulité.
 
Nous sommes dans la section de l’Évangile de Marc, dite section des pains. Elle s’achève avec le passage que nous venons de recevoir. On y trouve les récits suivants : le premier partage des pains, la marche sur les eaux, des guérisons à Génésareth, une discussion sur les traditions des pharisiens, la foi d’une païenne, la guérison d’un sourd muet, le deuxième partage des pains, le refus d’accorder un nouveau signe à ceux qui le réclament, et puis le passage d’aujourd’hui qui nous rapporte l’incompréhension totale des disciples.
Les disciples ont eu la chance de côtoyer Jésus, on peut croire que la foi leur être facile. Et bien non : ce passage est un profond et cinglant démenti. Alors que Jésus vient de mettre un terme à la discussion avec les pharisiens devant leur in-intelligence, leur endurcissement[1],… qu’il est monté dans la barque (comprenons l’église) avec les disciples, voilà que l’in-intelligence et l’aveuglement sont à bord aussi ! Et Jésus semble atteint d’une fameuse lassitude :
Pourquoi discutez-vous? Vous ne saisissez pas ? Vous ne comprenez pas encore ? Vous avez le cœur endurci ?
Vous avez des yeux et vous ne voyez pas, vous avez des oreilles et vous n’entendez pas ! Vous ne vous rappelez pas ?
 « Vous ne comprenez pas encore ? »
On a envie de dire : arrête !!! arrête Seigneur !!!
Heureusement le passage suivant sera le récit de guérison de l’aveugle de Bethsaïde.
 
Les disciples d’hier, comme nous aujourd’hui, ont eu besoin de guérir de la cécité de leur cœur, ils ont eu besoin du don de la foi. La foi est parmi les dons merveilleux que le Seigneur nous fait, et ce don demande notre accueil. La foi, il nous faut la demander tout simplement, tous les jours. Et puis la cultiver, comme une bonne semence en la terre de nos coeurs…
Et par définition la foi, ce n’est pas l’évidence. La foi, c’est une confiance sans cesse renouvelée en Celui qui est là, présent à nos vies, même si nous ne le voyons pas, ne le ressentons pas. Aussi prenons un temps de prière silencieuse, pour demander pour nous-mêmes et les uns pour les autres, ce don de la foi. Et pour l’accueillir.
 
Et nous entrerons en confiance, nous ne craindrons plus si nous sommes dans la barque avec un seul pain… pourvu que ce soit le pain essentiel : Jésus, notre Sauveur.
sr Thérèse-Marie


[1] Voir à ce sujet le petit commentaire suggestif de Noël Quesson.