mercredi 29 juin 2016

Connaître la libération



Méditation pour la fête de St Pierre et st Paul, 
Actes 12,1-11 ; Ps 33 2-9 ; 2 Tim 4, 6-8.17-18 ; Mt 16,13-19  


En écoutant ces textes, on finit par se demander s’il faut avoir fait de la prison pour être disciple de Jésus. Les Actes nous rapportent que les autorités politiques viennent de faire décapiter l’apôtre Jacques et emprisonner Pierre. Selon la deuxième épître à Timothée, Paul serait en captivité à Rome.


La prison est-elle le passage obligé du chrétien ? Heureusement non. Ouf ! Mais n’est-ce pas l’expérience de la libération qui peu à peu prend corps en nous et fait de nous des chrétiens ? Le chrétien est celui qui vit la Pâque avec Jésus, et transmet à ses frères et sœurs, cette expérience. En ce jour de jubilé nous pouvons y ajouter l’interrogation : l’expérience de la vie monastique n’est-elle pas aussi expérience pascale ?

Nous pourrions avoir tendance à survoler le récit des Actes, en disant que c’est typiquement de la littérature d’époque, qui se plait au merveilleux. Et que ce n’est plus pour aujourd’hui. Mais si on creuse un peu, n’est-ce vraiment pas d’actualité ?


L’auteur des Actes prend la peine de nous signaler qu’on est dans la semaine de Pâque. Pâque ? Pour nous, célébration de la résurrection de Jésus, à l’époque mémoire de la libération du peuple esclave en Égypte.


Que fait la liturgie en célébrant la Pâque ? elle nous raconte des histoires ? et si en nous racontant des histoires, elle nous donnait des clés pour lire notre histoire ?  


En Égypte, le peuple esclave fuyard, sous la conduite de Moïse, a été confronté à la mort : poursuivi par l’armée, menacé par les flots de la mer...


Pierre est enchaîné, gardé par des soldats.     

Et nous qu’est ce qui nous enchaîne, nous empêche de vivre ? En avançant dans la vie monastique, dans la vie chrétienne, qu’avons-nous découvert comme entraves ?


Pierre dort, c’est la nuit... tiens, n’est-ce pas de nuit que le peuple est sorti d’Égypte ? Et nous qu’est-ce qui fait nuit dans notre vie ?


Une lumière brilla dans sa cellule... une colonne de feu accompagne le peuple. Quelle lumière avons-nous perçues au long de nos vies ? oh parfois de faibles lumerottes… dans le prologue de la règle une voix crie : levons-nous donc enfin, tant que nous avons la lumière de cette vie


L’ange éveilla Pierre et lui dit : « Lève-toi vite » ! En grec deux verbes de résurrection (h;geiren auvto.n le,gwn\ avna,sta). Il lui dit : « Mets ta ceinture et tes sandales ». Le peuple esclave en Égypte mange la Pâque à la hâte, la ceinture aux reins et les sandales aux pieds.


Et Pierre est invité par l’ange, à sortir vite, dans la nuit, en suivant l’ange. « Courons » nous dit st Benoît.


Pour le peuple en Égypte, les eaux se sont fendues, l’armée a été engloutie... Pour Pierre, les portes se sont ouvertes, et les chaînes sont tombées... Au long de la vie monastique, notre cœur se dilate dit Benoît… le Seigneur, peu à peu, lentement mais sûrement nous met au large.


Pierre ne vient-il pas de célébrer la Pâque en vérité ? Non pas comme on raconte une histoire du passé. Mais en faisant lui-même l’expérience de la libération. En vivant la Pâque. Fort de cette expérience, Pierre pourra annoncer la résurrection !


Le psaume nous a fait chanter : de toutes leurs épreuves, Dieu délivre ses amis. Qu’est-ce à dire, sinon qu’à chacun le Seigneur offre un chemin pascal.


Paul dans sa lettre qui est comme un testament atteste de l’expérience de libération qu’il a connue tout au long de sa mission d’apôtre. Il parle des difficultés de la mission, mais avec la certitude que la puissance de résurrection du Seigneur est à l’œuvre.


Alors comment relire l’Évangile en ce contexte ? Pierre au nom des disciples a répondu à la question de Jésus : « Pour vous qui suis-je ? ». Il a confessé la foi, sur laquelle reposera l’Église : « Tu es le Messie, le Fils du Dieu Vivant ! ». Jésus lui annonce alors qu’il lui confiera les clés du Royaume. Il ne les lui confie pas au moment même. Mais il lui annonce sa mission future. Sur le moment même, Pierre a une connaissance encore un peu théorique de Jésus. Il sait qu’il est messie, fils du Dieu vivant.



Lorsque Pierre aura fait l’expérience d’être libéré, pardonné, sauvé, comme il en a fait l’expérience dans le regard de Jésus au soir du reniement, comme il en a fait l’expérience au bord du lac un matin pascal, comme il en a fait l’expérience en sortant de prison, alors il sera invité à partager à ses frères et sœurs, cette puissance de libération, don du Ressuscité.


Je te donnerai les clés... je te donnerai d’aider tes frères à connaître cette libération, cette pâque, en leur vie !


N’est-ce pas à ce partage pascal que nous sommes invités au fil des jours, notre profession monastique, comme notre vie de baptisés est un appel à vivre la Pâque toujours plus avant.

dimanche 19 juin 2016

Pour vous qui suis-je?

Telle est la question que Jésus nous adresse aujourd'hui, comme il l'a adressée à ses disciples au jour d'autrefois. Pierre a répondu : tu es le Christ, le Messie de Dieu.
Christ, autrement dit Messie, celui que le peuple attendait, celui qui allait sauver, délivrer le peuple.
Et toi, pour toi, qui est Jésus?
Peut-être faut-il descendre en soi, longuement, accueillir nos fragilités, nos faiblesses, nos blessures, accueillir nos rêves, nos désirs les plus beaux et les plus fous.
Peut-être faut-il descendre en soi, et mesurer notre impuissance à sauver notre vie, notre monde, pour pouvoir enfin, en vérité, s'ouvrir à Jésus, en reconnaissance en lui, le Sauveur, envoyé par le Père.
Peut-être nous faut-il alors simplement ouvrir les mains, ouvrir notre coeur dans la prière, pour que de cet accueil jaillisse notre réponse, humble et sincère. Tu es mon Sauveur, aujourd'hui. Tu réponds au désir qui du plus profond crie vers Toi, Seigneur, Dieu vivant.

beau dimanche à chacun, avec Lui, Jésus Sauveur.